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Décès de Ken Dryden: le monde politique rend hommage à un «parlementaire dévoué»

La nouvelle du décès de l'ancien gardien de but du Tricolore a secoué bien plus que le monde sportif.

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Ken Dryden et les membres de l'équipe canadienne de la Série du sommet de 1972 sont honorés à la Chambre des communes, à Ottawa, le jeudi 22 septembre 2022. (Patrick Doyle/La Presse canadienne)

Un politicien curieux, dévoué et «profondément gentil». C'est ce dont se souviennent plusieurs membres de la sphère politique qui ont rendu hommage samedi à la légende du Canadien de Montréal Ken Dryden, qui a aussi été ministre libéral au début des années 2000.

La nouvelle du décès de l'ancien gardien de but du Tricolore a secoué bien plus que le monde sportif. 

La direction du Tricolore a annoncé le décès de son ancien joueur peu après 0 h 30 samedi matin. M. Dryden s'est éteint à l'âge de 78 ans, vendredi, à la suite d'un combat contre le cancer.

Le premier ministre Mark Carney n'a alors pas tardé à réagir à la nouvelle, rendant hommage à la «légende du hockey canadien, membre du Temple de la renommée, homme au service de l’État et source d’inspiration».

M. Carney a d'ailleurs expliqué que c'est grâce à Ken Dryden qu'il est devenu gardien de but, «même si je n'ai jamais réussi à maîtriser son talent pour s'appuyer sur son bâton, et encore moins pour empêcher la rondelle d'entrer dans le filet».

Revenant sur les exploits du numéro 29, qui a remporté six fois la coupe Stanley et cinq fois le trophée Vézina du meilleur gardien, M. Carney a aussi parlé d'un «parlementaire dévoué».

«Sa carrière après le hockey a démontré l’importance du service public. Rares sont les Canadiens qui ont tant donné, ou qui se sont autant distingués, pour notre pays», a souligné M. Carney dans son message sur X.

En effet, Ken Dryden s'est lancé en politique fédérale en 2004 sous la bannière du Parti libéral du Canada (PLC) et a été élu député de la circonscription de York-Centre, dans la région de Toronto.

Il a alors été nommé ministre du Développement social au sein du cabinet du premier ministre Paul Martin, un poste qu'il a occupé jusqu'en février 2006.

Cette année-là, il a essayé de briguer la chefferie du PLC, qui avait finalement été remportée par Stéphane Dion.

Lors de ses premiers pas en politique, un autre député faisait aussi son entrée à la Chambre des communes. Il s'agissait de l'ancien ministre fédéral Pablo Rodriguez, qui venait d'être élu dans la circonscription d'Honoré-Mercier.

Il s'est souvenu de s'être senti «privilégié» de pouvoir côtoyer celui qui était accueilli comme un «héros dans le caucus».

«Ken, c'était un géant à tout point de vue. Il l'était sur la glace, mais il était aussi physiquement très grand. Il dégageait à la fois une énorme force, mais aussi une énorme gentillesse. C'était quelqu'un qui était profondément gentil», a raconté M. Rodriguez en entrevue à La Presse Canadienne.

Généreux de son temps

Pablo Rodriguez, qui a côtoyé M. Dryden de 2004 à 2011 à la Chambre des communes, s'est rappelé qu'il était surtout toujours prêt à prendre le temps de s'asseoir avec ses collègues, mais aussi d'échanger avec les citoyens.

Il s'est notamment remémoré une visite que les deux hommes ont effectuée à l'aréna d'Anjou, où «tout le monde l'arrêtait pour parler de la série du siècle, du Canadien, de son masque, de sa façon de se tenir sur son bâton».

«Les gens voulaient parler de tout, sauf de politique avec lui», a raconté en riant celui qui est désormais chef du Parti libéral du Québec.

L'ancien chef de cabinet de Ken Dryden s'est rappelé qu'il prenait toujours le temps d'écouter ceux qu'il rencontrait lors de ses nombreux déplacements partout au Canada.

«Il était vraiment un homme très très curieux, très gentil, il était intéressé dans tout ce qui se passait autour de lui, mais c'est vraiment sa curiosité qui m'a marqué le plus je pense», a mentionné Mark Watton.

«Quand on repense à tout ce qu'il a accompli, à son désir et à sa volonté de servir (...), on se rend compte qu'il a consacré énormément de temps à défendre les causes auxquelles il croyait», a-t-il ajouté.

Aussi député dans les mêmes années que Ken Dryden, le ministre libéral Dominic LeBlanc s'est souvenu «avec émotion» des moments passés avec lui à Ottawa.

«Je n'oublierai jamais les moments où il s'est levé pour prendre la parole à la Chambre des communes — assis au pupitre devant moi. Sa réputation emblématique, sa stature physique impressionnante, sa voix portante, ses idées réfléchies et sa personnalité bienveillante lui ont également permis de dominer cette arène», a-t-il témoigné dans une publication partagée sur Facebook.

«C'est un être qui était curieux, il n'hésitait pas à poser des questions. Il avait des positions fermes, ce n'est pas quelqu'un qui allait au gré du vent, mais en même temps il n'hésitait pas à écouter», a précisé Pablo Rodriguez.

Une vague d'hommages

Le premier ministre québécois François Legault a quant à lui mentionné qu'il avait «grandi en admirant Ken Dryden».

«Auteur, député, ministre, il a marqué notre histoire et toute une génération», a-t-il indiqué dans une publication sur X en matinée.

Pour Yves-François Blanchet, le souvenir qui prédomine est celui d'une génération de Québécois qui ont tout fait pour veiller un peu plus tard le samedi soir «et voir si souvent les Glorieux être sauvés par le génie de Ken Dryden, athlète et gentilhomme».

«Il retrouve désormais Guy Lafleur pour se conter des souvenirs de chambre des joueurs, mais ne sera pas oublié ici-bas pour autant», a ajouté le chef bloquiste dans son hommage sur X.

Le dirigeant conservateur Pierre Poilievre a souligné que Ken Dryden était un «grand athlète, un parlementaire dévoué et un fier Canadien».

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a tenu à rendre hommage à «un homme d'exception», dont les «contributions sur et hors de la glace marqueront notre histoire».

- Avec des informations de Sidhartha Banerjee pour La Presse Canadienne

Audrey Sanikopoulos

Audrey Sanikopoulos

Journaliste