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Le rapport de la coroner publié mardi demande à Québec d’enseigner aux nouveaux conducteurs à ouvrir leur portière avec la main droite afin d’éviter les collisions avec des cyclistes.
Cet article est une traduction du contenu de CTV News
La coroner a déclaré que la méthode d’ouverture des portières appelée le dutch reach aurait pu contribuer à prévenir la collision qui a tué un cycliste à Montréal il y a près de deux ans.
Le cycliste Jean-Pierre Lefebvre a été percuté à LaSalle le 6 juillet 2020 vers 18h et a subi un grave traumatisme crânien.
Les ambulanciers ont tenté de réanimer l’homme de 63 ans. Il a été envoyé à l’hôpital de LaSalle où son décès a été constaté vers 19h.
Si Lefebvre est l’une des deux victimes d’incidents mortels causé par une porte d’automobile entre 2015 et 2020, ce type de collision est assez courant à Montréal.
Au cours de cette période de cinq ans, 751 incidents causés par des portes d’automobiles ont été signalés, selon les statistiques de la police de Montréal figurant dans le rapport du coroner. Cela représente une moyenne de 150 par année ou environ un cycliste victime de portière tous les 2 jours et demi approximativement.
Pour cette raison, la coroner Geneviève Thériault a recommandé que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) enseigne aux nouveaux conducteurs à ouvrir leur portière de la main droite afin de favoriser une vérification plus sécuritaire de l’angle mort. Actuellement, cette pratique n’est pas enseignée dans la partie pratique des cours de conduite.
«Il serait bénéfique, à mon avis, d’enseigner l’ouverture de la porte avec la main opposée», écrit Mme Thériault dans son rapport.
«Il est clair que sans la portière de l’automobile, M. Lefebvre ne serait pas tombé et n’aurait pas subi les blessures qui lui ont été fatales. Les accidents de portière sont un problème qui existe depuis longtemps et qui persiste malgré la réglementation et les actions de sensibilisation auprès des automobilistes et cyclistes».
Les responsables de la SAAQ affirment qu’ils intégreront cette technique de sécurité dans leurs programmes d’éducation à la sécurité routière d’ici la fin de l’année.
«Elle est déjà enseignée dans les cours théorique et elle sera intégrée au programme d’éducation à la sécurité routière d’ici la fin de l’année», a annoncé Mario Vaillancourt de la SAAQ. «En tant que conducteurs, nous devons partager la route avec des usagers vulnérables comme les cyclistes».
Ouvrir une porte de la main droite plutôt que de la gauche oblige les conducteurs à ouvrir la porte plus progressivement et à tourner les yeux vers la route derrière eux, ce que les défenseurs du vélo comme Séverine Le Page demandent depuis des années.
«Il est difficile de comprendre pourquoi ils n’enseignent pas encore une méthode aussi simple, car cela fait au moins depuis 2013 que nous savons qu’il a été recommandé par le coroner actuel que c’est une méthode qui devrait être enseignée lorsque les leçons de conduite sont données et notées», a déclaré Le Page, porte-parole de Ghost Bike Québec.
«Je ne sais pas pourquoi on ne l’enseigne pas. C’est tellement facile de se pencher et de cette façon, on peut s’occuper de la sécurité de tout le monde parce qu’il y a tellement de gens qui sont bousillés et tous les cas ne sont pas signalés.»
Le soir de la collision, M. Lefebvre conduisait un vélo à assistance électrique dans une rue où il n’y avait pas de piste cyclable à proximité. Un conducteur qui venait de garer sa voiture a soudainement ouvert sa portière et l’a heurté.
Il a déclaré avoir vérifié qu’il n’y avait aucun danger avant d’ouvrir la portière, mais il est possible que le cycliste se soit trouvé dans son angle mort à ce moment précis, indique le rapport.
La coroner a également recommandé d’imposer une sanction plus sévère aux conducteurs qui ne vérifient pas les dangers avant d’ouvrir leurs portes, une infraction à l’article 510 du code de la sécurité routière du Québec. Les amendes pour cette infraction variaient auparavant entre 30 $ et 60 $ et ont été augmentées en 2018 entre 200 et 300$, mais ce n’est pas suffisant. L’ajout de points d’inaptitude à cette infraction «aurait un effet dissuasif supplémentaire», peut-on lire dans le rapport.
La coroner s’est également inquiétée du faible montant des amendes infligées pour le non-port d’un casque lors de l’utilisation d’une bicyclette à assistance électrique. La loi exige le port du casque pour ces types de bicyclettes, mais les amendes pour ne pas le porter vont de 60 $ à 100 $. Des amendes plus sévères pourraient inciter davantage de personnes à porter un casque, a fait remarquer la coroner.
Elle a toutefois souligné qu’une telle recommandation ne devrait pas imposer un blâme à M. Lefebvre pour ne pas en avoir porté.
«Comme les coroners avant moi l’ont déjà mentionné, déresponsabiliser les automobilistes face aux incidents causés par les portes automobiles et prétendre que les cyclistes doivent simplement être plus prudent lorsqu’ils roulent sur les routes publiques n’est pas une proposition raisonnable», a-t-elle écrit.
«Le port du casque est une mesure de protection en cas de chute, alors qu’il faudrait plutôt agir pour prévenir les chutes causées par les incidents causés par les portières».