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Le candidat à la direction du Parti conservateur Pierre Poilievre s’est joint jeudi à la dernière étape d’une marche menée par un soldat canadien accusé d’avoir dénoncé les exigences de vaccination -- un mouvement qui suscite espoirs et craintes d’une nouvelle vague de manifestations à Ottawa.
Le militaire réserviste James Topp a été accusé en février de deux chefs de conduite préjudiciable au bon ordre et à la discipline, pour des propos tenus alors qu’il portait son uniforme. Il mène depuis quatre mois une marche vers la capitale, depuis Vancouver.
Sa marche a été soutenue par bon nombre des mêmes personnalités impliquées dans le «convoi de la liberté», qui s’est installé dans le centre-ville d’Ottawa pendant des semaines, l’hiver dernier, jusqu’à ce que la police utilise la force pour mettre fin à ce que le gouvernement a décrit comme une «occupation illégale».
L’arrivée de James Topp dans la capitale fédérale et les promesses d’une nouvelle vague de manifestations à partir de la fête du Canada, vendredi, inquiètent les résidants d’Ottawa. Le maire, Jim Watson, et le chef de police par intérim, Steve Bell, ont promis de sévir contre toute activité illégale.
Le député Poilievre a marché jeudi aux côtés de M. Topp pendant environ une demi-heure, après que les deux se soient rencontrés dans le stationnement d’un centre commercial à l’ouest du centre-ville d’Ottawa, peu avant midi, où des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour voir le réserviste de l’armée.
Dans une vidéo, ont voit M. Poilievre rappelant au militaire Topp une citation célèbre de John Diefenbaker sur le fait d’être un `Canadien libre', lorsque le premier ministre conservateur a signé la Déclaration canadienne des droits en 1960. M. Poilievre rappelle ensuite son opposition à l’obligation vaccinale.
Lorsque M. Topp a rappelé qu’il souhaite la réintégration et des indemnités pour tous ceux qui ont perdu leur emploi parce qu’ils refusaient la vaccination, M. Poilievre a déclaré: «Tous ceux qui ont perdu leur emploi simplement à cause de cela devraient retrouver leur emploi, cela ne fait aucun doute».
Les deux hommes ont également parlé des divisions au sein du Canada. Selon M. Poilievre, «les gens ont désespérément besoin d’espoir (…) Je pense qu’il est temps de reconstituer ce pays, de panser les blessures et de réunifier notre pays».
Ils ont ensuite été suivis par environ 200 partisans, dont beaucoup portaient des drapeaux canadiens, des sacs à dos de camouflage et d’autres équipements, alors qu’ils ont marché sur le trottoir d’une rue principale pendant environ une demi-heure avant le départ de M. Poilievre.
L’apparition de M. Poilievre avec le soldat Topp survient alors que le candidat dans la course à la direction conservatrice a été accusé de se rapprocher sans complexe des manifestants anti-vaccins et d’autres groupes associés au «convoi de la liberté».
James Topp a déjà déclaré qu’il n’avait pas l’intention de diriger une occupation de la capitale et a invité la police d’Ottawa à travailler avec lui pour faciliter sa marche prévue à travers la ville jusqu’au Monument commémoratif de guerre du Canada.
Cependant, un organisateur d’un groupe se faisant appeler «Veterans 4 Freedom» a déclaré dans une vidéo publiée récemment sur YouTube qu’il prévoyait de mettre en place un camp semi-permanent à Ottawa appelé «Camp Eagle», et d’organiser des événements dans la ville tout l’été.
Alors que la police a depuis réussi à empêcher des manifestations similaires de prendre le contrôle de la ville, il sera probablement plus difficile en fin de semaine d’empêcher les manifestations devenues incontrôlables, car il y aura probablement des milliers de personnes célébrant la fête du Canada.
Les accusations portées contre James Topp concernent deux vidéos mises en ligne en hiver dans lesquelles le réserviste, en uniforme, critique les exigences en matière de vaccins pour les militaires et d’autres employés fédéraux.
Les membres des Forces armées canadiennes sont strictement limités dans les commentaires qu’ils peuvent faire en uniforme, en particulier lorsqu’il s’agit de critiquer les politiques gouvernementales, en grande partie pour protéger les militaires de toute perception de politisation.
Son avocat prétend que de telles restrictions ne devraient pas s’appliquer aux politiques qui affectent personnellement les membres des Forces armées.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que la police prenait «très au sérieux» sa responsabilité d’assurer la sécurité des personnes pendant les célébrations de la fête du Canada.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a quant à lui appelé ceux qui avaient l’intention de manifester à Ottawa en fin de semaine à respecter la loi. Il s’est dit déçu de voir de telles manifestations revenir dans la capitale fédérale. «Honnêtement, on ne devrait même pas vivre ça. C’est décevant, mais c’est comme ça.»
Près d’une trentaine de députés conservateurs avaient accueilli le soldat Topp et d’autres personnalités du convoi sur la colline du Parlement la semaine dernière. Ils ont posé pour des photos, promis leur soutien et assisté à une conférence sur les prétendus dangers des vaccins contre la COVID-19.
En même temps, M. Topp et d’autres ont soulevé le spectre de guerre civile en décrivant l’état actuel du pays.
Le maire Watson a promis cette semaine que les autorités ne «toléreraient aucune activité illégale de la part de qui que ce soit». La police se dit quant à elle préparée à un certain nombre de scénarios différents et promet de réagir rapidement à toute activité illégale, notamment l’érection de structures.
À la fin du mois d’avril, la Commission de services policiers d’Ottawa a approuvé une demande du chef Bell visant à «emprunter» jusqu’à 831 agents de la Gendarmerie royale du Canada pour prêter main-forte lors de certains événements. Le recours à ces ressources supplémentaires demeure valide jusqu’au 4 juillet.
La Ville d’Ottawa prévient que les véhicules seront remorqués s’ils sont trouvés en violation des règles d’arrêt et de stationnement interdits, bien que l’étendue totale des zones qui seront touchées n’ait pas encore été déterminée.
De nombreux résidants d’Ottawa sont toujours mécontents de la façon dont la Ville et la police municipale ont géré les manifestations de l’hiver dernier. Plusieurs groupes communautaires se sont même regroupés pour lancer une `enquête citoyenne'.