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De nouveaux tarifs sur le bois d’œuvre entrent en vigueur

«C'est beaucoup plus long qu'on le croyait.»

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L'industrie du bois d'oeuvre visée par de nouveaux tarifs américains L'industrie du bois d'oeuvre visée par de nouveaux tarifs américains

Les droits de douane de 10% imposés par Donald Trump sur le bois d'oeuvre est officiellement entré en vigueur mardi; il s'agit du dernier secteur visé par les tarifs souhaités par le président américain afin de protéger, selon lui, la capacité industrielle aux États-Unis.

Comme pour les surtaxes sectorielles précédentes (acier et aluminium, puis automobile et cuivre), la Maison-Blanche justifie ces nouvelles surtaxes par la nécessité de défendre la sécurité nationale.

Le bois de construction importé sera désormais taxé à hauteur de 10% en entrant dans le pays, alors que l'ameublement et les aménagements de cuisine sont concernés par un taux de 25%, avant de passer au 1er janvier à 30% pour les meubles et 50% pour les aménagements de cuisine.

Néanmoins, les pays ayant signé un accord commercial, comme le Royaume-Uni et ses droits de douane de 10% maximum, ou l'Union européenne (UE) et le Japon - 15% maximum -, se voient appliquer le taux plus avantageux entre le sectoriel et le général.

En revanche, les produits provenant du Mexique et du Canada, théoriquement protégés par l'accord de libre-échange avec les États-Unis (ACEUM) selon diverses conditions, devraient se voir appliquer cette surtaxe, en particulier le bois de construction.

Un coup dur pour le Canada, d'où provient environ le quart des importations de bois de construction et qui était déjà confronté, au fil de plusieurs différends commerciaux entre les deux pays, à 35% de droits de douane sur ce matériau, auxquels le taux de 10% viendra s'ajouter, pour atteindre donc 45%.

Cela va «menacer l'emploi de part et d'autre de la frontière et rendre plus difficile la résolution de la crise du logement aux États-Unis», a critiqué en septembre le Conseil du commerce du bois de Colombie-Britannique.

Le ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Jean-François Simard, a expliqué que la situation est difficile, alors que ces impositions de tarifs sont incessantes.

«C'est beaucoup plus long qu'on le croyait. On a mis toutefois plusieurs mesures en place qui fonctionnent très bien», a-t-il lancé au micro de Noovo Info.

De son côté, l'industrie du bois d'oeuvre demande plus de prévisibilité quant à l'année qui se présente.

Le ministre Simard estime qu'un projet de loi est possible d'ici les prochains mois.

Marché immobilier sous tension

Sur le plan intérieur en effet, ces droits de douane «créent des obstacles supplémentaires à un marché immobilier déjà sous tension en augmentant encore les coûts de construction et de rénovation», s'est inquiété le président de l'Association nationale des constructeurs de logements (NAHB), Buddy Hughes.

Un marché qui marque le pas depuis plusieurs mois, entre prix et taux d'intérêts des prêts immobiliers qui restent à des niveaux élevés, alors que l'inventaire reste restreint, même si des logements ont du mal à trouver preneur.

Pour justifier la mise en place de droits de douane sur ce secteur, le président américain a expliqué que le département du Commerce a découvert que «les produits à base de bois sont utilisés dans des fonctions essentielles du ministère de la Guerre, notamment la construction d'infrastructures pour des tests opérationnels».

Un argument qui ne convainc pas M. Hughes qui estime qu'il «omet le fait que le logement est essentiel à la sécurité économique et physique de tous les Américains», appelant à la signature d'accords supprimant les droits de douane sur les matériaux de construction.

En moyenne, ces droits de douane pourraient entraîner une hausse des coûts de construction de 2200 dollars pour une maison, a estimé pour l'AFP Stephen Brown, de Capital Economics.

Quant à l'ameublement, c'est le Vietnam qui pourrait être la principale victime, le secteur représentant près de 10% de ses exportations vers les États-Unis selon M. Brown.

«Les États-Unis importent 27% de ses meubles de Chine et 20% du Vietnam et du Mexique», a-t-il détaillé.

Donald Trump a d'ores et déjà ciblé plus d'une dizaine de secteurs avec des droits de douane spécifiques, certains déjà appliqués comme l'acier et l'aluminium, le cuivre ou l'automobile, d'autres à venir, sans préciser toutefois quand, tels que les produits pharmaceutiques, les films produits à l'étranger ou encore les semi-conducteurs.

Ces droits de douane sectoriels ne viennent pas s'ajouter aux droits de douane appliqués par ailleurs à l'ensemble des produits entrants aux États-Unis et allant de 10% à 50%, selon le pays d'origine.