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D'autres annulations de vols aux États-Unis malgré les menaces de Trump

La frustration monte face à l'augmentation des annulations et des retards de vols dans les aéroports.

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La frustration monte face à l'augmentation des annulations et des retards de vols dans les aéroports américains. Ces perturbations devraient s'aggraver cette semaine et persister même après la fin du blocage budgétaire.

Lundi, le président Donald Trump a exhorté les contrôleurs aériens à «reprendre le travail, MAINTENANT !».

L'Administration fédérale de l'aviation (FAA) a annulé des milliers de vols cette fin de semaine en raison du blocage budgétaire et de l'absentéisme de certains des contrôleurs aériens qui ne reçoivent plus de salaire depuis près d'un mois. Ces derniers invoquent le stress supplémentaire et la nécessité d'occuper un deuxième emploi.

Lundi, Donald Trump a annoncé sur les réseaux sociaux son intention d'accorder une prime de 10 000 $ US aux contrôleurs qui ont travaillé sans interruption et de réduire le salaire de ceux qui ne l'ont pas fait.

Le chef du syndicat des contrôleurs a déclaré qu'ils étaient instrumentalisés à des fins politiques dans le conflit lié au blocage budgétaire.

Dimanche, le Sénat a franchi une première étape vers la fin de la paralysie du gouvernement fédéral, mais l'adoption définitive pourrait encore prendre plusieurs jours. Le secrétaire aux Transports, Sean Duffy, a clairement indiqué la semaine dernière que les réductions de vols seraient maintenues jusqu'à ce que la FAA constate une amélioration des indicateurs de sécurité.

Au cours de la fin de semaine, les compagnies aériennes ont annulé des milliers de vols pour se conformer à l'ordre de supprimer 4 % des vols. Le taux d'annulation devrait atteindre 6 % de tous les vols dans 40 des aéroports les plus fréquentés du pays mardi. D'ici la fin de la semaine, ce taux devrait atteindre 10 % dans ces mêmes aéroports.

Environ 10 % des vols à l'échelle nationale ont été annulés dimanche, ce qui en fait la quatrième pire journée d'annulations depuis janvier 2024, selon les données de la société d'analyse aéronautique Cirium. Même si les compagnies aériennes n'avaient prévu de réduire les vols que de 4 % dans ces 40 aéroports, l'immobilisation des avions et des équipages a des répercussions sur l'ensemble du système.

La colère des voyageurs commence à monter

«Tout cela a des conséquences négatives bien réelles pour des millions d'Américains, et c'est totalement inutile et évitable», a affirmé Todd Walker, dont le vol de San Francisco à l'État de Washington a été annulé cette fin de semaine, l'empêchant d'assister à la fête du 80e anniversaire de sa mère.

Les compagnies aériennes ont annulé 1600 vols supplémentaires pour lundi et près de 1000 pour mardi. Les vols internationaux n'ont pas été affectés.

La FAA a imposé de nouvelles restrictions de vol à compter de lundi, interdisant aux jets d'affaires et à de nombreux vols privés d'utiliser une douzaine d'aéroports où des restrictions sont déjà en vigueur pour les vols commerciaux.

Outre les réductions obligatoires, des retards de vols ont parfois affecté les aéroports du pays depuis le début du blocage. Cela s'explique par le fait que la FAA ralentit le trafic aérien lorsqu'elle manque de contrôleurs dans l'un de ses centres afin de garantir la sécurité des vols.

Le blocage a rendu un travail déjà exigeant encore plus stressant, entraînant fatigue et risques accrus, a indiqué Nick Daniels, président de la National Air Traffic Controllers Association. 

«C’est l’érosion de la marge de sécurité que le public ne voit jamais, mais sur laquelle les Américains comptent au quotidien», a déclaré le responsable syndical lundi.

Certains contrôleurs aériens n’ont pas les moyens de faire garder leurs enfants pour venir travailler, tandis que d’autres travaillent à temps partiel comme livreurs de repas ou même donnent leur plasma pour payer leurs factures, a expliqué M. Daniels. Le nombre de départs à la retraite ou de démissions «augmente de jour en jour», a-t-il ajouté.

Mardi marquera le deuxième jour de paie manqué pour les contrôleurs aériens et les autres employés de la FAA. On ignore combien de temps il leur faudra pour être payé une fois la paralysie administrative terminée. M. Daniels a indiqué qu’en 2019, lors de la paralysie des services publics, il avait fallu environ deux mois et demi aux contrôleurs pour percevoir l’intégralité de leurs arriérés de salaire.

Le gouvernement est confronté depuis des années à une pénurie de contrôleurs aériens, et Sean Duffy a expliqué que la paralysie des services publics avait aggravé le problème, poussant certains contrôleurs à prendre une retraite anticipée ou à démissionner. Avant la paralysie des services publics, le secrétaire aux Transports s’efforçait de remédier à cette pénurie en recrutant davantage de contrôleurs, en accélérant leur formation et en offrant des primes pour fidéliser les contrôleurs expérimentés. 

M. Duffy a averti cette fin de semaine que si le blocage se prolonge, la situation pourrait s'aggraver à l'approche des fêtes de fin d'année, période de forte affluence touristique aux États-Unis. Il a indiqué que le trafic aérien pourrait être fortement réduit d'ici la semaine de l'Action de grâce.