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À Cracovie, dans une pharmacie du quartier Wesola Zachod, une pharmacienne tape sur son clavier d’ordinateur pour vérifier son inventaire de comprimés d’iode.
«Sold out», répond-elle simplement. Il n’y en a plus. Le scénario se répète d’un endroit à l’autre. Tous les pharmaciens interrogés par Noovo Info confirment une forte hausse de la demande pour ce médicament depuis le début de la guerre en Ukraine. Utilisé de manière adéquate, l’iode permet de protéger sa glande thyroïde contre les radiations en cas d’incident nucléaire.
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À la suite de l’attaque russe contre la centrale de Zaporijjia il y a moins d’une semaine, les craintes d’un scénario catastrophique sont bien tangibles au sein de la société polonaise. Désormais contrôlés par les forces russes, le tristement célèbre site de Tchernobyl est aussi privé de courant depuis le 9 mars.
L'abri qui couvre la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. | Crédit photo - Efrem Lukatsky pour l'Associated Press
Les déclarations rassurantes de l’Agence internationale de l’énergie atomique ne semblent pas pour autant convaincre tout le monde. «Dans les jours qui ont suivi l’attaque à Zaporijja, il n’y avait plus rien sur les tablettes. […] Ça s’est calmé, mais plusieurs clients nous demandent encore presque quotidiennement des comprimés, mais aussi de l’iode sous forme liquide», explique Ola, une pharmacienne de Cracovie. «Bien sûr que j’ai peur, mes parents ont peur, car personne ne veut que l’histoire se répète, lance-t-elle. En Europe de l’est, chaque fois qu’il y a une menace nucléaire, les gens commencent à être craintifs. Il y a un traumatisme lié à l’incident de Tchernobyl de 1986. Ils veulent tenter de se protéger et de protéger leurs enfants.»
Un incident nucléaire peut générer un nuage gorgé d’iode radioactif. En utilisant des comprimés, la glande thyroïde se sature d’iode stable (non radioactif) se protégeant donc contre l’élément toxique. En ces temps de guerre, plusieurs pharmaciens s’inquiètent d’une utilisation inadéquate du médicament et de ses effets secondaires potentiellement graves sur la santé du patient.
Pour les dernières nouvelles sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, voyez le dossier Noovo Info.
«Les pharmaciens et le gouvernement polonais ne recommandent pas de prendre de tels comprimés sans en parler avec un médecin ou sans réelle menace. […] Ce n’est pas un médicament miracle. Il faut garder en tête que ça peut être très dangereux pour notre corps d’utiliser une trop grande quantité. Il ne faut pas paniquer», tranche la jeune pharmacienne qui dénonce la désinformation en ligne à ce sujet.
Plus tôt cette semaine, la France a annoncé l’envoi de millions de comprimés à l’Ukraine. Sur son site Web, l’Agence de sécurité nucléaire rappelle aussi que les comprimés d’iode ne protègent pas contre toutes les formes de radiations et que d’autres mesures doivent être mises en place pour assurer sa sécurité. Lors de l’incident nucléaire de Fukushima en 2011, les autorités japonaises avaient aussi recommandé l’utilisation de comprimés d’iode pour tenter de diminuer les impacts sanitaires de la tragédie.