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Il faudra construire au moins 560 000 nouvelles habitations d'ici à 2034.
Le gouvernement caquiste a présenté jeudi sa stratégie pour résorber la crise du logement, mais sans nouveau financement.
Il faudra construire au moins 560 000 nouvelles habitations d'ici à 2034 pour répondre à la demande, a indiqué la ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, en conférence de presse à Trois-Rivières.
«La crise du logement est importante depuis plusieurs années, l'offre est insuffisante», a-t-elle reconnu, en évoquant notamment une immigration massive.
«La demande s'est amplifiée, entre autres avec l'arrivée massive de demandeurs d'asile sur notre territoire.»
Environ 3,7 milliards $ devraient être investis dans les cinq prochaines années pour rendre le logement plus abordable et aider les ménages dans le besoin, sur les 6,3 milliards $ d'investissements prévus par la CAQ depuis 2018.
Questionnée à savoir pourquoi le dévoilement de la stratégie n'était pas assorti d'une annonce de financement, la ministre a fait valoir que les enveloppes en matière d'habitation sont annoncées lors des budgets et des mises à jour budgétaires.
Québec devrait lancer bientôt un premier appel d’offres pour la réalisation de 500 unités de logement abordable préfabriquées, apprend-on dans la stratégie.
En effet, les nouvelles règles mettent notamment l'accent sur les technologies, la productivité et la réduction des délais pour accélérer la construction des habitations.
«On est déterminés (...) à retrouver le chemin de l'abordabilité», a plaidé la ministre.
Un chemin qui pourrait être difficile: le prix moyen d’une maison unifamiliale sur le marché de la revente a fait un bond de 50,6 % de 2019 à 2023, souligne la stratégie.
En outre, le loyer moyen des unités de deux chambres à coucher avec changement de locataires était en hausse de 17,4 % en 2023 par rapport à 2022, peut-on lire. Le taux d’inoccupation des logements locatifs s'établissait à 1,3 % en 2023.
Pendant son allocution aux médias pour présenter sa stratégie, la ministre de l’habitation, France-Hélène Duranceau, a mentionné que l’une des clés pour «l’habitation c’est la collaboration». Selon elle, ce nouveau plan met de l’avant cette «collaboration» entre différents secteurs comme le milieu communautaire.
À l’extérieur de l’Office municipal d'habitation de Trois-Rivières, où se déroulait la conférence, l’organisme Infologis tenait une réunion avec l’espoir de pouvoir parler à la ministre.
«C’est excessivement difficile de rencontrer la ministre comme organisme communautaire […] On se sent laissé à pars et on ne comprend pas pourquoi elle ne veut pas nous rencontrer. On comprend pas exemple que le droit des locataires ce n’est pas sa priorité », commente la coordonnatrice d’Infologis Mauricie, Geneviève Dugré.
L’organisme qui défend les droits des locataires et qui fait la promotion du logement social, ne croit pas les paroles de la ministre qui semble leur tendre la main, car ils attendent encore son appelle.
«La crise actuelle c’est une crise sociale. Une crise d’accès à la justice aussi. On se réjouis qu’elle veut faire construire des logements, mais la crise ne doit pas être réduite au manque de logement», ajoute la coordonatrice.
Selon elle, ce qui doit être fait par la ministre c’est la valorisation de logement abordable, mais surtout sociale. «Le logement abordable est toujours mis de l’avant dans ses politiques, mais jamais le sociale et il est là le besoin», conclut Geneviève Dugré.
Dans son discours, la ministre Duranceau a annoncé que des logements sociales et abordables s’ajouterons aux 23 000 «en développement présentement». Le nombre et la distinction entre les types de logements qui s’ajouterons n’ont pas été spécifié.
Pour la Mauricie, plus précisément, la coordonnatrice d’Infologis Mauricie croit qu’un accès plus facile à la justice pourrait donner un coup de pouce aux locataires «qui sont à risque».
Il y a certes la question de la collaboration, mais chez Québec solidaire (QS), on croit tout simplement que le gouvernement Legault ne sera pas capable de livrer 500 logements en 18 mois.
«Rien de nouveau sous le soleil: la CAQ espère régler la crise du logement avec une annonce sans nouveautés qui ne tient pas compte de l’ampleur de la crise, et ce, sans cibles ni investissements additionnels pour le logement social», a noté le porte-parole solidaire en logement et habitation, Andrés Fontecilla.
La porte-parole du Parti libéral (PLQ) en matière d'habitation, Virginie Dufour, a écrit que la stratégie est une «déception», puisqu'il s'agit d'un «recyclage d'annonces passées». Elle regrette qu'il n'y ait «pas d'argent neuf» et «aucune mesure fiscale» pour stimuler le marché privé.
L'Union des municipalités du Québec (UMQ) et le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ont aussi rapidement taxé la nouvelle stratégie d'insuffisante.
Les municipalités, qui sont un partenaire essentiel du gouvernement dans la construction de logements sociaux, estiment qu'on leur en demande trop.
«Cette stratégie est sans cible claire, sans moyen additionnel et repose essentiellement sur les municipalités pour sortir de la crise de l'habitation», peut-on lire dans un communiqué.
«Les municipalités s'attendaient à des mesures plus ambitieuses et concrètes de la part du gouvernement pour régler la crise de l'habitation au Québec», a affirmé le président de l'UMQ, Martin Damphousse.
Le FRAPRU déplore que la stratégie se concentre sur l'offre de logements sans égard à leur prix et exige une cible de nouveaux logements sociaux dans les 560 000 logements à construire d'ici 2034.
L'organisme demande que la part du logement sans but lucratif dans le parc locatif passe de 10,5 % à 20 %.
Avec la collaboration de Guillaume Théroux pour Noovo Info.