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MCMINNVILLE, États-Unis — La crise des opioïdes a soufflé sur McMinnville, ville pittoresque de l’Oregon, comme une tempête de vent toxique, laissant dans son sillage des surdoses, des dépendances, des sans-abri et des familles détruites.
McMinnville et des milliers d’autres villes à travers les États-Unis pourraient recevoir des milliards de dollars dans le cadre du deuxième règlement juridique le plus important de l’histoire des États-Unis. Les 26 milliards $ US de trois distributeurs de médicaments et d’un fabricant de produits pharmaceutiques résoudraient bien des dommages causés par les opioïdes, que le gouvernement fédéral a déclarés en 2017 comme une « urgence de santé publique ».
Les États, les comtés et les municipalités doivent signer le règlement d’ici trois semaines et la plupart des États ont accepté de le faire. Mais quelques récalcitrants subsistent, y compris l’Oregon, où des désaccords sont apparus entre les autorités locales et l’État. Car en échange des indemnisations, les États, les comtés et les municipalités doivent renoncer à toute poursuite future pour l’épidémie d’opioïdes.
Cet argent serait toutefois bienvenu. Dans le comté de Yamhill, dont McMinnville est le siège, cette indemnisation permettrait d’étendre les services de soutien et de traitement, y compris dans les prisons, a déclaré le commissaire du comté, Casey Kulla.
Aux États-Unis, plus de 500 000 décès ont été liés depuis une vingtaine d’années aux opioïdes contenus dans des médicaments sur ordonnance et des drogues illégales.
Mais le temps presse pour ce règlement, le deuxième plus important après celui de plus de 200 milliards $ sur le tabac, en 1998, avec les quatre plus grandes sociétés cigarettières du pays.
Les trois distributeurs de médicaments, AmerisourceBergen, Cardinal Health et McKesson, et le fabricant Johnson & Johnson ont convenu en juillet de verser ensemble 26 milliards $ pour régler des milliers de poursuites intentées par des États et des gouvernements locaux. Mais si les compagnies estiment qu’il y a un manque d’adhésion des États et des administrations locales, cela pourrait les amener à se retirer de l’accord historique ou éventuellement à réduire le montant du règlement.
« Les défendeurs ont le dernier mot pour dire: “Avons-nous une masse critique pour justifier d’aller de l’avant” », a expliqué Joe Rice, un avocat des plaignants.
« Des compromis complexes sont en jeu ici », résume Caleb Alexander, expert en sécurité des médicaments à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. « D’une part, le règlement offrirait un financement indispensable pour étendre le traitement et lutter autrement contre l’épidémie d’opioïdes. Mais d’autre part, de nombreuses parties pensent que ce règlement n’est pas suffisant. »
Au moins 45 États ont signé l’accord, ou signalé leur intention de le faire, et au moins 4012 comtés et municipalités ont également confirmé leur participation, estimaient vendredi dernier les avocats des plaignants.
L’État de Washington a déjà exclu toute participation, le procureur général Bob Ferguson qualifiant ce règlement de « terriblement insuffisant ». Cet État poursuit les trois plus grands distributeurs de médicaments du pays, les mêmes que dans le règlement national, pour 38 milliards $, dans un procès qui s’est ouvert en novembre.
En Pennsylvanie, les procureurs de Philadelphie et du comté d’Allegheny, qui comprend Pittsburgh, ont poursuivi le procureur général de l’État pour s’assurer que leurs poursuites séparées contre les pharmaceutiques pourraient procéder, affirmant que les parts de leurs communautés dans le règlement ne couvriraient qu’une fraction des coûts de la crise.
Dans le comté de Yamhill, le commissaire Kulla est en faveur du règlement, mais il ne veut pas que l’État en prenne un contrôle excessif. « C’est nous, dans les comtés, qui travaillons avec les toxicomanes et leurs familles, et nous exposons les coûts sociétaux de ces toxicomanies », a-t-il expliqué.
En vertu du règlement, les indemnités seraient versées sur 18 ans. Le règlement du tabac était contrôlé par les gouvernements des États et la majeure partie de l’argent n’a pas servi à payer les coûts sociaux du tabagisme. En revanche, les règlements sur les opioïdes sont structurés de sorte que la majeure partie de l’argent serait destinée à la lutte contre la crise.