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Haïti n'a pas eu de président depuis juillet 2021 et les dernières élections remontent à 2016.
Le gouvernement haïtien a créé mercredi un conseil électoral provisoire, longtemps réclamé par la communauté internationale, afin de préparer ce pays en difficulté à ses premières élections générales depuis 2016.
Smith Augustin, membre du Conseil présidentiel de transition, a confirmé à l'Associated Press que le conseil électoral avait été créé, bien qu'il ne comprenne que sept des neuf membres prévus par la loi. M. Augustin a déclaré que les deux autres membres seraient probablement annoncés dans les prochains jours.
Le conseil électoral provisoire, qui représente divers groupes sociaux tels que des agriculteurs, des journalistes, des militants des droits de la personne et la communauté vaudou, est chargé d'organiser le scrutin et d'aider à créer le cadre juridique pour le tenir.
Haïti n'a pas eu de président depuis juillet 2021 et les dernières élections remontent à 2016.
Le précédent conseil électoral avait été dissous en septembre 2021 par le premier ministre de l'époque, Ariel Henry, qui l'accusait d'être «partisan». Ce geste a reporté les élections prévues en novembre 2021 et a incité ses opposants à accuser M. Henry de s’accrocher au pouvoir — accusations qu’il a rejetées.
M. Henry était lui-même un dirigeant politique de transition. Il a prêté serment en tant que premier ministre environ deux semaines après l’assassinat du président Jovenel Moïse à sa résidence privée en juillet 2021. M. Henry s’est engagé ensuite à plusieurs reprises à organiser des élections, mais il imputait son échec constant à l’aggravation de la violence des gangs criminels.
Plus tôt cette année, des gangs qui contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince ont lancé des attaques coordonnées contre des infrastructures gouvernementales essentielles, une décision qui a finalement conduit à la démission d’Ariel Henry.
Un conseil présidentiel de transition a ensuite été créé et chargé d’organiser des élections présidentielles d’ici février 2026.
L’assassinat de Jovenel Moïse a laissé un vide politique majeur en Haïti. En outre, les mandats des 10 sénateurs restants ont expiré en janvier 2023, privant Haïti de sa dernière institution démocratiquement élue. Le pays n’avait pas organisé d’élections législatives depuis octobre 2019, le président Moïse gouvernant par décret avant d’être assassiné.
Le nouveau conseil électoral provisoire est confronté à de nombreux obstacles, notamment la violence persistante des gangs, qui a causé la mort de plus de 3200 personnes entre janvier et mai.
Pour aider à mettre un terme à la violence des gangs, près de 400 policiers kényans sont arrivés en Haïti plus tôt cette année dans le cadre d’une mission soutenue par les Nations unies qui s’attend également à ce que des soldats et des policiers des Bahamas, du Tchad, du Bénin et du Bangladesh soient déployés.
Les luttes de territoire entre gangs ont par ailleurs laissé plus d’un demi-million de personnes sans abri ces dernières années, et des milliers d’Haïtiens ont été contraints de fuir leur domicile, abandonnant derrière eux dans l'urgence des documents essentiels, notamment les cartes d’identité nécessaires pour voter.
Les responsables gouvernementaux se sont rendus dans des abris de fortune pour fournir de nouvelles cartes d’identité, mais de nombreux Haïtiens n’en ont toujours pas.
«Comment les gens vont-ils voter ?», a demandé Daniel Janvier, 40 ans, qui vit désormais dans un abri après que des gangs ont fait irruption chez lui et l’ont forcé à tout abandonner. «La plupart des gens que je connais dans le coin n’ont pas de carte d’identité.»
M. Janvier, qui est au chômage depuis qu’il a perdu son emploi dans une usine de fabrication de pantalons, doute que le gouvernement organise réellement des élections. «Je pense que tout cela est une farce, a-t-il déclaré. Des milliers et des milliers de personnes sont dispersées. Elles ne sauront pas où aller voter s'ils parviennent à organiser des élections.»