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Les pourparlers de la COP15 ont frappé un mur, tôt mercredi, lorsque plus de 60 nations du Sud se sont retirées, craignant que les promesses des pays riches pour financer la conservation soient trop petites et trop vagues.
Les délégués sont retournés à la table des négociations lors des pourparlers de la COP15 à Montréal mercredi soir et le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré qu'il était convaincu que les choses étaient sur la bonne voie pour obtenir un accord ambitieux et correctement financé pour protéger et restaurer la nature dans le monde.
Les discussions sur un cadre mondial pour la biodiversité ont connu un coup d'arrêt mercredi matin lorsque plus de 60 pays du Sud ont quitté la salle, craignant que les promesses des pays riches de financer la conservation soient trop faibles et trop vagues.
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Après une séance d'urgence de trois heures mercredi midi avec les chefs de délégation des 196 parties à la convention de l'ONU sur la biodiversité, les négociations ont repris vers 16h et ont duré jusqu'à près de minuit.
Jeudi, les ministres ont rejoint les pourparlers, ajoutant un poids politique aux discussions, qui doivent se terminer lundi.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre Guilbeault a indiqué que la Chine, qui préside la COP15 et supervise les négociations, vise à mettre en place un accord de compromis d'ici dimanche.
«Je suis totalement confiant», a dit M. Guilbeault, même si les progrès de mercredi soir étaient minimes.
Le projet d'accord avec 4 objectifs généraux et 22 cibles est toujours entre parenthèses, les parties n'ayant pas encore convenu des termes.
Mercredi soir, l'espoir était que les négociateurs iraient de l'avant sans ajout, mais cela ne s'est pas produit. De nouveaux éléments ont effectivement été adjoints.
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M. Guilbeault estimait que l'état du texte ne reflétait pas encore les accords en cours et qu'un grand nombre des questions demeuraient en suspens jusqu'à ce que les ministres se présentent.
Il a ajouté que l'obstacle à surmonter au cours des trois prochains jours est l'impasse perçue entre les pays développés qui souhaitent un objectif ambitieux de protéger 30 % des zones terrestres et marines d'ici 2030, et les pays en développement qui désirent s'assurer que le financement est là pour les aider.
«Ceux d'entre nous, dans le Nord, qui demandent de l'ambition doivent certainement comprendre que nous devons être sérieux au sujet de la mobilisation des ressources, et les pays du Sud qui veulent que les ressources soient mobilisées doivent comprendre qu'il n'y aura pas d'argent à moins qu'il n'y ait ambition», a-t-il dit.
Les estimations suggèrent que 700 milliards $ US par an sont nécessaires pour conserver correctement la nature. Environ 200 milliards $ US de cette somme proviendraient des contributions des gouvernements, du secteur privé et des organisations caritatives, tandis que le reste pourrait être obtenu en redirigeant les subventions gouvernementales qui nuisent à la nature, comme celles destinées aux projets de combustibles fossiles.
Cela s'ajoute à l'engagement de financer l'action climatique et les mesures d'adaptation à hauteur de 100 milliards $ US par an.
Les pays développés sont catégoriques sur le fait qu'ils ne peuvent pas tout financer.
«C'est faisable, mais pas seulement avec de l'argent public», a déclaré M. Guilbeault en entrevue avec La Presse Canadienne.
Les pays développés comptent sur le financement du secteur privé et la philanthropie pour aider à combler l'écart, bien que M. Guilbeault ait reconnu que l'analyse de rentabilisation n'est pas aussi facile à faire pour conserver la nature que pour développer des technologies propres afin d'aider à ralentir le changement climatique.
Zac Goldsmith, le ministre britannique de l'Énergie, du Climat et de l'Environnement, a déclaré jeudi que pour mettre l'ampleur des besoins en perspective, le total annuel de toutes les aides gouvernementales pour tout _ pas seulement la nature et le climat _ est de 160 milliards $ US.
«Donc, même si nous quadruplions toute l'aide mondiale et la mettions entièrement dans la nature, nous n'y arriverions toujours pas en termes de réduction de cet écart», a ajouté M. Goldsmith.
Le Canada et le Royaume-Uni faisaient partie d'un groupe de pays développés qui ont publié ce qu'ils ont appelé une «déclaration des donateurs» jeudi, essayant de prouver qu'ils ne renoncent pas à leurs engagements de financement.
Il énumère un certain nombre d'engagements existants _ dont 7 milliards d'euros de la Commission européenne entre 2021 et 2017 _ et une poignée de nouveaux engagements pris à Montréal.
Au début de la semaine dernière, le Canada a annoncé qu'il augmenterait son financement de l'environnement mondial de 350 millions $ supplémentaires, spécifiquement pour aider à mettre en ?uvre un cadre de biodiversité dans les pays en développement. Le Japon a indiqué jeudi qu'il augmenterait son financement de la biodiversité de 114 milliards de yens, soit l'équivalent d'environ 1,2 milliard $, entre 2023 et 2025.
La «déclaration conjointe des donateurs« qualifie les engagements de «percée majeure dans la résolution du double défi du changement climatique et de la perte de la nature alors que le monde voit les extinctions massives d'espèces et la perte d'habitat s'accélérer à un rythme alarmant».
L'argent mis à part, il y a aussi un désaccord sur la manière dont les fonds seraient effectivement décaissés. Les pays développés veulent un nouveau fonds pour la biodiversité, car ils disent que les mécanismes existants sont trop lents. Les nations plus riches ne veulent pas créer un nouveau fonds.
Virginijus Sinkevi?ius, le commissaire européen à l'environnement, a indiqué qu'il savait que le plus grand besoin était de rendre les flux financiers plus efficaces, mais cela ne nécessite pas nécessairement un nouveau fonds.
«Ce qui est très important, c'est de ne pas se concentrer sur de nouveaux fonds, dont vous savez, les vieux problèmes ne vont pas disparaître avec eux, a-t-il déclaré. Nous devons examiner les mécanismes innovants, qui peuvent aider les pays africains, latino-américains, les pays d'Asie du Sud-Est à avoir accès aux fonds plus tôt qu'ils ne le font actuellement.»
La destruction de la nature a de graves conséquences pour la santé et la prospérité humaines, affectant tout, de l'air pur et de l'eau potable à la sécurité alimentaire et à la croissance économique. La destruction et l'empiétement humain sur les écosystèmes sauvages augmentent également les risques pour la santé liés aux virus d'origine animale, un problème dont beaucoup de gens ont pris conscience avec la pandémie de COVID-19.