L'Alliance syndicale de l'industrie de la construction résidentielle a déposé mercredi matin une dernière offre afin de trouver une entente avec l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ).
En échange, «on demande à l'APCHQ de la soumettre au vote de ses membres afin de leur donner l'occasion d'accepter ou de refuser les termes de cette offre finale», a indiqué Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale, en point de presse mercredi.
Si l'APCHQ refuse de soumettre cette offre et si les membres la rejettent, «l'Alliance syndicale devra évaluer ses options pour les étapes à suivre», a-t-on prévenu en point de presse.
L'APCHQ avait déposé une nouvelle offre à l'Alliance syndicale, lundi, mais celle-ci a été jugée insuffisante par l'Alliance. «Si nous voulons atteindre nos objectifs d'habitation, il ne faudrait absolument pas niveler par le bas les conditions salariales du secteur résidentiel», a précisé M. Ricard.
Le compte à rebours était lancé alors que l'Alliance syndicale avait fait planer la possibilité d'exercer son mandat de grève dès mercredi matin.
Les cinq syndicats qui forment l'Alliance syndicale — c'est-à-dire tous les syndicats de la construction — se sont dotés d'un mandat de grève illimitée. Il s'agit, par ordre d'importance décroissante, de la FTQ-Construction, du Syndicat québécois de la construction, du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), de la CSD-Construction et de la CSN-Construction.
La convention collective est arrivée à échéance le 30 avril dernier. Un éventuel conflit de travail pourrait trouver plus de 60 000 travailleurs en constuction du secteur résidentiel.
Ce mandat de grève pouvait déjà être exercé dès mercredi matin, mais ça n'avait pas été fait. L'Alliance avait préféré présenter cette dernière offre à l'association patronale.
En réplique dans l'heure et demie qui a suivi, l'APCHQ a toutefois fait savoir que la proposition syndicale n'était pas réaliste financièrement.
«Les revendications syndicales actuelles ne tiennent pas compte de la capacité de payer des ménages, et ce, surtout dans un contexte de crise de l'habitation. Il faut le rappeler, les coûts de la main-d'oeuvre représentent entre 40 % et 50 % des coûts payés par le consommateur. C'est un enjeu d'abordabilité. Pour l'APCHQ, il est primordial de protéger le portefeuille des Québécois et Québécoises», a commenté l'APCHQ.
Les salaires dans la construction étaient déjà inférieurs dans le secteur résidentiel, par rapport aux autres secteurs de la construction, le tout variant selon le métier. Et alors que les trois autres secteurs de la construction ont renouvelé leur convention collective, cet écart s'est encore agrandi, a déploré M. Ricard, notamment auprès des charpentiers-menuisiers.
Stéphane Leduc espère que ce conflit se règle rapidement. L'employé d'une entreprise de maçonnerie dénonce une injustice salariale.
Fait à noter, contrairement à ce qui prévaut dans les autres secteurs d'activité économique, les augmentations de salaire qui sont négociées dans l'industrie de la construction ne sont pas rétroactives à la date d'échéance de la précédente convention collective. Les travailleurs perdent donc de l'argent qu'ils ne récupéreront pas, lorsque la convention n'est pas renouvelée.
Boulet réagit
À Québec, le ministre du Travail, Jean Boulet, a laissé entendre que le secteur résidentiel ne pouvait être comparé aux autres secteurs de l'industrie de la construction. «Dans le résidentiel, l'impact n'est pas le même. La facture, c'est des coûts de main-d'oeuvre additionnels et c'est les citoyens et citoyennes du Québec qui paient. Le travail n'est pas le même, les impacts ne sont pas les mêmes», a-t-il commenté.
Citant la hausse du coût des matériaux de construction, l'inflation et la guerre tarifaire avec les États-Unis, le ministre Boulet a ajouté: «il y a une conjoncture qui fait en sorte que l'APCHQ peut avoir un argumentaire qui est intéressant à développer». Il prend soin d'ajouter que les travailleurs ont obtenu 2 % d'augmentation, durant les précédentes années, et qu'ils veulent donc obtenir un rattrapage et des augmentations équivalentes à celles des autres secteurs de la construction.
Avec des informations de la Presse canadienne

