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Construction d'un brise‑glace polaire de 3,25 milliards $ au Chantier Davie, à Lévis

«Aujourd'hui, on voit que la sécurité économique et la sécurité nationale vont de pair.»

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Construction d'un brise‑glace polaire de 3,25 milliards $ au Chantier Davie Construction d'un brise‑glace polaire de 3,25 milliards $ au Chantier Davie

Les gouvernements canadien et québécois ont annoncé samedi matin en grande pompe l'octroi d'un contrat de 3,25 milliards $ au Chantier Davie, de Lévis, pour la construction d'un brise-glace polaire. Le navire doit être livré au plus tard en 2030.    

C'est le ministre fédéral et député de Québec, Jean-Yves Duclos, qui en a fait l'annonce en présence de nombreux dignitaires, dont le premier ministre québécois François Legault.

Un autre brise-glace polaire, d’une valeur de 3,15 milliards $, sera également construit sur la côte ouest du pays, au chantier naval Seaspan, à Vancouver. 

Ces investissements s'inscrivent dans le plan de renouvellement des flottes de la Garde côtière canadienne et de la Marine royale canadienne. M. Duclos a expliqué que c'est la Garde côtière canadienne qui fait l’acquisition des deux brise‑glace polaires par l’intermédiaire de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN).

«Le centre de services scolaire des Navigateurs a offert une session d'initiation aux métiers du naval et puis ils ont été débordés d'inscriptions! Il y avait plus d'inscrits que de places disponibles, ce qui veut dire que les jeunes se disent ''Va là-dedans, tu vas avoir un bel avenir''», selon l'interprétation que fait M. Drainville de cet engouement.

«Actuellement, il y a 800 emplois à la Davie. On prévoit que d'ici cinq ans, ça va monter à 2000», a souligné M. Legault en mêlée de presse après l'annonce. 

«On va ajouter entre 1000 et 1200 emplois directs ici au chantier, puis on va ajouter 1000 emplois indirects. Ça tombe bien puisqu'avec M. Trump, il y a un risque important que des emplois se perdent dans le secteur manufacturier suite aux tarifs (douaniers) qui vont être mis en place et à la réduction de nos exportations aux États-Unis.»
- François Legault, premier ministre du Québec

Le premier ministre François Legault a même laissé entendre que «d'autres contrats pourraient s'ajouter à Lévis». 

Pour ce qui est du recrutement des travailleurs, il s'agit d'un heureux problème pour le ministre de l'Éducation et député de Lévis, Bernard Drainville, qui affirme que la formation de la main-d'oeuvre est déjà commencée. 

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«On vient de créer une attestation d’études professionnelles (AEP) en construction navale et les premiers étudiants vont commencer en septembre. On a créé une formation courte spécialement pour la construction navale en prévision justement des besoins de main-d'oeuvre qu'on va avoir ici», a indiqué le ministre Drainville.

 Il y voit même une voie d'avenir dans ce domaine au Québec.

MM. Legault et Drainville ne sont pas les seuls à voir grand, surtout dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis qui pourrait entraîner des pertes d'emplois et donc forcer le Québec et le Canada à renforcer leur économie.

«Aujourd'hui, on voit que la sécurité économique et la sécurité nationale vont de pair», a ajouté le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

«On montre l'excellence des travailleurs de chez nous et seulement avec ce qui a été réalisé ici, on va être capable d'en vendre à travers le monde (...) Ce que vous voyez aujourd'hui au Québec, vous allez le voir à travers le pays.  On va se donner les moyens de nos ambitions», a poursuivi le ministre Champagne. 

«La Stratégie nationale de construction navale (SNCN) est un programme à long terme de plusieurs milliards de dollars qui vise à renouveler les flottes de la Garde côtière canadienne et de la Marine royale canadienne (...) tout  en créant des emplois pour la classe moyenne et en maximisant les retombées économiques à l’échelle du pays», a  souligné également le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos.

Il a aussi précisé que, pour accélérer la production du brise‑glace polaire à Lévis, «Chantier Davie mettra également à contribution son chantier naval Helsinki Shipyard, en Finlande, détenu par des intérêts canadiens». 

«On parle d'un partenariat avec un allié de l'OTAN, qui est la Finlande. On met Québec au centre de l'approvisionnement de l'OTAN. Imaginez ce qu'on a réalisé ce matin. C'est historique! Québec et Lévis deviennent la plaque tournante de la construction de brise-glace pour l'OTAN à travers le monde», s'est réjoui le ministre Champagne.

Le brise‑glace polaire construit par Chantier Davie mesurera 139 mètres de long et sera de la classe polaire 2, ce qui veut dire que le navire peut briser la glace dans l’Extrême‑Arctique et mener des recherches océanographiques tout au long de l’année, tout comme celui qui sera construit par Seaspan.

Helen Moka

Helen Moka

Journaliste