Justice

«Congédiement abusif»: atteinte d'un cancer en phase terminale, elle poursuit Starbucks Canada

«J'étais une grande défenseuse de l'entreprise, puis j'ai eu l'impression que cela m'a été enlevé.»

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Photo d'une succursale Starbucks de Toronto, le 21 mai 2018. Photo d'une succursale Starbucks de Toronto, le 21 mai 2018. (Graeme Roy | La Presse canadienne)

Une femme de l'Alberta luttant atteinte d'un cancer du sang en phase terminale poursuit Starbucks Canada, dénonçant un licenciement abusif.

Lisa Pedersen, mère célibataire de trois enfants, affirme avoir été congédiée de son poste en mai 2021 pour avoir prétendument enfreint les politiques de Starbucks Canada concernant la COVID-19 et les normes de sécurité alimentaire, mais elle affirme avoir été prudente tout au long de son emploi avec l'entreprise.

Mme Pedersen a commencé à travailler dans un magasin Starbucks à Airdrie, en Alberta, en août 2017. Elle affirme que cela lui donnait une certaine flexibilité pour s'occuper de son fils, qui a des besoins spéciaux, ainsi que des avantages pour soutenir la santé physique et mentale de sa famille.

Pendant son emploi chez Starbucks, Mme Pedersen affirme avoir reçu plusieurs évaluations positives de sa performance et un prix de d'employé du trimestre. «J'aimais l'entreprise. J'aimais ce qu'elle représentait», a lancé Mme Pedersen au CTVNews.ca lors d'un entretien téléphonique. «J'étais une grande défenseuse de l'entreprise, puis j'ai eu l'impression que cela m'a été enlevé.»

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Elle a porté son affaire devant un avocat, qui a déposé une demande auprès de la Cour du Banc du Roi de l'Alberta, alléguant un licenciement abusif.

La réponse de l'employeur

Dans une déclaration par courrier électronique, Starbucks Canada a répondu au CTVNews.ca qu'elle était au courant du procès.

«Nous n'avons pas d'autres informations à partager pour le moment, car nous ne pouvons pas discuter des emplois privés ou des affaires en cours de litige», a indiqué l'entreprise.

L'entreprise a expliqué que Pedersen avait été licenciée pour ne pas avoir suivi son processus de vérification des symptômes de la COVID-19 avant un quart de travail et pour s'être présentée au travail tout en présentant des symptômes de la COVID-19 à plusieurs reprises.

Starbucks Canada a souligné qu'elle avait des directives très précises à l'époque, que les employés étaient invités à suivre pour assurer la sécurité et la santé du personnel et des clients.

Mme Pedersen, quant à elle, a répliqué qu'elle ne serait pas allée travailler si elle avait eu l'impression d'être atteinte de la COVID-19.

«Je ne mettrais la santé de personne en danger», a-t-elle affirmé. «J'ai pratiquement vécu à l'hôpital pour enfants avec mon fils - il y a passé 12 ans de sa vie - et je sais qu'il ne faut pas mettre en danger la santé de quiconque.»

Des symptômes similaires à la COVID-19?

Mme Pedersen a raconté qu'elle s'était rendue au travail le 19 avril 2021 dans son rôle de superviseure de quart et qu'elle se sentait bien au départ, mais qu'elle avait rapidement développé une migraine, des maux d'estomac et des difficultés respiratoires.

À l'époque, elle affirmait être stressée par son travail, ce qu'elle attribuait à sa migraine. Elle attribuait ses difficultés respiratoires au port du masque au travail pour prévenir la propagation de la COVID-19.

L'ex-employée de Starbucks a affirmé qu'elle avait informé son gestionnaire de l'époque qu'elle ne se sentait pas bien et lui avait parlé de ses symptômes, à quoi elle affirme que son gestionnaire a répondu que «quelque chose circulait». Elle a déclaré que le gestionnaire était parti en vacances ce même jour.

Le lendemain, elle se souvient être retournée au travail et avoir dit à son gestionnaire, alors qu'il était en vacances, qu'elle se sentait toujours mal. Elle a dit que son gestionnaire lui a alors demandé de lui envoyer ses symptômes par message texte, ce qu'elle a fait.

Par mesure de préventive, elle a passé un test de dépistage de la COVID-19 le 24 avril 2021 par l'intermédiaire de Santé Alberta. Malgré un résultat négatif, Mme Pedersen affirme qu'on lui a demandé de ne pas se rendre au travail.

Ensuite, le 2 mai 2021, elle a été licenciée.

Mme Pedersen a tenté de faire appel de la décision de l'entreprise, mais cela lui a été refusé. Elle affirme qu'on lui a dit que la décision de licencier les employés ayant prétendument travaillé malades était une décision uniforme appliquée dans tous les magasins Starbucks du Canada.

«J'avais un passé parfait chez Starbucks. Je n'ai jamais fait l'objet de sanctions», a-t-elle déploré. «Cela m'a semblé vraiment précipité. Je ne comprenais tout simplement pas.»

Après cela, Mme Pedersen affirme qu'on lui a accordé une semaine pour utiliser ses avantages auprès de l'entreprise, alors elle est allée faire examiner ses yeux. Lors de son rendez-vous, elle affirme que l'optométriste a remarqué une tache de Roth, qui est une hémorragie de la rétine, et a partagé cette découverte avec son médecin de famille.

Mme Pedersen affirme que son médecin de famille lui a ensuite ordonné de faire des analyses de sang, qui ont révélé qu'elle avait un cancer du sang. Soudain, dit-elle, les symptômes qu'elle ressentait au travail ont commencé à avoir du sens.

«C'est de là que ma migraine venait. C'est là que les difficultés respiratoires venaient et les maux d'estomac, parce que le sang ne circulait pas dans mon corps», a-t-elle dit.

Aucune réponse de Starbucks

Mme Pedersen a ajouté qu'elle a de nouveau contacté Starbucks Canada pour les informer de son diagnostic de cancer, espérant que l'entreprise aurait traité son cas différemment en raison de son diagnostic, mais n'a jamais reçu de réponse.

«C'est déchirant», a-t-elle soupiré. «Est-ce que vous dites que personne ne devrait manipuler de la nourriture... s'ils ont le cancer?»

Aaron Levitin, avocat spécialisé en droit du travail représentant Mme Pedersen, a déclaré que sa cliente réclame divers dommages à Starbucks Canada, notamment pour la perte salariale, les prestations perdues, les droits aux assurances-vie et des dommages punitifs.

Elle réclame également des dommages pour ce que sa demande décrit comme un licenciement de mauvaise foi.

Levitin, associé chez Samfiru Tumarkin LLP, a déclaré que Starbucks devrait maintenir sa position selon laquelle il est un «employeur consciencieux» qui prend soin de ses employés.

«C'est vraiment une situation tragique pour quelqu'un qui a été désigné employé du trimestre et qui a tout fait pour s'assurer que les magasins restaient ouverts alors qu'ils étaient en difficulté», a-t-il mentionné au CTVNews.ca en entrevue.

Mme Pedersen a révélé qu'elle envisageait de travailler chez Starbucks jusqu'à sa retraite, mais son licenciement a brisé ses espoirs et ses attentes.

Elle a déclaré qu'elle voulait que son affaire crée un précédent pour que Starbucks traite mieux ses employés.

«Je pense simplement qu'ils doivent corriger leur erreur et ne pas faire cela à quelqu'un d'autre, car c'est complètement injuste, c'est la subsistance des gens», a-t-elle conclu.

Noushin Ziafati

Noushin Ziafati

Journaliste