Politique

Un prochain budget «d'austérité et d'investissement en même temps», dit Carney

«C'est possible si on a une discipline.»

Mis à jour

Publié

Le premier ministre Minister Mark Carney répondant à quelques questions des médias, mercredi, à Toronto, alors qu'il entamait une retraite de deux jours avec ses ministres pour préparer la rentrée parlementaire du 15 septembre. Le premier ministre Minister Mark Carney répondant à quelques questions des médias, mercredi, à Toronto, alors qu'il entamait une retraite de deux jours avec ses ministres pour préparer la rentrée parlementaire du 15 septembre. (Chris Young | La Presse canadienne)

Le budget fédéral attendu en octobre en sera un «d'austérité et d'investissement en même temps», soutient le premier ministre Mark Carney. 

«C'est possible si on a une discipline», a-t-il plaidé mercredi alors qu'il amorçait une série de discussions avec son conseil des ministres réuni à Toronto en prévision de la rentrée parlementaire de la mi-septembre.

La retraite de deux jours vise notamment à préparer le terrain pour l'exercice annuel financier qui aurait, normalement, dû avoir lieu au printemps, mais qui a été repoussé par le gouvernement Carney alors fraîchement élu.

Les experts prévoient une hausse du déficit fédéral lors de la publication du très attendu premier budget de celui qui a remporté l'élection il y a environ quatre mois. Le principal intéressé a déjà annoncé son intention de faire de la défense une priorité budgétaire, le Canada cherchant à atteindre, dès cette année, l'objectif de dépenses de défense de l'OTAN, fixé à 2 % du PIB.

Le premier ministre a également évoqué l'imposition d'un nouveau niveau de discipline budgétaire, la recherche d'économies et l'équilibre du volet fonctionnement du gouvernement.

«Par exemple, le taux de croissance des dépenses du gouvernement fédéral pendant une décennie (a été) de plus de 7 % année par année. C'est plus rapide que le taux de croissance de notre économie», a-t-il déploré mercredi en répondant à quelques questions de journalistes s'étant déplacés à Toronto.

«On doit cesser cette manière de gestion à l’échelle fédérale», a tranché M. Carney.

Dans cette veine, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a écrit en juillet à plusieurs de ses collègues du cabinet pour leur demander de trouver des économies de 15 % d'ici 2028-2029 dans des coûts de programmes des ministères dont ils sont responsables.

Comme à son habitude, M. Carney a réitéré mercredi sa promesse d'investir, malgré la rigueur budgétaire, «dans l'économie» et dans les «travailleurs des sociétés canadiennes». «On peut faire les deux», a-t-il encore insisté.

Questionné à savoir quels éléments sont «intouchables», selon lui, dans l'exercice de «discipline» qu'il veut insuffler, il a, à nouveau, énuméré les transferts en santé et les prestations «pour les individus».

Aux yeux du chef conservateur Pierre Poilievre, il est déjà clair que «M. Carney est encore plus coûteux que Justin Trudeau». Il a ainsi fait allusion, en point de presse à Mississauga, à l'ancien premier ministre qui a, durant 10 ans au pouvoir, présenté uniquement des budgets écrits à l'encre rouge.

«Ses dépenses sont hors de contrôle et il fait exactement le contraire de ce qu'il promet», a commenté M. Poilievre au sujet de M. Carney.

Chose certaine, l'économie est au cœur des préoccupations des Canadiens, a souligné le sondeur Jean-Marc Léger aux médias après avoir fait un état des lieux des préoccupations de la population aux ministres et secrétaires d'État rassemblés à Toronto.

«Les gens s'attendent à du changement, à de vraies décisions, à un contrôle budgétaire, un contrôle de l'immigration, un contrôle de l'économie», a-t-il résumé.

Or, face au prochain budget, l'important pour les Canadiens sera de voir en quoi cela améliore concrètement leur situation personnelle face au coût de la vie, a fait valoir M. Léger.

«La dernière élection a créé beaucoup d'attentes, a-t-il ajouté. Le plus difficile pour le gouvernement, c'est d'être capable de répondre à ces attentes qui sont différentes dans l'Est et dans l'Ouest du pays.»

Il n'en reste pas moins qu'il constate que la population a un «préjugé favorable» envers le premier ministre.

«Des petits accords» possibles avec les États-Unis

Les droits de douane et la révision à venir de l'accord commercial avec les États-Unis et le Mexique seront également au cœur des discussions entre M. Carney et son équipe.

Le premier ministre a signalé que le greffier du conseil privé, Michael Sabia, est à Washington pour des discussions sur ce front.

Il a dit s'attendre à «ce qu'il y ait des accords, des petits accords, dans quelques secteurs stratégiques».

«Secteurs stratégiques» est l'expression couramment employée par le premier ministre pour qualifier les industries particulièrement touchées par les droits de douane américains, comme celles de l'aluminium, de l'acier et de l'automobile.

 «On verra, ce n’est pas une garantie, mais on fait des progrès», s'est-il empressé d'ajouter au sujet de ces possibles «petits accords».

M. Carney a également révélé s'être entretenu avec le président américain Donald Trump lundi soir. Son bureau n'a pas publié de compte-rendu de cet appel, comme il a coutume de le faire.

«Le premier ministre a toujours été clair sur le fait que lui et le président sont en communication étroite et fréquente», s'est-on justifié.

Le premier ministre a décrit la conversation comme ayant été «assez longue» et «très constructive».

Or, l'enjeu des droits de douane américains n'est plus la priorité des Canadiens, qui s'y intéressent beaucoup moins que durant la récente campagne électorale, a indiqué M. Léger.

En fait, la question arrive au quatrième rang, a signalé le sondeur au conseil des ministres, et les préoccupations principales sont redevenues l'inflation et l'accès au logement.

«C'est une surprise pour eux autres de voir que c'est moins important qu'ils ne le pensaient», a-t-il dit au sujet des ministres.

Son collègue Sébastien Dallaire a relevé que les préoccupations premières sont redevenues les mêmes qu'elles étaient en 2023 et même en 2022.

Le conseil des ministres entendra aussi d'autres panélistes jusqu'à jeudi, comme le vice-président principal et économiste en chef de la Banque Scotia, Jean-François Perreault, qui abordera les «perspectives économiques», selon une liste partagée par le bureau de M. Carney.

 Avec des informations de Kyle Duggan

Émilie Bergeron

Émilie Bergeron

Journaliste