Début du contenu principal.
«Il suffit d'un peu de planification, d'architecture et d'autres mesures de ce type», affirme notamment un climatologue.
Avec deux vagues de chaleur qui ont frappé certaines régions de l'Ontario et du Québec en moins de deux semaines, les urbanistes et les écologistes insistent sur la nécessité pour les municipalités canadiennes de transformer leurs agglomérations urbaines surchauffées en «villes plus fraîches».
«Nous constatons que ces vagues de chaleur surviennent plus tôt, durent plus longtemps, sont plus intenses et plus nombreuses — elles sont plus fréquentes en raison de l'effet humain, car les êtres humains génèrent davantage de chaleur», a indiqué samedi David Phillips, climatologue à Environnement Canada, dans une entrevue accordée à CTV News Channel.
«Les villes commencent à réaliser qu'elles ne sont pas nécessairement vulnérables à ce phénomène, qu'elles peuvent agir, qu'elles peuvent rendre leurs villes plus résistantes aux conditions météorologiques et à ces vagues de chaleur», a-t-il ajouté. «Il suffit d'un peu de planification, d'architecture et d'autres mesures de ce type.»
Selon Iain Stewart, chercheur et conférencier en climatologie urbaine et en conception urbaine sensible au climat à l'Université de Colombie-Britannique, les villes canadiennes doivent mettre en œuvre un certain nombre de changements pour rendre les centres urbains plus frais.
«Tout d'abord, il est important de ne pas construire les périphéries de nos villes au bord de l'eau ou à proximité immédiate des zones rurales, car celles-ci sont des sources d'air relativement frais et propre, qui peuvent être bloquées par de grands immeubles construits les uns à côté des autres et créant une barrière à la circulation de l'air.»
M. Stewart ajoute qu'une fois que l'air naturel peut pénétrer dans la ville, les structures doivent être construites de manière à permettre la création de couloirs et de voies de ventilation.
«Cela peut être réalisé grâce à des parcs linéaires et des habitations de faible hauteur qui permettent à l'air de circuler librement.»
À VOIR ÉGALEMENT | Comment ça fonctionne, les îlots de chaleur?
Luna Khirfan, professeure agrégée en urbanisme à l'Université de Waterloo, affirme que les solutions fondées sur la nature figurent en tête de sa liste des mesures que les villes devraient mettre en œuvre immédiatement pour créer des centres urbains plus frais.
«Par exemple, si nous disposons d'un plan d'eau, celui-ci apporte de la fraîcheur aux zones environnantes. Nous pouvons donc augmenter la superficie et la forme des plans d'eau, ce qui permettrait d'atténuer une partie de la chaleur», explique Mme Khirfan.
«Et si nous avons un parc urbain, nous pouvons augmenter la quantité ou la superficie totale des espaces verts par rapport aux surfaces dures dans ce parc et ses environs.»
Elle ajoute que cela permettrait également d'augmenter la canopée des arbres pour créer de l'ombre et réduire les surfaces réfléchissantes ou en béton qui absorbent la chaleur.
Mme Khirfan ajoute que de nombreuses villes mettent en place ce qu'elle appelle des « solutions palliatives » plutôt que d'adopter une approche cohérente qui intègre l'ensemble de la ville dans la création d'un environnement plus frais.
«La circulation de l'air, l'ombre, les matériaux [utilisés pour construire les bâtiments] : tout cela fonctionne en tandem », a-t-elle déclaré. «C'est le problème des villes canadiennes : nous adoptons une solution unique et cela ressemble à un patchwork, au lieu de réfléchir à un ensemble ou à un bouquet de solutions qui devraient aller de pair pour obtenir les résultats souhaités.»
En 2021, un dôme de chaleur en Colombie-Britannique a causé la mort de 619 personnes. Le rapport du coroner qui a suivi a recommandé des stratégies d'atténuation à long terme, notamment l'intégration d'exigences en matière de refroidissement dans les codes du bâtiment pour les nouvelles constructions.
«Je pense que la Colombie-Britannique, et Vancouver en particulier, vont dans la bonne direction et ont mis en œuvre de nombreuses stratégies efficaces pour lutter contre les chaleurs extrêmes. Certaines d'entre elles concernent la conception, notamment l'ajout d'arbres et le changement de couleur de différentes surfaces, etc.», a précisé M. Stewart.
Mais les changements dépendent de la configuration de chaque ville, et il n'existe pas d'approche unique, selon James Voogt, professeur de géographie et d'environnement à l'Université Western.
«On ne peut pas nécessairement appliquer les mêmes solutions partout. Les meilleures solutions dans une ville ne sont pas forcément les mêmes ailleurs», a affirmé M. Voogt lors d'une entrevue via Zoom avec CTV News samedi.
«Je pense que les solutions doivent également s'étendre à toutes les échelles. Il faut donc réfléchir à la conception des bâtiments, à la manière dont ils doivent être réglementés en termes de construction, d'isolation et de gestion de la chaleur.»
Mme Khirfan estime que de nombreuses villes du pays ont déjà pris beaucoup de retard et risquent de ne pas suivre le rythme du changement climatique.
«Cela aurait dû être fait hier. Le nombre de personnes qui meurent à cause de la chaleur urbaine est de loin le plus dangereux et le plus inquiétant, et nous devons nous en occuper», a soutenu Mme Khirfan.
«Si nous faisons preuve d'audace, nous pouvons y parvenir en une décennie. Si nous ne le faisons pas, cela pourrait durer 30 à 50 ans, jusqu'à ce que la situation empire et qu'il devienne inévitable d'agir.»