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Les organisations font souvent appel à Annie Korver pour les aider à élaborer un plan d'action de réconciliation.
Lorsqu'Annie Korver rencontre un nouveau client, qu'il s'agisse d'une grande ou petite entreprise, elle l'encourage à se concentrer d'abord sur l'aspect vérité de la «Vérité et Réconciliation».
Les organisations font souvent appel à Mme Korver pour les aider à élaborer un plan d'action de réconciliation, terme désignant un document officiel énonçant ce qu'une entreprise prévoit de faire pour améliorer ses relations avec les peuples autochtones du Canada.
La fondatrice et directrice de RISE Consulting, basée à Fernie en Colombie-Britannique, affirme que les entreprises doivent d'abord faire face à la réalité du passé douloureux de ce pays.
«Je leur demande: "Quelles expériences avez-vous vécues? Avez-vous lu des livres? Avez-vous été dans une communauté [autochtone]?" et ça m'aide à formuler des recommandations sur la manière dont nous pourrions avancer ensemble», a expliqué Mme Korver.
«Nous commençons toujours par le commencement, avec l’histoire des injustices causées par le colonialisme, car beaucoup de gens ne la connaissent toujours pas. C’est la norme, en fait. Ils diront: "On ne m’a pas appris ça".»
Cela fait presque dix ans que la Commission de vérité et réconciliation a publié son rapport final résumant l’héritage des pensionnats au Canada. Dans ce rapport, la commission a inclus un appel à l’action pour que les entreprises canadiennes prennent des engagements envers les peuples autochtones dans divers domaines, notamment la consultation, l’établissement de relations saines, l’emploi et la formation.
Alors que de nombreuses entreprises s’efforcent de répondre à cet appel, la situation a aussi créé des opportunités pour les entreprises dirigées par des autochtones comme celle de Mme Korver. Chez RISE, Mme Korver et ses associés offrent tout; des conseils sur la façon de décoloniser la marque d’une entreprise jusqu’à la façon d’élaborer une stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtone.
Une autre société de conseil, Eagle Spirit Business Development, compte une formation à la sensibilisation culturelle parmi les services qu’elle offre à ses clients d’entreprise. Jeremy Thompson, fondateur de la société et dont le bureau est situé sur la nation Tsuut’ina, près de Calgary, explique qu’il aide ses clients à reconnaître que certaines expressions et termes de la vie quotidienne qu’ils utilisent dans leur entreprise peuvent être offensants pour les Canadiens autochtones.
«L’une des expressions les plus courantes est le totem, comme dans l'expression [anglaise] "I'm the low man on the totem pole" (je suis tout en bas du totem)», explique M. Thompson.
«Et bien souvent, les gens utilisent pow-wow pour désigner une réunion de collègues.»
M. Thompson fait également office d’intermédiaire entre les entreprises et les communautés autochtones, aidant à faire des présentations lorsque les entreprises veulent faire des affaires ou construire un projet sur les terres des Premières Nations.
Ce genre de rôle n’est pas nouveau: les entreprises embauchent depuis longtemps des conseillers en relations autochtones pour les aider à se frayer un chemin, d’autant plus que le consentement autochtone est devenu indispensable lorsqu’il s’agit d’obtenir l’approbation réglementaire pour des projets majeurs tels que des oléoducs ou des lignes de transport d’électricité.
Selon M. Thompson, même si certaines entreprises considèrent encore l’engagement envers les autochtones comme une case à cocher, l’appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation a incité d’autres à véritablement essayer de faire mieux.
«Certaines entreprises s'en tiennent encore aux exigences minimales parce qu’elles doivent le faire pour obtenir un statut réglementaire ou de projet», a-t-il déclaré.
«Mais certaines, et je travaille avec une entreprise comme celle-ci aujourd’hui, vont vraiment au-delà de ce qui leur est demandé […] elles font des choses parce qu’elles le veulent, pas parce qu’elles y sont obligées.»
Certaines des plus grandes entreprises canadiennes disposent d’experts internes et externes pour les aider à atteindre leurs objectifs de réconciliation. À la Banque de Montréal (BMO), un groupe consultatif externe sur les relations autochtones fournit des conseils, mais la banque a également des postes internes dédiés.
Par exemple, Clio Straram, responsable des services bancaires aux autochtones chez BMO, dirige une équipe dédiée à l’offre de services financiers aux communautés autochtones. Amanda Ens s’efforce quant à elle d’améliorer les pratiques de recrutement de la banque en tant que responsable de la stratégie de talents autochtones.
Cette dernière raconte qu'en tant que femme autochtone dont la famille a été directement touchée par les pensionnats pour Autochtones, elle est très heureuse que sa voix contribue désormais aux décisions qui soutiennent les peuples autochtones.
Mme Straram a affirmé qu'elle estime que son travail est l'un des plus gratifiants au sein de la banque.
«La chose la plus courante que nous faisons, qui consiste à prêter aux Premières Nations et aux gouvernements autochtones pour la construction d'infrastructures dans les réserves et dans leurs communautés [...] a un impact important sur la vie des gens.»
Mme Korver de RISE Consulting a déclaré que l'un des meilleurs aspects du travail avec des clients d'entreprise sur des questions autochtones est d'être témoin de moment de réalisation. Ils surviennent généralement lorsqu'elle dirige une séance de formation en milieu de travail pour des employés non autochtones, dont beaucoup n'ont jamais sérieusement réfléchi à des questions comme la réconciliation économique ou la décolonisation.
«Vous pouvez le voir par la chair de poule sur leur peau, ou parfois leurs yeux qui se remplissent de larmes. Ils ont vécu un petit changement. Grâce à ça, ils utiliseront leur pouvoir et leur influence avec plus de zèle pour soutenir l'avancement de la vérité et de la réconciliation», a-t-elle expliqué.
«J'adore ces moments-là.»