Les CHSLD privés conventionnés atteindront bientôt le point de rupture.
Leur entente avec le gouvernement ne couvre pas la hausse rapide des dépenses et si rien n'est fait d'ici au 31 mars, les établissements seront déficitaires.
Ils avaient réclamé récemment un financement spécial de 25 millions $ pour les dernières semaines de l'année financière, mais le gouvernement caquiste n'a pas donné suite à la demande urgente.
L'association qui représente ces établissements avait laissé entendre que 1200 des 7600 lits pourraient être fermés faute de financement adéquat.
Une rencontre qui était prévue la semaine dernière avec la ministre responsable des Aînés, Sonia Béalnger, a été reportée, en raison de son emploi du temps, à la mi-mars, à la reprise des travaux parlementaires.
Pour la directrice générale de l’Association des établissements privés conventionnés (AEPC), Annick Lavoie, le temps file et il y a urgence d'agir.
À voir également: Grands oubliés de la COVID-19 il y a 5 ans, les CHSLD sont-ils mieux protégés aujourd’hui?
«C'est stressant, parce que passé le 31 mars, les établissements seront dans le rouge», a-t-elle déclaré dans une entrevue avec La Presse canadienne mardi, où elle a fait part de son inquiétude.
«La notion d'urgence n'est peut-être pas la même pour tous, et là, si on vous le dit, maintenant, si on tire la sonnette d'alarme, c'est parce que là, on en a besoin.»
En outre, l'association souhaite soumettre ses demandes en vue du dépôt du budget du ministre Eric Girard dans les prochaines semaines, mais Mme Lavoie craint que toutes les décisions soient déjà prises sans que ses membres aient pu se faire entendre.
«J'imagine que le gouvernement a une marge de manoeuvre, ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini», espère-t-elle.
«Il faut s'asseoir avec le gouvernement de façon à ce qu'on revoie les règles de financement», a-t-elle exigé, parce qu'actuellement, «l'ensemble du modèle (des CHSLD privés conventionnés) est en péril, les établissements sont en péril».
C'est que l'entente avec le gouvernement, renouvelée d'année en année, ne couvre pas la forte inflation annuelle qui a perduré depuis la pandémie.
L'écart qui s'est creusé entre les dépenses et les enveloppes attribuées par l'État pour accomplir la mission est estimé à 12 % par l'AEPC, qui réclame une indexation alignée sur l'Indice des prix à la consommation.
L'association demande le retour des ententes de financement à plus long terme, sur cinq ou six ans, comme c'était le cas avant 2015, pour plus de prévisibilité.
«On ne serait pas obligé de crier au secours chaque année parce qu'on aura pérennisé un modèle efficient», a plaidé Mme Lavoie.
C'est la troisième fois en trois ans que l'AEPC demande une aide supplémentaire à la toute fin de l'année, signe que l'enjeu est récurrent. L'organisme avait obtenu 15 millions $ au cours des années précédentes.
Selon les données fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux, Québec versera un financement net total de 1, 063 milliard $ en 2024-2025 aux 71 CHSLD privés conventionnés, incluant des établissements qui ont été récemment conventionnés et qui ne font pas partie de l'association.
L'entente actuelle comporte trois volets: un volet clinique, un volet immobilier et un autre pour les dépenses d'exploitation.
Le gouvernement verse 378,4 millions $ pour ce dernier volet, mais il est grandement déficitaire, déplore l'AEPC.
Il couvre notamment le personnel administratif, le personnel d'entretien, les dépenses de fonctionnement, l'alimentation, le chauffage, etc.
La composante immobilière est aussi insuffisante, juge l'AEPC. Elle s'élève à 41,7 millions $, or certains propriétaires ont du mal même à payer leurs taxes municipales.
L'AEPC regroupe 29 propriétaires-gestionnaires qui représentent 65 établissements et installations, dont deux hôpitaux de réadaptation.
Les CHSLD privés conventionnés sont des entreprises privées qui fournissent un service public, selon des paramètres définis par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Les tarifs mensuels payés par les résidants sont les mêmes dans les CHSLD privés conventionnés que dans les CHSLD gérés par l'État.

