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Christine Labrie s’oppose à l’inclusion du droit à l’avortement dans la constitution du Québec

«On ne veut pas de restriction sur l’avortement au Québec», dit-elle.

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Christine Labrie s’oppose à l’inclusion du droit à l’avortement dans la constitution du Québec Christine Labrie s’oppose à l’inclusion du droit à l’avortement dans la constitution du Québec

Dans son projet de créer une loi constitutionnelle québécoise, la Coalition avenir Québec (CAQ) souhaite inclure explicitement le droit à l’avortement. À première vue, ça semble bien. Toutefois, des groupes se portant la défense des droits des femmes craignent qu’une telle mesure fragilise le droit plutôt que de le protéger.

C’est également l’opinion de la députée solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie.

«On ne veut pas de restriction sur l’avortement au Québec. Et la meilleure façon de s’assurer qu’il n’y en ait pas, c’est que ça ne soit pas écrit dans une loi», soutient Mme Labrie, lors d’un point de presse, ce lundi.

Inscrire le droit à l’avortement dans la constitution québécoise aurait pour effet d’ouvrir la porte aux contestations juridiques ou d’imposer des restrictions à l’avortement, soutiennent des groupes à la défense des droits des femmes, notamment SOS grossesse Estrie et le Collectif pour le libre choix.

«Pourquoi aurait-on besoin d’une loi pour procéder à un avortement quand on n’a pas de loi pour avoir une opération à l’appendicite ou un remplacement de hanche? C’est carrément ridicule», exprime la coordonnatrice au Collectif, Johanne Bilodeau.

Parenthèse historique: au Canada, le droit à l’avortement est protégé par la jurisprudence de la Cour suprême — le plus haut tribunal au pays. La décision de 1988, R. c. Morgantaler, a sécurisé le droit à l’avortement dans le droit canadien, ce qui a été confirmé à maintes reprises par les tribunaux.

Les groupes à la défense des droits des femmes demandent donc à la CAQ le statu quo.

«C’est ce qu’on demande au gouvernement de continuer et de nous écouter. On le voit sur le terrain, ça va être dangereux», prévient la directrice de SOS grossesse Estrie, Paskale Hamel.

L’ancienne ministre de la Condition féminine, Martine Biron, avait aussi tenté d’inscrire le droit à l’avortement dans une loi. Après avoir fait face aux mêmes arguments présentés aujourd’hui en faveur du contraire, elle avait renoncé à son projet en 2023.

La députée de Sherbrooke admet la bonne intention du gouvernement de tenter de protéger les femmes. Elle soutient toutefois qu’il ne s’y prend pas de la bonne façon.

«Je vais toujours faire plus confiance à des femmes qui consacrent leurs vies à défendre le droit à l’avortement [...] je vais faire plus confiance à ces femmes-là qu’à des ministres qui n’ont pas d’utérus», renchérit Mme Labrie.