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«Les paroles de M. Trump sont plus blessantes que les gestes jusqu'à maintenant.»
Il faut «montrer des dents et se relever les manches» dans la guerre commerciale actuelle avec les États-Unis, plaide le candidat à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) Charles Milliard, qui réclame pour le Québec sa juste part des droits de douane imposés par le gouvernement fédéral.
Il a appelé à garder la tête froide devant les menaces du président Donald Trump.
«Les paroles de M. Trump sont plus blessantes que les gestes jusqu'à maintenant», a fait valoir M. Milliard, dans une entrevue avec La Presse Canadienne pour faire connaître sa plateforme économique.
Il propose des baisses d'impôt pour les petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que le retour à l'équilibre budgétaire s'il est élu chef du PLQ en juin puis premier ministre au scrutin de 2026.
Ottawa a annoncé mercredi qu'il imposera des droits de douane de rétorsion de 25 % sur 29,8 milliards $ d'importations provenant des États-Unis.
«Je veux absolument que le Québec ait sa part de ces droits de douane», a dit M. Milliard.
«Pour soutenir les travailleurs, pour soutenir les entreprises, c'est important que, tout de suite, on négocie la répartition des droits de douane.»
Selon lui, c'est un premier test pour le nouveau premier ministre Mark Carney, pour «montrer qu'il comprend la fédération canadienne, que la fédération est la somme de toutes les provinces qui sont souveraines dans leurs champs de compétence».
M. Milliard veut aussi miser sur le commerce interprovincial et reproche au gouvernement de ne pas vraiment croire aux atouts de la fédération canadienne.
Enfin, en ces temps d'incertitude, il est temps pour le Québec de diversifier ses marchés, d'exploiter pleinement l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, mais aussi le Partenariat transpacifique, avec les pays d'Asie, d'Océanie et d'Amérique latine, a-t-il prôné.
M. Milliard présente une plateforme résolument orientée vers les PME, tout en s'engageant à ne pas augmenter les impôts des particuliers.
«Je veux faire du Québec un paradis de l'entrepreneuriat», a dit celui qui était auparavant président de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
Coïncidence, son adversaire dans la course, l'ancien ministre fédéral Pablo Rodriguez, avait également présenté un plan économique la veille, mais avec des principes plus généraux, dans le contexte de la guerre commerciale avec les États-Unis.
M. Milliard y va avec des mesures précises pour que l'économie redevienne «la priorité du PLQ», écrit-il dans son programme qui a été confectionné notamment avec l'aide de l'ancien ministre des Finances Raymond Bachand.
«C'est bien beau d'avoir de grandes annonces avec des multinationales, mais foncièrement, le Québec est une nation de PME et ce sont elles qui font vivre et grandir nos régions, et moi, je veux être le candidat des PME et des régions, les deux vont de pair», a plaidé M. Milliard dans un entretien téléphonique.
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Un premier ministre Milliard réduirait graduellement le taux d'imposition des PME de 11,5 % à 10 %. L'économie d'impôt s'élèverait à environ 3000 $ pour une entreprise dont le revenu imposable est de 150 000 $.
Aussi, il offrirait aux entreprises une exemption de base sur le premier million de dollars de salaires pour la cotisation au Fonds des services de santé, sur cinq ans, afin que les taxes sur la masse salariale soient comparables à celles des autres provinces.
«C'est un frein à la compétitivité et au développement», a-t-il déploré.
Avec ces mesures, il souhaite entre autres encourager le reprenariat puisque plusieurs entreprises n'ont pas de relève, mais aussi inciter des Québécois à se lancer en affaires.
Plus de 20 000 entreprises sont à vendre au Québec actuellement, rappelle-t-il.
«Je veux que les gens aient envie de sauver des entreprises et de créer des emplois, de remplir les parcs industriels et les rues principales de nos municipalités.»
Il n'a pas pu préciser combien coûteraient ces mesures au Trésor, mais il compte sur l'augmentation du nombre d'entreprises pour créer davantage de richesse.
En outre, il souhaite auparavant constater l'état des finances publiques lors du dépôt du budget du ministre Eric Girard dans deux semaines: les pronostics ne sont pas encourageants après le déficit de 11 milliards $ de l'an dernier.
Un gouvernement Milliard s'engagerait d'ailleurs à présenter dès son arrivée au pouvoir un plan de retour à l'équilibre budgétaire et de réduction de la dette.
L'aspirant à la direction du PLQ riposte ainsi au gouvernement caquiste qui tarde à présenter le sien.
Accélérer le retour à l'équilibre budgétaire sur quatre ans? Sur cinq ans? M. Milliard attend de voir le portrait des finances publiques. La population doit-elle craindre des compressions massives, «l'austérité» tant décriée durant les années du gouvernement Couillard?
Il s'engage à préserver les services de santé et l'éducation, mais aussi la culture.
«Il y a des garanties pour moi qui sont très importantes», a-t-il fait valoir.
«Le pacte social est brisé au Québec, les gens paient pour des services qu'ils n'obtiennent pas. Le maître mot, c'est de ne pas couper dans les services en éducation, en santé et dans la culture.»
Rappelons que l'élection du futur chef du PLQ aura lieu le 14 juin.
Outre MM. Milliard et Rodriguez, l'avocat Marc Bélanger est dans la course, tandis que l'ancien maire Denis Coderre a lancé la serviette.