Le gouvernement du Québec a présenté la quatrième mise à jour du Plan pour une économie verte 2030 (PEV 2030), financé par le marché du carbone, qui prévoit 10,1 milliards $ sur cinq ans.
Selon le gouvernement, le Plan de mise en œuvre 2025-2030 permettra de réaliser 65 % des mesures pour atteindre l’objectif de 37,5 % de réduction de gaz à effet de serre d’ici à 2030.
Ce pourcentage constitue un recul si on le compare avec la dernière mise à jour annuelle du plan, présentée au même moment l’an dernier, qui indiquait que le gouvernement avait identifié et financé 67 % des mesures pour atteindre l’objectif de 37,5 %.
Selon le Plan de mise en oeuvre, un document d'une soixantaine de pages publié jeudi, cette légère révision à la baisse s’explique, entre autres, «par l’incertitude économique et politique engendrée par l’arrivée de la nouvelle administration fédérale américaine».
L’incertitude économique créée par l’imposition de droits de douane aurait pour effet «de freiner les investissements, y compris ceux en décarbonation». Également, les actions de l'administration Trump qui visent à «renverser les mécanismes de tarification du carbone de différents États américains créent une pression négative sur les prix de marché et, par conséquent, sur les réductions d’émissions de GES».
Un avantage dans l'UE
À l’inverse, souligne le plan du gouvernement, l’entrée en vigueur, en 2026, d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne devrait favoriser les entreprises du Québec.
«Ce règlement appliquera aux produits importés dans le territoire douanier de l’Union européenne une tarification carbone équivalente à celle imposée aux fabricants européens» et «le marché du carbone du Québec pourrait permettre aux entreprises québécoises d’accéder aux marchés européens sans être pénalisées par cette tarification supplémentaire, un avantage dont ne bénéficieront pas les autres provinces canadiennes».
8 milliards $ pour décarboner
La mise à jour du PEV 2030 inclut presque 8 milliards $ pour des programmes de décarbonation et d’efficacité énergétique.
Sur ce montant, 376 millions $ sont prévus pour l’électrification des véhicules légers, 974 millions $ pour le maintien et le développement du transport collectif, 415 millions $ pour l’électrification du transport lourd, 1,7 milliard $ pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur industriel et 545 millions $ pour augmenter l’efficacité énergétique des bâtiments.
La quatrième mise à jour du Plan pour une économie verte 2030 prévoit également des mesures pour «soutenir la transformation de la société et de l’économie», ce qui inclut 226 millions $ pour l’innovation, 411 millions $ pour la transition climatique dans le milieu municipal et 187 millions $ pour le secteur bioalimentaire.
Plus d'un milliard pour l'adaptation
Une somme de 1,3 milliard $ est prévue dans le plan pour réduire les risques associés aux catastrophes naturelles.
De ce montant, 143 millions $ doivent servir à la réduction de risques d’érosion et de submersion côtières dans les régions maritimes, et 177 millions $ devraient être consacrés à des projets d'adaptation «aux risques liés à la chaleur et aux pluies abondantes».
Une somme de 305 millions $ servirait à la planification et la mise en place des solutions d’adaptation aux inondations, 28 millions $ pour la réduction des risques liés aux feux de forêt, et 123 millions $ sont prévus pour soutenir les entreprises et les secteurs économiques particulièrement vulnérables aux changements climatiques.
Un coût de 13 $ par mois aux Québécois
Le Plan pour une économie verte est financé en grande partie par le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC), qui a remplacé le Fonds vert en 2020. Le financement du FECC provient quant à lui principalement des revenus du marché du carbone, créé en 2013.
En moyenne, selon le plan publié jeudi, «le coût du marché du carbone qui s’ajoute à celui de l’essence (8,5 cents/litre) représente une dépense supplémentaire de 13 $ par mois pour un ménage québécois».
En revanche, les programmes financés par le FECC, comme ceux énumérés dans le plan publié jeudi, permettent aux ménages, dans certains cas, de réaliser des économies.
Par exemple, souligne le document, des travaux d'isolation du toit peuvent permettre des économies moyennes de 400 $ par année.
«À l’achat d’un véhicule électrique, en tenant compte du faible coût de l’électricité au Québec, un ménage peut économiser en moyenne 235 $ par mois sur l’essence et l’entretien», peut-on également lire.
Ce plan, selon le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, «apporte des bénéfices tangibles aux citoyennes et aux citoyens» et «contribue à réduire les factures d’énergie, à soutenir des industries d’avenir, à améliorer la qualité de l’air et à rendre nos collectivités plus résilientes».
Le Plan de mise en œuvre 2025-2030 est accompagné d'un message du ministre Charette, qui rappelle que «le climat mondial se réchauffe rapidement» et que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée.
«Ici même, au Québec, les catastrophes naturelles se multiplient: feux de forêt, inondations records, érosion du littoral. Ce sont des rappels concrets de l’urgence d’agir. Nous demeurons fermement engagés dans la lutte contre les changements climatiques, car il en va de notre résilience collective, de notre prospérité économique et de la qualité de vie de notre population», a écrit le ministre.

