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«C’est dangereux; ça ne circule plus dans les deux sens.»
Né dans la contestation, l’aménagement d’une plage publique à la berge aux Quatre-Vents, dans Laval-Ouest, suscite encore la colère des riverains trois ans après son ouverture.
Par Stéphane St-Amour, Courrier Laval | Initiative de journalisme local
«C’est le bordel», lance un résident de la 13e Avenue, croisé devant chez-lui à un kilomètre de la plage, en évoquant la circulation et toutes ces voitures garées sur cette petite rue résidentielle dépourvue de trottoir. Un sentiment corroboré par les deux voisins avec qui il discutait.
Ce cri du cœur fait écho à ce qu’on pouvait lire cet été sur les réseaux sociaux, notamment dans les nombreux commentaires qu’a générés une publication sur la page Facebook de Tourisme Laval annonçant l’ouverture de la nouvelle saison, le 19 juin dernier.
Par beau temps, les rues avoisinantes sont bondées de voitures stationnées sauvagement en bordure des propriétés, empiétant souvent sur la pelouse et bloquant parfois partiellement les entrées charretières des résidents.
Quant à la rue Riviera, bordant la plage, elle est à sens unique depuis 2021. «Les gens y roulent à contre-sens et nous engueulent quand on les avise», poursuit Mme Jarosova. J’adorais aller à la plage avec mes chiens; maintenant, j’évite le coin».
Lors de notre passage, le samedi 24 août en après-midi, en moins d’une heure, on a pu observer une bonne douzaine de voitures circuler en sens contraire, deux roues dans la bande piétonne.
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Richard Lamothe, dont la demeure donne face à la plage, en avait également long à dire sur la façon dont le site est géré. «C’est pitoyable», lâche-t-il, affirmant que «c’est pire d’une année à l’autre».
Parmi ses griefs, le manque d’entretien et la négligence de la Ville à mettre les bacs à la rue en vue de la collecte à trois voies. «Ça pu la charogne», poursuit le riverain qui, à la mi-juillet, publiait sur les réseaux sociaux une photo d’un bac à compost où proliféraient les asticots.
«Ce qu’on demande, c’est une plage propre, paisible et sécuritaire», rappelle le citoyen qui veille du mieux qu’il peut à l’entretien de la plage, soulignant au passage la vitesse excessive sur Riviera, la musique à tue-tête, les rassemblements nocturnes, la consommation d’alcool et les feux de camp qui troublent la quiétude du voisinage.
À cet égard, la Ville fait valoir que «la berge aux Quatre-Vents est un endroit connu des policiers et des patrouilles périodiques y sont effectuées pour maintenir l'ordre et la tranquillité publique».
Conseiller aux affaires publiques, Jonathan Lévesque poursuit: «Les agents sont attentifs à toutes les situations et interviennent en conséquence pour garantir le respect des règlements municipaux et assurer la sécurité des résidents et des visiteurs. Une étroite collaboration avec les sauveteurs sur place permet d’identifier certaines problématiques et d’intervenir adéquatement le cas échéant.»
Pour sa part, la présidente du Comité Citoyens de Laval-Ouest, Shirlee Biron, reconnaît que «l’achalandage apporte toujours son lot d’inconvénients», nécessitant une surveillance accrue des autorités.
Pour pallier le manque de stationnement au pourtour du site, elle suggère, entre autres, d’aménager des aires de stationnement incitatif en périphérie munies de stations de location de vélos.
Le conseiller municipal de Laval-Les Îles, Nicholas Borne, tient à rassurer les riverains: l'aménagement de la plage à la berge aux Quatre-Vents est toujours en évolution.
«À chaque année, on essaie de s'améliorer», dit celui qui affirme être «en communication constante avec les citoyens» afin d'améliorer l'expérience vécue sur la berge et atténuer les irritants dans le voisinage.
Depuis l'officialisation du statut de plage publique, il y a trois ans, plusieurs mesures ont été mises en place, rappelle-t-il.
Au bout du fil, il cite le règlement interdisant les feux d'artifice sur le site, le marquage au sol de bandes piétonnes et cyclables, le sens unique et l'élimination du stationnement sur la rue Riviera, les mesure d'effarouchement de bernaches sur la plage et la récente mise en chantier d'un chalet d'accueil, coin Riviera et 13e Avenue.
Les citoyens qui réclamaient des dos d'âne sur la portion de la rue Riviera comprise entre la 20e et la 30e Rue, bordant la plage, verront leur requête aboutir en 2025, informe M. Borne.
Précisons qu'un parc avec module de jeux pour enfants est situé à l'angle de Riviera et la 30e Rue, un coin particulièrement dangereux où les riverains souhaitaient voir réduire la vitesse.
Les résidents des rues avoisinantes qui rêvent d'un système de vignette de stationnement pour retrouver une peu de quiétude n'auront pas la même chance, cette solution ayant été rejetée par la Ville qui a plutôt opté pour déployer des mesures encourageant la mobilité active, mentionne M. Borne.
Mais ce dont souhaite surtout Nicholas Borne, c'est de permettre éventuellement un accès à la plage pour un plus grand nombre de jours.
Cet été, par exemple, la Ville a été contrainte de fermer la plage pour 37 des 68 jours de la saison qui s'est clôturée le 25 août. Essentiellement en raison d'une eau jugée impropre à la baignade.
En cause: la présence d'un émissaire pluvial tout juste en amont de la plage qui, lors de fortes pluies, rejette dans la rivière le trop-plein délesté par un ouvrages de surverse. Ces débordements transportent notamment des eaux usées domestiques.
Cela dit, la Ville procède systématiquement à des tests bactériologiques avant d'ouvrir la plage à la population.
La solution? Déplacer l'exutoire, explique M. Borne, ce qui implique des études et analyses de même que des investissements de plusieurs millions de dollars. L'élu espère un jour inscrire ces travaux au Programme triennal d'immobilisations (PTI) de la municipalité.
l'objectif au départ était de «conserver sa vocation de plage de quartier», le conseiller municipal reconnaît qu'il est à toutes fins pratiques impossible de limiter l'accès d'une plage publique.
«C'est bucolique comme endroit; on ne peut pas empêcher les gens d'y aller», plaide-t-il, ajoutant qu'`on aménage les berges pour que les gens se les réapproprient'.
Quant au vif intérêt qu'a suscité l'officialisation de la plage à Laval-Ouest en 2022, il fait valoir que la Ville est un peu «victime de son succès», non sans préciser qu'il s'y est rendu une dizaine de fois cet été et que «chaque fois, l'expérience a été agréable».