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«Vous savez, payer un loyer et ne rien savoir après 28 ans, c'est assez dévastateur...»
Un populaire restaurant du centre-ville de Montréal affirme avoir été pris au dépourvu lorsque leur propriétaire a décidé de mettre leur immeuble en location sur le web, et ce, sans avertir le restaurateur.
Nilufar, restaurant spécialisé en cuisine du Moyen-Orient, notamment en falafels, a ouvert ses portes le 31 octobre 1994 sur la rue Sainte-Catherine.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
La gérante de la boutique familiale, Nilufar Al-Shourbaji, dont les parents ont donné son nom au restaurant, raconte s’être réveillée mardi après avoir reçu un message texte d’un ami lui demandant pourquoi son restaurant était à louer dans une annonce sur le web.
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«Vous savez, payer un loyer et ne rien savoir après 28 ans, c'est assez dévastateur», a confié Mme Al-Shourbaji en entrevue à CTV News.
If you’re wondering, no we didn’t know about this 💔
— Restaurant Nilufar (@resto_nilufar) November 8, 2022
After almost 3 decades of being their tenants, you’d think our landlords would give us some sort of notice so that we wouldn’t find out through a listing.
For all catering inquiries text (514)262-9032 ❤️ pic.twitter.com/e5DusbxGTt
La dame explique qu'après près de trois décennies, la fermeture du magasin était bel et bien envisagée par la famille, mais cette dernière aurait souhaité que le propriétaire ait géré la situation autrement.
Des dizaines de clients ont exprimé leur consternation sur les réseaux sociaux à la suite de la publication de l’annonce.
«C’est une énorme perte. J’ai survécu grâce aux combos de falafels Nilufar tout au long de mes études supérieures dans les années 2000 et 2010. Je suis vraiment triste de vous voir partir, surtout de cette façon», a écrit une personne sur Twitter.
Joint par téléphone mardi après-midi, Amcor Holdings, la société immobilière responsable de l'immeuble, a répondu que le locataire payait un loyer mensuel depuis 2012 et qu'il n'y avait aucune obligation pour eux de l’informer.
«Nous n’avons pas besoin de les avertir parce que nous n’avons pas pris de mesure ou de décision, mis à part commercialiser le lieu pour connaitre sa valeur, a avancé Alexander Wagner, directeur des opérations de l'entreprise. Nous ne les avons pas expulsés du bâtiment, nous ne leur avons pas demandé de partir.»
M. Wagner a répliqué que le restaurant payait moins que son réel loyer en raison d’un accord mutuel lors de la dernière décennie. Selon le directeur, Amcor essaie maintenant de déterminer s'il y a des locataires qui souhaitent reprendre l'emplacement. S'il y en a, Amcor laissera Nilufar égaler la meilleure offre qu'ils obtiendront, a-t-il ajouté.
«Ces bâtiments ne rapportent pas d'argent parce qu'ils s'effondrent et nous ne pouvons pas obtenir de zonage de la ville», a lancé M. Wagner.
De son côté, Mme Al-Shourbaji indique qu’elle n’a pas l’intention d’égaler l’offre proposée.
«Même s'ils ne trouvent pas quelqu'un pour louer l'endroit. Je ne voudrais plus rester là», a-t-elle confié.
Le loyer demandé sur l’annonce est de 3170 $ par mois.
La famille réitère que le propriétaire aurait dû les contacter d’avance avant de publier cette annonce. Mme Al-Shourbaji est consciente que l’entreprise n’est pas obligée de le faire, mais que cela est «moralement la chose à faire».
Les clients pourront tout de même retrouver les falafels du Nilufar, alors que l'entreprise familiale prévoit poursuivre ses services de traiteur à partir de son usine de Saint-Laurent.
En automne 2020, Nilufar a récolté des fonds afin de distribuer plus de 200 sandwichs gratuits aux personnes vulnérables. Dans les mois qui ont suivi, environ 2000 sandwichs ont été distribués à des personnes dans le besoin. Maintenant, le restaurant ressent également l'amour à travers une vague de soutien qui, selon Mme Al-Shourbaji, est «extrêmement chaleureuse».
«Ça me fait mal de savoir que ces gens sont blessés. Ça me fait mal de savoir que, même si ce n'est pas de ma faute, je vais indirectement faire du mal aux gens et priver des gens de nourriture qui ont vraiment besoin de nous. Nous sommes l'un des seuls endroits abordables qui restent dans la ville et qui servent de la nourriture saine», a-t-elle déploré.
«C'est dur de voir les messages et c'est dur de les lire. Un jour, je pourrai, mais pour l'instant, c'est assez triste.»