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Ce que l'on sait du remaniement gouvernemental en Ukraine

Voici ce que l’on sait de cette réorganisation entérinée par la démission du gouvernement votée mercredi par les députés ukrainiens.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux journalistes lors de la Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine au centre des congrès La Nuvola à Rome, le jeudi 10 juillet 2025. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse aux journalistes lors de la Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine au centre des congrès La Nuvola à Rome, le jeudi 10 juillet 2025. (AP Photo)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé un remaniement gouvernemental d'ampleur en nommant notamment une première ministre, avec l'ambition de donner une nouvelle impulsion politique au pays en guerre contre la Russie depuis plus de trois ans.

Voici ce que l'on sait de cette réorganisation entérinée par la validation jeudi au parlement de la nomination de Ioulia Svyrydenko à la tête de la nouvelle équipe, composée de nombreuses figures loyales à M. Zelensky.

Une première ministre avec de solides connexions américaines

Ioulia Svyrydenko, 39 ans, prend la tête du nouveau gouvernement avec un programme de renforcement de l'économie du pays et d'accroissement de la production d'armes.

Sa nomination, annoncée lundi par Volodymyr Zelensky, a été entérinée par le parlement ukrainien jeudi.

Ministre de l'Économie sortante, elle s'est déjà illustrée lors de la finalisation de l'accord sur les minerais avec Washington, dont les négociations houleuses ont failli mettre en péril les relations entre les deux pays.

«Elle a été le personnage clé, menant les négociations seule. Elle a réussi à empêcher qu'elles n'échouent», a déclaré à l'AFP Tymofiy Mylovanov, un ex-ministre de l'Économie qui a travaillé avec Mme Svyrydenko.

Les analystes s'accordent à dire qu'elle a gagné le respect des partenaires américains, y compris de responsables haut placés.

«Trump et son administration sont désormais une priorité pour l'Ukraine. Svyrydenko a fait ses preuves à ce niveau, et continuera à les faire», a estimé l'analyste politique Volodymyr Fessenko.

Une nouvelle ambassadrice pour les États-Unis

Le président Zelensky a choisi la ministre sortante Olga Stefanichyna comme nouvelle ambassadrice aux États-Unis, mais sa nomination doit encore être approuvée par Washington.

Elle remplacera Oksana Markarova, qui a contribué à organiser le lancement de l'aide américaine au moment du déclenchement de l'invasion et a cultivé de bonnes relations avec l'administration Biden.

Mais sa proximité avec les responsables démocrates est devenu un handicap au retour à la Maison Blanche de Donald Trump, grand adversaire de Joe Biden.

Le républicain avait aussi vertement critiqué l'aide chiffrée à plusieurs milliards de dollars accordée à Kyiv par son prédécesseur.

Mais il a fait volte-face il y a quelques jours, annonçant un réarmement d'ampleur de l'Ukraine via un accord avec l'OTAN et donnant 50 jours à la Russie pour trouver un accord de paix, sous peine de sanctions.

Olga Stefanichyna, elle aussi impliquée dans les négociations de l'accord sur les minerais, doit «maintenir la dynamique» avec les États-Unis, a indiqué M. Zelensky.

La nomination d'Olga Stefanichyna est inattendue, Volodymyr Zelensky ayant d'abord laissé entendre que ce poste serait destiné au ministre de la Défense sortant, Roustem Oumerov.

M. Zelensky n'a pas fourni d'explication concernant ce changement d'avis, ni indiqué si M. Oumerov prendrait d'autres fonctions.

Un contrôle présidentiel accru?

Les rivaux du président ukrainien l'accusent depuis longtemps de chercher à consolider son pouvoir, et certaines critiques ne voient dans la nomination de Mme Svyrydenko qu'une nouvelle étape dans ce processus.

Elle est considérée comme loyale à Andriï Iermak, le très influent chef de l'administration présidentielle.

Un article du respecté journal indépendant Ukrainska Pravda décrit ce remaniement comme un «renforcement du chef du cabinet présidentiel — si c'est encore possible».

«Il est évident que l'influence de l'administration présidentielle va croître», a déclaré à l'AFP le député de l'opposition Mykola Kniajytsky.

«Les autorités poursuivent une politique de centralisation et refusent le dialogue», a-t-il accusé.

 Quels autres changements sont attendus?

Le premier ministre sortant, Denys Chmygal, un technocrate sans prétention, prendra la tête du ministère de la Défense, a dit M. Zelensky.

D'après M. Fessenko, sa nomination devrait «mettre de l'ordre» dans cette institution mise à mal par des scandales de corruption à répétition.

Après le vote au parlement jeudi validant la nomination de Ioulia Svyrydenko, les députés doivent encore approuver l'ensemble de son nouveau gouvernement, les commentateurs politiques s'attendant à d'autres changements, notamment au ministère de l'Énergie.