La santé publique de l’Estrie n’a trouvé aucune évidence que le fait de vivre dans la région du Val-Saint-François augmenterait le risque de développer la sclérose latérale amyotrophique (SLA).
C’est ce qu’a conclu l’enquête déclenchée en décembre dernier après qu’une citoyenne a dénombré une dizaine de cas de la maladie neurodégénérative provenant d'une «même communauté».
À voir aussi: Des cas de SLA inquiètent en Estrie
La santé publique a compilé une trentaine de cas de SLA depuis 2006 jusqu’à aujourd’hui dans la région. Et après avoir regardé sous différents angles, rien n’a pu permettre à la santé publique d’indiquer qu’il y aurait eu un excès des cas dans la région du Val-Saint-François en comparaison avec le reste de l’Estrie, du Québec et même d’autres provinces.
«On n’a pas d’évidence, malgré qu'on ait regardé de plusieurs manières différentes, comme quoi le fait de vivre dans le Val Saint-François augmente le risque de développer la SLA», soutient la Dre Mélissa Généreux, médecin spécialiste en santé publique en entrevue avec Noovo Info.
Elle indique qu’il s’agit d’une «bonne nouvelle» qui peut avoir un effet «rassurant» pour la population.
La Dre Généreux souligne toutefois que certaines personnes pourraient être déçues de ne toujours pas avoir de réponses à leur questionnement, mais tient à assurer que la conclusion de l’étude n’est pas la fin de l’histoire.
«Le questionnement qu'ils ont eu est légitime, c'est de dire: ''On ne comprend pas cette maladie-là, puis on aimerait qu'il y ait plus d'efforts de recherche pour qu'on puisse identifier les facteurs dans l'environnement''», dit-elle.
Elle explique que l’enquête a notamment mis en lumière que les cyanobactéries et les métaux lourds dans l'eau qu'on peut boire, les pesticides qui peuvent provenir des activités agricoles ont été des facteurs environnementaux «très fréquents» chez plusieurs des cas de SLA répertoriés dans la région. Mais la santé publique n’a pas été en mesure d’identifier un facteur en particulier qui pourrait éclairer la hausse de cas.
«Ça peut quand même [...] appuyer la thèse du cumul de différents petits effets environnementaux et c'est d'ailleurs ce que la littérature, la science, tend à démontrer de plus en plus», note la médecin spécialiste en santé publique.
La santé publique de l’Estrie sera désormais «en mode surveillance» afin de mieux documenter les nouveaux cas qui vont apparaître et de suivre la fréquence de la maladie. La Dre Généreux souligne que selon l’évolution de la SLA dans la région dans les prochaines, les conclusions de l’enquête pourraient changer.
«On se rend compte que la SLA, ce n’est pas que c'est mal documenté, mais ce n'est pas une maladie qui est sous surveillance ou déclaration obligatoire comme d'autres maladies au Québec. On n'a pas de registre non plus, donc c'est très parcellaire l'information qu'on a à gauche, à droite, puis à part, difficile de dire est ce que c'est réellement en augmentation ou pas», dit-elle, ajoutant que le vieillissement de la population est un lien déjà prouvé, mais rien ne prouve encore que la maladie augmente réellement.

