Politique

Campagne référendaire: «moi, je m'attends à ce qu'il y en ait une», dit Coderre

C'est ce qu'a laissé entendre l'aspirant pressenti à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) dans une mêlée de presse à l'Assemblée nationale, mercredi.

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Denis Coderre ne se sent pas lié par les positions du Parti libéral Denis Coderre ne se sent pas lié par les positions du Parti libéral

Denis Coderre s'attend à vivre un troisième référendum sur l'indépendance du Québec.

Dans une mêlée de presse à l'Assemblée nationale, mercredi, l'aspirant pressenti à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) a laissé entendre qu'il pourrait enfiler le costume de capitaine Canada pour faire rempart contre le séparatisme. 

Après les référendums de 1980 et 1995, il prend au sérieux la menace du chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon de tenir à son tour une consultation sur l'indépendance s'il prend le pouvoir. 

Voyez le compte-rendu de Simon Bourassa dans la vidéo liée à l'article.

L'ancien maire de Montréal a lancé le mouvement contre l'indépendance «Non merci» sur les réseaux sociaux mercredi et il a prédit que la prochaine campagne électorale, en 2026, se déroulera entre les indépendantistes et les fédéralistes, comme dans les belles années des affrontements entre le PLQ et le Parti québécois (PQ).

Ardent défenseur du Canada, celui qui a aussi été ministre fédéral est venu assister à la période de questions dans les tribunes réservées au public et a ensuite fait savoir qu'il était prêt à rencontrer les représentants des médias.

Durant la mêlée de presse, son adversaire potentiel, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, est d'ailleurs venu lui serrer la main. 

«On a tous faim de ça»

Y a-t-il vraiment un appétit pour le retour au débat sur la question nationale? 

«II y a un appétit, tu as faim, on a tous faim de ça», a répondu M. Coderre.

«La prochaine élection (en 2026), ça va être l'axe fédéraliste-séparatiste, les libéraux sont le seul parti fédéraliste au Québec», a-t-il affirmé pour ramener au bercail des fédéralistes et des libéraux qui avaient peut-être trouvé refuge à la Coalition avenir Québec (CAQ) lors des dernières élections. 

Il a fait de la remontée du PQ et de l'indépendance la raison de son retour en politique. 

«Si vous ne voulez pas que je sois candidat, lâchez le référendum!»

Il a cité le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, qui a manifesté son intention ferme de tenir un référendum s'il forme le prochain gouvernement.

«Je m'attends à ce qu'il y en ait une», une campagne référendaire, a prédit M. Coderre. 

Mais s'il entrevoit la tenue d'un référendum, c'est qu'il prédit la victoire du PQ en 2026? 

«Non, je ne veux pas qu'on tienne les Québécois pour acquis. Il y a une réalité qui s'en vient. J'aime mieux prévenir que guérir.»

Avec ironie, il s'est demandé si les caquistes, parfois d'ex-indépendantistes qui se disent maintenant nationalistes, allaient faire croisade avec lui pour défendre le Canada. 

Les caquistes réagissent

«Il veut nous ramener à la vieille époque du (camp du) Oui et du (camp du) Non (à l'indépendance)», a déploré le ministre caquiste de l'Éducation, Bernard Drainville, pourtant ancien ministre et député péquiste, de 2007 à 2016.   

«Je pense qu'on en a eu assez, on regarde en avant. On a des enjeux pas mal plus importants et prioritaires.»

«C'est ringard, cette compétition entre Paul St-Pierre Plamondon et Denis Coderre pour savoir lequel des deux va dire le plus souvent le mot référendum, a dit le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge. Ce qu'on sait, c'est qu'il n'y en aura pas, de référendum.»

M. Coderre devrait faire savoir en juin s'il se lance ou non dans la course à la direction du PLQ. 

Coderre ne se sent pas lié par les positions du PLQ

Denis Coderre ne se sent pas lié par les positions actuelles et futures du parti.   

En mêlée de presse au parlement mercredi, il a ainsi fait savoir qu'il n'avait pas à adhérer à la ligne contraignante défendue par le PLQ sur une foule d'enjeux et qu'il pourrait ainsi prendre des positions contraires.  

C'était la première visite de l'ancien maire de Montréal à l'Assemblée nationale depuis qu'il a manifesté son intérêt à briguer la direction du Parti libéral. 

Se sent-il lié par toutes les positions du parti? «Non, pas du tout», a-t-il répondu tout de go.

Il a d'ailleurs déjà fait savoir qu'il est pour le recours par le gouvernement caquiste à la clause dérogatoire pour protéger la loi sur laïcité, alors que le PLQ est contre et que lui-même a changé d'idée sur cet enjeu en à peine quelques semaines. 

«Il n'y a que les fous qui ne changent pas d'idée, a-t-il plaidé. J'ai réfléchi.» 

«Un gars gratis»

Mardi, le chef intérimaire libéral Marc Tanguay avait contredit M. Coderre sur l'enjeu des cocktails de financement, alors que la Coalition avenir Québec (CAQ) est accusée par l'opposition d'avoir fait miroiter l'accès à ses ministres dans ces activités.  

M. Coderre avait laissé entendre que s'il formait le prochain gouvernement, ses ministres pourraient prendre part à des cocktails de financement et les citoyens pourraient venir leur parler de leurs dossiers pour les sensibiliser. 

M. Tanguay a rétorqué qu'un cocktail de financement n'est pas le lieu pour qu'un citoyen informe un ministre ou le sensibilise sur des dossiers, sinon il s'agit de lobbyisme. 

«C'est le fun! a répondu M. Coderre. On appelle ça une course au leadership probable. Donc on est capable d'avoir des débats.»

À l'appui de sa position sur la participation des ministres aux cocktails, il a dit que dans les «soupers spaghetti» qu'il organisait dans sa carrière politique, «il y avait 15 000 personnes, moi je suis un gars gratis».

Il en a profité pour décocher une flèche au gouvernement caquiste, embourbé dans cette controverse sur ses collectes de fonds.

La semaine dernière, on apprenait que la CAQ a invité en octobre un couple endeuillé, qui était en croisade en vue de baisser le taux d’alcoolémie permis au volant, à payer 100 $ par personne afin de parler deux minutes à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

«Je n'inviterais jamais des personnes qui ont des doléances comme ce couple pour dire: "profite-z-en, donne-moi 200 $ et viens voir Mme Guilbault". Moi, je suis gratis. C'est une erreur et c'est indécent!»

M. Coderre devrait faire savoir en juin s'il se lance dans la course à la direction du PLQ.

Jeudi, il a laissé entendre que s'il devenait chef, il se présenterait comme candidat libéral sur la rive-sud de la région de la capitale.  

La semaine dernière, un sondage Léger commandé par les médias de Québecor suggérait qu’un PLQ dirigé par M. Coderre obtiendrait 21 % des votes dans un scrutin, contre 15 % actuellement avec le chef intérimaire Marc Tanguay. 

Les répondants seraient 27 % à penser que M. Coderre ferait un meilleur chef du PLQ.

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste