Société

«Bystander effect»: pourquoi personne ne réagit face à une agression publique?

Selon le Dr Jean-Philippe Cochrane, psychologue clinicien, «plus qu’il y a de gens dans une situation de crise, moins il y a des chances qu’on réagisse».

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Dans une vidéo virale, on voit une agression survenir dans un wagon de métro. Dans une vidéo virale, on voit une agression survenir dans un wagon de métro. (Capture d'écran)

Une vidéo virale montrant une agression dans le métro de Montréal met en lumière un phénomène peu connu et pourtant assez répandu: l’effet spectateur – bystander effect en anglais.

Selon l’Office de la langue française, l’effet spectateur se définit comme étant «un phénomène psychosocial dans lequel une personne en détresse n'est pas secourue, ou tarde à l'être, alors même qu'elle se trouve en présence ou à proximité de plusieurs individus susceptibles de lui porter assistance sur-le-champ».

Ça vous rappelle certaines scènes? Sûrement.

Le web regorge depuis un certain temps de vidéo – des expériences sociales – où des gens mettent en scène divers scénarios, comme des enlèvements, de la violence conjugale ou des personnes avec un handicap dans une mauvaise posture, afin de voir qui interviendra.

Dans ces vidéos, il est courant de constater que plusieurs personnes ferment les yeux sur des situations qui nécessitent pourtant une intervention immédiate.

C’est le cas aussi dans certaines vidéos montrant de réelles bagarres dans la rue ou dans les cours d’école: même s’il y a foule autour de l’agresseur et de sa victime, personne ne bouge.

Pourquoi?

Selon le Dr Jean-Philippe Cochrane, psychologue clinicien, «plus qu’il y a de gens dans une situation de crise, moins il y a des chances qu’on réagisse parce qu’il y une dilution de la responsabilité».

«Ce qui pousse l’être humain à prendre action, c’est la culpabilité. La situation se produit et je me sens extrêmement coupable si je ne fais rien, donc, je fais quelque chose. Mais si je suis dans une situation où il y a de nombreuses personnes, ma culpabilité va grandement diminuer parce que je me dis qu’eux autres aussi peuvent agir», a-t-il indiqué en entrevue téléphonique avec Noovo Info.

Il explique que si vous étiez seul dans une pièce avec quelqu’un qui vit un malaise, vous risqueriez de vous sentir bien plus interpelé à agir.

«Si on est une centaine dans une pièce et qu’une personne vit un malaise, on se demande pourquoi moi j’agirais alors que 99 autres personnes peuvent agir».
-Dr Jean-Philippe Cochrane, psychologue clinicien.

Le Dr Cochrane mentionne également qu’il y a probablement eu aussi une notion de peur, qui expliquerait pourquoi la plupart des gens sur la vidéo de l’agression dans le métro ont «figé» et ne sont donc pas intervenus pour mettre fin à l’altercation.

«Les gens ont probablement été paralysés par la peur. Ils ont eu peur pour leur propre sécurité et plutôt que de fuir ou de combattre, ils ont paralysé», indique-t-il.