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«C'était une semaine difficile pour des centaines de Montréalais.»
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s'est dit soulagée lors d'une mêlée de presse lundi matin après la fuite majeure survenue près du centre-ville, qui a provoqué des accumulations exceptionnelles et des fermetures de rues vendredi dernier. «Ça aurait pu être bien pire», a-t-elle avancé.
Des centaines de résidences et plusieurs entreprises, dont le stationnement de Noovo Info, de CTV et de RDS, ont été évacuées et inondées. La plupart d'entre elles ont été ont été asséchées, a-t-on fait savoir dans une mise à jour lundi. Selon les données de la Ville, peu de ménages ont été touchés directement par l'événement. Même s'ils en rapportaient que trois vendredi, le bilan est monté à 16 depuis. La mairesse Plante dit savoir que «50 bâtiments» ont été touchés.
«Ça a été une grosse semaine notamment au niveau de la gestion de l'eau», a fait savoir la mairesse Plante, réitérant son soutien à la population. «C'était une semaine difficile pour des centaines de Montréalais.»
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Bien que la plupart des rues touchées ont été rouvertes à la circulation, des dégâts importants ont été constatés. Ces dégâts seraient toutefois moins importants qu’anticipés puisque la valve a été «colmatée rapidement».
Tout au long de la fin de semaine, les autorités municipales ont poursuivi le nettoyage et le pompage de l'eau. Elles continuent de faire leur maximum pour enlever les débris notamment sur le boulevard René-Levesque. La collecte des débris et des encombrants se poursuit aussi dans l'arrondissement Ville-Marie.
«Les priorités sont le drainage, le ménage et les réparations», a fait savoir la mairesse Plante. «On est en train de retirer les morceaux d’asphalte et de béton qui ont été endommagés sur les lieux de la fuite, tout en réparant les dommages collatéraux sur les réseaux d’égout et d’aqueduc adjacent.»
Le porte-parole administratif de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin, avait aussi expliqué à Noovo Info que les travaux de réparation de la conduite nécessiteront plusieurs semaines, notamment pour obtenir l'équipement qui sera nécessaire. Il parlait d'un délai de livraison d'un à deux mois. C'est ce qu'a également confirmé la mairesse lundi.
«On veut réparer [la conduite] le plus rapidement possible, mais on attend des pièces», a indiqué Mme Plante lundi. «D’ici son remplacement, on va reconstruire les infrastructures d’eau adjacentes et le boulevard, en vue d’une rouverture partielle et temporaire en attendant les travaux.»
L'entreprise de moutarde La Morin, située au 2000 rue Notre-Dame, dit quant à lui avoir «tout perdu» à la suite des inondations.
Le fondateur Julien Morin dit évaluer les dégâts à environ 100 000$. «Avec nos voisins, on est dans les millions de dollars de dégâts», a-t-il affirmé.
M. Morin dit que le torrent d'eau s'est infiltré dans l'établissement et a déplacé des frigos industriels tellement il était puissant.
On ne connaît toujours pas la cause du bris de la conduite qui a provoqué le «geyser» d’une vingtaine de pieds. L'une des hypothèses émises par les autorités serait que la conduite principale aurait été exposée au sel de voirie, ce qui aurait créé de la corrosion. Selon les autorités, plusieurs facteurs ont pu influencer ou accélérer la corrosion, comme la qualité des matériaux, de l’installation, la pression dans les conduites, l'eau ou le sel.
Rappelons que la conduite de 84 pouces de diamètre avait été installée en 1985. Mais elle n'était pas en fin de vie, a toutefois nuancé la mairesse Plante lundi, en assurant qu'ils vont essayer de trouver la raison pour que ce type d'événement ne se reproduise plus. La conduite était sous surveillance depuis 2018 et une inspection était déjà prévue à l'automne.
La mairesse n’a toutefois pas été en mesure de donner un échéancier exacte pour la réalisation des travaux.
Même si cette conduite de type C301, composée de tuyaux sous pression en béton précontraint avec cylindre d'acier et armature, devait durer plus longtemps, elle reste plus vulnérable que celles d’autres catégories, a admis la directrice du Service de l'eau de la Ville de Montréal, Chantal Morissette.
«La conduite C301 qui est derrière nous, ce sont les conduites que l’on considère les plus vulnérables, a-t-elle affirmé. De la façon dont elles sont conçues, elles ont fait l’objet de corrosion au fil des années. Il n’y a pas de date d’échéance sur une conduite d’aqueduc.
«Notre objectif, c’est de prolonger leur durée de vie le plus qu’on peut et faire les investissements au bon moment avec la bonne intervention pour avoir les meilleurs bénéfices.»
Également, l’avis d’ébullition qui avait été émis pour plusieurs arrondissements dans l'est du territoire a été levé en samedi soir.
Selon M. Sabourin, la Ville de Montréal a perdu une quantité importante d'eau dans certains réservoirs en raison de la fuite, en particulier celui qui dessert le quadrilatère de la rue Sherbrooke, De Lorimier, René-Lévesque et Papineau.
Ce bris d'aqueduc est un signe du vieillissement des infrastructures à Montréal, a estimé une experte interrogée par CTV News. Rebecca Dziedzic estime que la plupart des infrastructures de distribution d'eau pourraient avoir entre 50 et 60 ans, et «c'est à ce moment-là que l'on commence à voir davantage de ruptures», avait-elle mentionné.
Avec des informations de Lili Mercure et de Marie-Pier Boucher pour Noovo Info ainsi que de La Presse canadienne