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«Le Québec produit environ 3,5 millions de bouteilles de vin par année. D'ici quatre à cinq ans, c'est un chiffre qui va doubler.»
Le retrait des produits américains des tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ), prévu mardi, pourrait ramener les projecteurs vers les producteurs locaux, croit Mathieu Beauchemin, président du Conseil des vins du Québec (CVQ).
«Nous allons travailler à mettre de l'avant ce qui se fait localement, ce que notre industrie viticole, nos industries des alcools, produisent pour, non seulement exclure des produits, mais transformer ça en réelle opportunité de réinjecter de l'argent dans l'économie québécoise», commente M. Beauchemin qui est également copropriétaire du Domain du Nival en Montérégie.
La SAQ n’a pas encore indiqué ce qui remplacerait les produits américains sur ses tablettes. La société d’État n’était pas en mesure de fournir plus d’explications, car elle se «concentre sur les opérations à prévoir demain», a indiqué sa porte-parole, Linda Bouchard.
Les vignerons québécois n’auraient pas la capacité de remplacer tous les vins californiens du jour au lendemain. «C’est certain qu’il y a une partie de cette consommation qui pourrait être remplacée», avance le président du CVQ.
Il souligne que la récolte 2024 a été bonne, ce qui est favorable pour la capacité de production. «On a eu au Québec une très belle récolte en général sur le dernier millésime (celui de 2024). Ce sont des vins qui vont être disponibles à partir du printemps.»
«Il y a de la capacité pour les vignerons québécois à distribuer de façon beaucoup plus importante auprès de la SAQ, si elle est prête à faire une belle place aux vins québécois sur ses tablettes», ajoute-t-il.
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Il souligne que l’industrie du vin québécois est en croissance, tant pour la production que pour les ventes. «Le Québec produit environ 3,5 millions de bouteilles de vin par année. D'ici quatre à cinq ans, c'est un chiffre qui va doubler.»
M. Beauchemin aimerait que le gouvernement Legault aille plus loin qu’un simple boycottage et qu’il encourage la consommation de produits locaux comme cela a été fait en Ontario et en Colombie-Britannique. Il donne l’exemple de BC Liquor, le pendant de la SAQ en Colombie-Britannique. Le détaillant veut mettre des affiches pour inciter les consommateurs à acheter des produits canadiens. Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a aussi appelé ses concitoyens à acheter localement.
Pour les microbrasseurs, la SAQ ne représente qu’une infime partie de leurs parts de marché, mais le mouvement en faveur de la consommation locale pourrait être favorable à l’industrie.
«Je ne pense pas que c'est cette action spécifique qui va avoir un impact au niveau des microbrasseries du Québec, mais, ceci dit, ça envoie quand même le message de l'importance d'une consommation locale», commente la directrice générale de l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), Marie-Ève Myrand.
Au total, la SAQ propose pas moins de 926 produits américains, dont 715 vins. Selon le rapport annuel 2024 de la SAQ, les vins tranquilles d'origine américaine représentaient 6,8 % de part de marché. Elle était respectivement de 33,2 % et 23,3 % pour la France et l'Italie.
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S’ajuster à la décision de la SAQ ne devrait pas être trop compliqué pour les restaurateurs, croit le directeur des affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec (ARQ), Martin Vézina.
«Je vous dirais qu'au niveau du vin, comme il existe plusieurs options de substitution, nos membres vont tout simplement regarder d'autres options. Il n’y a pas de graves conséquences», réagit M. Vézina.
Il veut cependant sensibiliser les consommateurs qui pourraient être contrariés de voir un vin californien sur la carte de vin d’un restaurant. «Laissez au moins les exploitants écouler leur stock de vin américain parce qu'ils ont acheté et payé il y a longtemps, nuance-t-il. On ne veut pas qu’ils soient pris avec ce stock-là.»
Pour les restaurants, la plus grande inquiétude est une éventuelle riposte canadienne qui toucherait les fruits et légumes importés des États-Unis. Cela pourrait exercer une pression à la hausse sur les coûts. « Pour certains produits, il n’y a pas vraiment de substitution possible.»