Alors que les fonds négociés en bourse (FNB) avec stratégies d'options d'achat couvertes gagnent en popularité auprès des investisseurs particuliers, des experts financiers affirment que ces produits présentent un envers de la médaille.
Les promoteurs de ces placements affirment qu'ils peuvent être utiles aux investisseurs privilégiant le revenu, tandis que leurs opposants affirment qu'ils entraînent des rendements à long terme plus faibles et ne devraient pas constituer un placement de base.
Prerna Mathews, vice-présidente de la stratégie des FNB chez Placements Mackenzie, a noté que les FNB d'options d'achat couvertes investissent généralement dans des actions à dividendes et améliorent encore le revenu en vendant des options d'achat sur ces titres. Une option d'achat donne le droit d'acheter un titre à un prix fixe. Elle a expliqué que les FNB d'options d'achat couvertes génèrent essentiellement des primes d'option en échange de la renonciation à une partie des gains futurs de l'action au-delà du prix d'option fixé.
Elle a souligné que les FNB d'options d'achat couvertes ont récemment connu un essor fulgurant sur le marché, alimenté par l'enthousiasme des investisseurs pour leurs rendements plus élevés. Mme Mathews a ajouté que ces produits peuvent être intéressants pour ceux qui privilégient le revenu à la croissance et aident à gérer la volatilité du marché.
«Il y a un compromis indéniable; rien n'est gratuit. Le rendement plus élevé des primes d'options résulte du renoncement au rendement à long terme de l'action, a relevé Mme Mathews. Ces primes d'options sont versées aujourd'hui, mais leur impact sur le rendement total est généralement bien plus important que le rendement réel qu'elles génèrent.»
Mme Mathews a ajouté qu'il incombe davantage aux investisseurs de faire preuve de diligence raisonnable et de ne pas se laisser distraire par des chiffres de rendement clinquants et des supports marketing.
Fred Masters, président de Masters Money Management, a déclaré que la meilleure façon d'envisager ces produits est de les considérer comme des «produits à revenu amélioré» qui utilisent des stratégies d'options pour accroître leurs rendements.
Il a ajouté que les investisseurs particuliers ne devraient pas baser leurs portefeuilles sur ces produits, soulignant des frais plus élevés et des rendements globaux plus faibles. Il a toutefois précisé qu'ils peuvent constituer une part plus modeste d'un portefeuille plus large.
M. Masters a noté que les frais de gestion de ces produits peuvent être «jusqu'à dix fois plus élevés» que ceux d'un FNB classique de la même catégorie.
«Dans bien des cas, on ne peut pas contrôler les résultats lorsqu'on investit sur les marchés des actions, mais on peut maîtriser les coûts, et les maintenir au minimum année après année est un principe essentiel pour réussir à long terme, a-t-il déclaré. Nous savons que ces FNB d'options d'achat couvertes sont coûteux et que cela gruge les rendements chaque année.»
Les FNB d'options d'achat couvertes peuvent toutefois être plus performants dans certaines conditions de marché, selon Nick Hearne, conseiller financier et gestionnaire de portefeuille chez RGF Integrated Wealth Management.
Dans des marchés en zone de fluctuation, où les actions progressent modérément, de même que dans des marchés en baisse, les FNB d'options d'achat couvertes surperforment souvent les stratégies traditionnelles grâce aux revenus perçus par les investisseurs.
«Lorsqu'ils sous-performent, c'est lorsque le marché augmente significativement sur une période donnée (…) en réalité, lorsqu'ils vendent ces options d'achat, ils vendent leur potentiel de hausse. C'est là que réside l'inconvénient», a expliqué M. Hearne.
«Et à long terme, les investisseurs en FNB d'options d'achat couvertes sont moins exposés au marché, car ils vendent une partie de leur exposition. On s'attend donc à ce qu'une stratégie traditionnelle ou une stratégie de position longue surperforme une stratégie d'options d'achat couvertes.»
Mme Mathews a déclaré que les FNB d'options d'achat couvertes peuvent convenir aux investisseurs privilégiant les revenus, notamment aux retraités qui ne peuvent pas gérer une volatilité aussi importante au sein de leur portefeuille.
«Les titres à revenu fixe ont leurs limites. En 1995, on pouvait générer un rendement de 6 % uniquement avec des bons du Trésor et des obligations de qualité investissement. Aujourd'hui, atteindre ce même rendement de 6 % est bien plus difficile», a-t-elle ajouté.
Cependant, les investisseurs qui choisissent cette voie prennent un niveau de risque plus élevé avec une exposition aux options d'achat couvertes qu'avec les titres à revenu fixe, a noté Mme Mathews.
Malgré ces compromis, les FNB d'options d'achat couvertes ont gagné en popularité sur le marché.
Mme Mathews a indiqué que 17 fournisseurs offrent des produits d'options d'achat couvertes au Canada, avec plus de 35 milliards $ alloués aux FNB d'options d'achat couvertes en septembre.
«Nous continuons d'observer des flux très importants vers ces produits, même depuis le début de l'année, et, sans surprise, compte tenu du vieillissement de la population canadienne, nous constatons que cette tendance se maintient», a-t-elle déclaré.

