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Biden n'appliquera pas l'interdiction de TikTok, selon un responsable

La volonté de sauver TikTok, tout comme la décision de l'interdire aux États-Unis, a dépassé les clivages partisans.

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Le logo de TikTok est affiché sur un téléphone portable devant un écran d'ordinateur qui affiche la page d'accueil de TikTok, le samedi 18 mars 2023, à Boston. Le logo de TikTok est affiché sur un téléphone portable devant un écran d'ordinateur qui affiche la page d'accueil de TikTok, le samedi 18 mars 2023, à Boston. (Michael Dwyer/Associated Press)

Le président Joe Biden n'appliquera pas l'interdiction du réseau social TikTok qui doit entrer en vigueur un jour avant qu'il ne quitte ses fonctions lundi, a déclaré jeudi un responsable américain, laissant son sort entre les mains du président élu Donald Trump. 

L'année dernière, le Congrès, dans une loi signée par M. Biden, a exigé que la société mère de TikTok, ByteDance, basée en Chine, cède l'entreprise avant le 19 janvier, un jour avant l'investiture présidentielle. Le responsable a affirmé que l'administration sortante laissait la mise en œuvre de la loi - et l'application potentielle de l'interdiction - à M. Trump. 

Le responsable a parlé sous couvert d'anonymat afin de discuter de la réflexion interne de l'administration Biden. 

M. Trump, qui a déjà appelé à interdire l'application, s'est depuis engagé à la maintenir disponible aux États-Unis, bien que son équipe de transition n'ait pas dit comment elle comptait y parvenir. 

Le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, devrait assister à l'investiture de M. Trump et se voir accorder une place de choix sur l'estrade alors que le conseiller à la sécurité nationale du président élu signale que l'administration entrante pourrait prendre des mesures pour «empêcher TikTok de disparaître». 

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Le nouveau conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, a dit jeudi à l'émission Fox & Friends que la loi fédérale qui pourrait interdire TikTok d'ici dimanche «permet également une prolongation tant qu'un accord viable est sur la table». 

La volonté de sauver TikTok, tout comme la décision de l'interdire aux États-Unis, a dépassé les clivages partisans. Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a affirmé qu'il s'était entretenu avec M. Biden jeudi pour plaider en faveur d'une prolongation du délai d'interdiction de TikTok. 

«Il est clair qu'il faut plus de temps pour trouver un acheteur américain et ne pas perturber la vie et les moyens de subsistance de millions d'Américains, de tant d'influenceurs qui ont construit un bon réseau d'abonnés», a plaidé M. Schumer jeudi, au Sénat. 

Les démocrates avaient tenté mercredi de faire passer une loi qui aurait prolongé le délai, mais le sénateur républicain Tom Cotton de l'Arkansas l'a bloquée. M. Cotton, président de la commission sénatoriale du renseignement, a soutenu que TikTok avait eu amplement le temps de trouver un acheteur. 

«TikTok est une application d'espionnage communiste chinoise qui rend nos enfants dépendants, récolte leurs données, les cible avec des contenus nuisibles et manipulateurs et diffuse de la propagande communiste», a dit M. Cotton. 

Le PDG de TikTok devrait être assis sur l'estrade pour l'investiture aux côtés des milliardaires de la technologie Elon Musk, qui est le PDG de SpaceX, le PDG de Meta Mark Zuckerberg, le PDG d'OpenAI Sam Altman et le fondateur d'Amazon Jeff Bezos, selon deux personnes au courant du dossier. Ces personnes ont parlé sous couvert d'anonymat pour discuter de la planification interne.

Changement de cap de Trump

La semaine dernière, la Cour suprême a entendu les arguments dans le cadre d'une contestation  intentée par TikTok, sa société mère basée en Chine ByteDance et les utilisateurs de l'application. Les juges semblaient susceptibles de maintenir la loi, qui oblige ByteDance à céder TikTok pour des raisons de sécurité nationale ou à composer avec une interdiction sur l'un de ses plus grands marchés.

«Si la Cour suprême rend un jugement en faveur de la loi, le président Trump a été très clair : premièrement, TikTok est une excellente plateforme que de nombreux Américains utilisent et qui a été formidable pour sa campagne et pour faire passer son message. Mais deuxièmement, il va protéger leurs données», a dit M. Waltz mercredi.

«C'est un négociateur. Je ne veux pas devancer nos décrets, mais nous allons créer cet espace pour mettre cet accord en place», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, mercredi, Pam Bondi, la candidate choisie par M. Trump pour le poste de procureure générale, a esquivé une question lors d'une audition au Sénat sur sa décision de maintenir l'interdiction de TikTok.

M. Trump a changé d'avis sur l'application populaire, après avoir tenté de l'interdire pendant son premier mandat pour des raisons de sécurité nationale. 

Il a rejoint TikTok pendant sa campagne présidentielle de 2024 et son équipe l'a utilisé pour se connecter avec les jeunes électeurs, en particulier les électeurs masculins, en diffusant du contenu souvent machiste et destiné à devenir viral. Il s'est engagé à «sauver TikTok» pendant la campagne et a attribué à la plateforme le mérite de l'avoir aidé à gagner plus d'appuis auprès des jeunes.