Un t-shirt porté par Beyoncé lors d'un spectacle du 19 juin dans le cadre de sa tournée Cowboy Carter a suscité un vif débat sur la manière dont les Américains présentent leur histoire et a provoqué une vague de critiques à l'encontre de l'artiste originaire de Houston.
Le chandail porté lors d'un concert à Paris présentait des images des Buffalo Soldiers, qui appartenaient à des unités noires de l'armée américaine actives à la fin des années 1800 et au début des années 1900. Au dos, on pouvait lire une longue description des soldats: «Leurs adversaires étaient les ennemis de la paix, de l'ordre et de la colonisation: Indiens belliqueux, bandits, voleurs de bétail, tireurs meurtriers, trafiquants d'alcool, intrus et révolutionnaires mexicains.»
Des images de la chemise et des vidéos de la performance sont également disponibles sur le site web de Beyoncé. Alors qu'elle s'apprête à retourner aux États-Unis pour des concerts dans sa ville natale ce week-end, des fans et des personnalités autochtones influentes ont critiqué Beyoncé sur les réseaux sociaux pour avoir porté une chemise qui présente les Autochtones américains et les révolutionnaires mexicains comme étant tout sauf des victimes de l'impérialisme américain, et pour avoir encouragé un langage anti-autochtone. Un porte-parole de Beyoncé n'a pas répondu à une demande de commentaire.
Qui étaient les Buffalo Soldiers?
Les Buffalo Soldiers ont servi dans six unités militaires créées après la guerre de Sécession en 1866. Ils étaient composés d'anciens esclaves, d'hommes libres et de soldats noirs de la guerre de Sécession et ont participé à des centaines de conflits, notamment la guerre hispano-américaine, la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à ce qu'ils soient dissous en 1951.
Comme l'indique la citation figurant sur la chemise de Beyoncé, ils ont également mené de nombreuses batailles contre les peuples autochtones dans le cadre de la campagne de violence et de vol de terres de l'armée américaine lors de l'expansion du pays vers l'ouest. Certains historiens affirment que le surnom de «Buffalo Soldiers» a été donné par les tribus qui admiraient la bravoure et la ténacité des combattants, mais il s'agit peut-être plus d'une légende que d'une réalité.
«En fin de compte, nous ne disposons pas de ce type d'informations», a déclaré Cale Carter, directeur des expositions au musée national des Buffalo Soldiers à Houston. M. Carter et d'autres membres du personnel du musée ont indiqué que ce n'est qu'au cours des dernières années que le musée s'est efforcé d'inclure davantage la complexité des batailles menées par les soldats buffles contre les Autochtones et les révolutionnaires mexicains, ainsi que le rôle qu'ils ont joué dans l'asservissement des peuples autochtones.
L'année dernière, Beyoncé est devenue la première femme noire à occuper la première place du classement Billboard de la musique country, et Cowboy Carter lui a valu le premier prix aux Grammy Awards 2025, celui de l'album de l'année.
«Les Buffalo Soldiers jouent un rôle majeur dans l'appropriation de l'Ouest américain par les Noirs», a expliqué Tad Stoermer, historien et professeur à l'université Johns Hopkins. «À mon avis, (Beyoncé) est parfaitement consciente du rôle que jouent ces images. Il s'agit de la tournée Cowboy Carter, bon sang de bonsoir. Toute la tournée, tout l'album, toute l'œuvre se situe dans cette narration à plusieurs niveaux.»
Mais M. Stoermer souligne également que les Buffalo Soldiers ont été intégrés dans l'histoire américaine d'une manière qui joue également avec les mythes du nationalisme américain.
Selon Alaina E. Roberts, historienne, auteure et professeure à l'Université de Pittsburgh, qui étudie l'intersection entre la vie des Noirs et celle des Autochtones depuis la guerre de Sécession jusqu'à aujourd'hui, l'utilisation par Beyoncé de l'imagerie des Buffalo Soldiers implique que les Noirs américains utilisent également leur histoire pour revendiquer leur rôle dans la création du pays.
«C'est dans cette catégorie qu'elle pensait peut-être entrer dans cette conversation, mais les Buffalo Soldiers sont même un cran au-dessus, car ils ont été littéralement impliqués non seulement dans la colonisation de l'Ouest, mais aussi dans un génocide en quelque sorte», a-t-elle ajouté.
Plusieurs influenceurs, artistes et universitaires autochtones ont montré du doigt Beyoncé et ont demandé des excuses.