La mutuelle d’assurance Beneva prend de l’expansion à l’extérieur du Québec en fusionnant avec la société ontarienne Gore Mutual, un spécialiste de l’assurance-dommages.
La fusion, annoncée mardi, permettra d’accroître significativement la présence de Beneva à l’extérieur du Québec, explique son président et chef de la direction, Jean-François Chalifoux, en entrevue.
«Ça nous permet de solidifier Beneva et de la rendre plus résiliente face aux nombreux défis», explique-t-il au micro de Noovo Info.
Voyez le reportage de Mathieu Boivin dans la vidéo ci-haut.
«Les activités de Gore Mutual sont beaucoup plus importantes, environ trois fois plus importantes que celles d'Unica (la filiale ontarienne de Beneva). Ça nous permet de faire un bond de revenus, d'assurer une croissance des revenus assez significative à l'extérieur du Québec.»
Gore Mutual a des activités à Cambridge et Toronto, en Ontario, mais aussi à Vancouver, en Colombie-Britannique.
La fusion vient ajouter près de 600 employés et 700 millions $ de primes dans le giron de Beneva. «C'est un bon de croissance de 10 % en revenus d’assurance», souligne M. Chalifoux.
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Combinées, les deux entités ont près de 8 milliards $ de primes et 6100 employés. La transaction doit être conclue au début de l’année 2026.
Gore Mutual regroupera ses activités avec la filiale Unica et agira à titre de filiale à part entière. Le président et chef de la direction de Gore Mutual, Andy Taylor, joindra les rangs de la haute direction de Beneva.
S’il croit que la transaction donnera lieu à des gains de productivité, M. Chalifoux se veut rassurant pour les employés. «Cette fusion ne se fait pas dans une logique de synergie. On suit une logique de croissance.»
Il donne en exemple la fusion entre SSQ et La Capitale, qui a donné naissance à Beneva. La fusion avait été annoncée il y a cinq ans presque jour pour jour.
Le nombre d’employés a augmenté depuis cette transaction, mais moins rapidement que les revenus, souligne-t-il. «On avait 4700 employés. On est maintenant 5500, mais nos revenus ont crû de près de 60 %.»
D’autres acquisitions?
Si Beneva souhaite «consolider la place du secteur mutualiste au Canada», M. Chalifoux ne veut pas s’aventurer à prédire si l’assureur sera en mesure de fusionner avec d’autres acteurs de l’industrie.
«S'il y en aura d'autres? Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais, assurément, on est prêt à entretenir de belles conversations avec nos partenaires du mouvement mutualiste canadien à cet égard», répond le dirigeant.
Beneva veut tout de même se présenter comme une plateforme «accueillante pour d'autres mutuelles de plus petite taille ou de taille moyenne qui souhaiteraient accélérer leur développement et réduire leur vulnérabilité».
Il faut dire que les défis sont nombreux pour les plus petites mutuelles de l’industrie. C’est d’ailleurs ce contexte qui avait incité La Capitale et la SSQ à s’unir.
Il souligne que les plus petits assureurs doivent composer avec la concurrence des grandes sociétés «avec des moyens à leur disposition pour investir en technologie, faire face aux défis, comme la pénurie de main-d’œuvre, les défis climatiques, les changements démographiques, la cybersécurité et les exigences de conformité réglementaire de plus en plus élevées d'année en année».
«On se doute bien que les généralistes, de taille moyenne ou de plus petite taille, font face aux mêmes défis et ils doivent faire preuve de beaucoup de créativité pour y répondre», avance-t-il.
Le marché est toutefois de moins en moins fragmenté, reconnaît-il. L’assurance personnelle est grandement dominée par les grands assureurs. Le marché de l’assurance dommage, pour sa part, est plus fragmenté. «Intact a fait de belles percées, explique-t-il. Desjardins a aussi acquis passablement d'entreprises à l'extérieur du Québec.»
Lorsqu’on lui demande une estimation du nombre de petites et moyennes mutuelles d’assurance dans le marché, M. Chalifoux se montre hésitant à s’avancer en disant vouloir se concentrer sur la transaction annoncée mardi. «Il reste des dizaines de joueurs encore actifs sur le marché», répond-il
«Maintenant, combien considèrent de mutualiser le risque avec un autre assureur? Je ne le sais pas, mais il y a encore de belles opportunités de croissance pour Beneva, autant au Québec qu’à l'extérieur du Québec dans les années à venir.»

