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Proposer de hausser considérablement la rémunération des élus est un enjeu délicat à aborder dans une campagne électorale, selon François Legault.
Il fallait «avoir le courage» d'augmenter de 30 000 $ la rémunération des députés.
C'est ce qu'a laissé entendre le chef caquiste François Legault samedi à Sherbrooke au début du congrès de la Coalition avenir Québec (CAQ).
Son gouvernement a déposé cette semaine un projet de loi qui fait passer la rémunération de base des élus de 101 561 $ à 131 766 $. Le caucus des élus caquistes serait même unanime à appuyer cette hausse considérable.
En mêlée de presse au centre de foires de Sherbrooke, M. Legault a dit que le débat sur la rémunération des élus de l'Assemblée nationale traînait depuis trop longtemps.
Il a argué qu'il fallait avoir le courage d'augmenter la rémunération des élus.
«C'est un dossier qu'il faut avoir le courage de régler pour être capable d'attirer toutes les personnes, pas seulement les personnes qui ont fait de l'argent avant», a-t-il justifié.
Cependant, même si la CAQ a ainsi eu apparemment le courage de proposer cette bonification substantielle, le parti n'a pas tenu bon de mettre au jeu cette proposition durant la campagne électorale de l'an dernier.
«C'est toujours un dossier délicat», a admis le chef caquiste, pour expliquer pourquoi il n'en a pas été question en campagne électorale.
Des députés caquistes ont indiqué que les 90 élus de la CAQ étaient favorables à l'augmentation de leur salaire.
La députée de Jean-Talon, Joëlle Boutin, a assuré en mêlée de presse qu'il y avait unanimité du caucus: «oui oui oui», a-t-elle insisté.
«C'est du 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il y a beaucoup de gens qui ne feraient pas ça», a-t-elle ajouté pour justifier la hausse annuelle de 30 000 $.
La ministre de la Famille, Suzanne Roy, a d'abord dit que la question faisait «consensus» au caucus, mais s'est ensuite ravisée pour dire que cela faisait l'unanimité et elle a ensuite tourné les talons, mettant fin à la mêlée de presse.
Vendredi, un de leurs collègues, le député de Richmond, André Bachand, avait pour sa part laissé savoir que la hausse de salaire faisait plus que consensus chez les élus caquistes, mais en refusant de dire que c'était unanime.
Janvier Grondin, un ancien élu adéquiste puis caquiste de Beauce-Nord, toujours militant, a jugé pour sa part que cette hausse de rémunération n'avait rien d'indécent.
«C'est très normal», a-t-il répondu en mêlée de presse.
«En campagne électorale, quand on a un comté de 150 km, une vingtaine de municipalités, qu'on est pris sept jours par semaine là-dedans... Ça fait combien d'années qu'ils n'ont pas été augmentés, les députés?»
Rappelons que les émoluments des élus étaient quand même indexés année après année.
L'opposition officielle libérale appuie le projet de loi, tandis que Québec solidaire s'y oppose et que le Parti québécois a exprimé son malaise.
Rappelons qu'à peine une dizaine de députés sur 125 reçoivent un salaire de base, puisque tous les autres reçoivent diverses primes, pour des fonctions supplémentaires.
Ces élus avec des fonctions supplémentaires verront aussi leur rémunération augmenter.
Par exemple, un ministre a un salaire de 177 732 $, tout comme le chef de l'opposition officielle. Après l'adoption du projet de loi, leur salaire passerait à 230 591 $. Le salaire du premier ministre, quant à lui, passerait de 208 200 $ à 270 120 $.