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Aucun militaire américain impliqué dans une attaque de drone ayant tué des civils afghans, incluant des enfants, à Kaboul, ne subira de sanctions disciplinaires, ont annoncé lundi des responsables de la défense.
Par Lolita C. Baldor – The Associated Press
Selon ces responsables, le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, aurait approuvé les recommandations formulées par les généraux en charge du commandement des opérations spéciales, qui eux ont appuyé leur décision sur un rapport indépendant déposé par le Pentagone le mois dernier.
Ce rapport, rédigé par le lieutenant général de l'armée de l'air Sami Said et approuvé par M. Austin en novembre, a déterminé que des problèmes de communication ainsi que dans le processus d'identification et de confirmation des cibles du bombardement ont mené au désastre. Les frappes ont tué dix victimes civiles, dont sept enfants. La conclusion du rapport stipule qu'il s'agit d'une «erreur tragique», mais qu'aucune inconduite ou négligence ne serait en cause.
Lloyd Austin a demandé aux généraux Frank McKenzie, chef du commandement central, et Richard Clark, chef du commandement des opérations spéciales, de réviser les conclusions du lieutenant général Said et de lui soumettre des recommandations.
Les deux généraux se sont dit en accord avec les conclusions du rapport Said et n'ont recommandé aucune sanction disciplinaire. Ce qu'a accepté à son tour le secrétaire à la Défense, selon des responsables ayant requis l'anonymat pour discuter de ces décisions qui n'ont pas encore été rendues publiques. L'approbation de Lloyd Austin de ne pas imposer de sanctions a été révélée en primeur par le média The New York Times.
La frappe de drone, survenue le 29 août, a touché une berline blanche de modèle Toyota Corolla et a tué Zemerai Ahmadi et neuf membres de sa famille, dont sept enfants. M. Ahmadi, 37 ans, était un employé de longue date d'un organisme humanitaire américain.
L'information selon laquelle cette voiture aurait représenté une menace avait été transmise quelques jours après qu'un attentat suicide d'un membre de Daech (le groupe armé État islamique) eut tué 13 soldats américains et 169 civils afghans à l'aéroport de Kaboul. Les États-Unis s'affairaient alors à évacuer des milliers de citoyens américains, d'Afghans et d'autres alliés dans la foulée de la prise de pouvoir des talibans.
D'après les conclusions du rapport Said, les forces armées américaines croyaient sincèrement que le véhicule qu'elles suivaient constituait une menace imminente et qu'elles devaient le stopper avant qu'il n'approche trop près de l'aéroport. Le rapport souligne qu'une meilleure communication entre les responsables de la prise de décisions et le personnel de soutien sur le terrain aurait pu soulever des doutes et éviter la tragédie, mais rien ne permet de l'affirmer hors de tout doute.
Il a formulé plusieurs recommandations, dont celle d'en faire davantage pour éviter ce que les militaires appellent des `biais de confirmation', c'est-à-dire que l'équipe chargée de prendre la décision sur la frappe aurait été trop prompte à conclure que ce qu'ils voyaient concordait avec les renseignements reçus concernant une menace.
Il a ajouté que des membres du personnel devraient avoir pour mandat de remettre en question les décisions de l'équipe chargée d'ordonner les frappes. Il recommande également que les procédures militaires soient modifiées pour éviter que des enfants et des civils innocents ne soient présents au moment de frappes.
Depuis la tragédie, les États-Unis seraient en communication avec les membres survivants de la famille décimée dans le but de leur offrir une compensation financière et possiblement de les évacuer du pays.