Carl Girouard, notamment accusé d'avoir tué deux personnes et blessé cinq autres à l'Halloween 2020 dans le Vieux-Québec, mélangeait le monde réel et celui des jeux vidéo, a-t-il plaidé lors de son procès mercredi.
L'auteur de l'attaque au sabre a affirmé qu'il croyait vivre dans un monde comme dans les jeux violents auxquels il avait l'habitude de jouer.
Dès l'âge de 18 ans, Carl Girouard mentionne avoir été investi de la «mission d'établir le chaos» pour créer un nouveau monde. Il soutient qu'il savait qu'il devait «mourir» à la fin de celle-ci et avait initialement planifié d'entrer au Château Frontenac pour «tuer des gens».
L'accusé, aujourd'hui âgé de 26 ans, soutient ne pas avoir commis les attaques pour lui-même, mais plutôt pour changer le monde et envoyer un message à «ses alter ego».
Menotté et enchaîné aux pieds, Carl Girouard a assuré qu'il était de nature solitaire et ne gardait pas ses emplois longtemps pour éviter que d'autres personnes apprennent à le connaître davantage. Il affirme que d'avoir des amis ne s'accordait pas avec sa «mission top secrète». Il a expliqué qu'il y avait deux Carl Girouard: celui «qui est au procès aujourd'hui, qui aime faire rire et aider les gens» et aussi le Carl Girouard «de la mission, qui était forcé à faire des choses.»
Il a par la suite raconté qu'il a commencé à «regretter son geste» après avoir enlevé la vie de deux personnes. La mission avait moins d'importance et il ne comprenait pas pourquoi il avait attaqué des gens avec son sabre et que les agressions n'avaient pas eu le sentiment «d'accomplissement attendu».
«Dieu merci!» s'est exclamé l'accusé lorsque l'avocat de la défense lui a déclaré que ses deux autres victimes n'avaient pas succombé à leurs blessures.
Il a mentionné aux membres du jury que c'est en détention qu'il avait commencé «à avoir des émotions».
«Je n'ai jamais pleuré comme ça de ma vie», a-t-il dit.
Par ailleurs, les bidons remplis d'essence qui ont été retrouvés chez lui lors des fouilles suivant les attaques étaient destinés à «éliminer sa famille avant de réaliser sa mission pour montrer son courage.» Il n'aura finalement pas commis ce geste.
Carl Girouard avait également fait part de son désir de tuer à un travailleur social, qui est venu témoigner pour la Couronne au début du procès. L'accusé a dit au tribunal lui en avoir parlé pour «laisser de l'information» sur lui «avant de mourir».
Unique intérêt
Plus tôt, Monique Dalphond, la mère de Carl Girouard, qui a également témoigné, a relaté les comportements «inappropriés et perturbateurs» que son fils avait dès l'école primaire. Elle a mentionné que des pédopsychiatres lui ont dit que l'état de son fils «était très inquiétant» à l'époque.
Vers l'âge de 18 ans, Carl Girouard ne travaillait que pour se payer des costumes de samouraï et des armes blanches, comme des katanas, a-t-on également appris lors du témoignage de cette dernière.
Il s'agissait d'un de ses seuls intérêts avec les jeux de vidéo, tandis que l'accusé n'avait «pas d'amis, pas de blonde, pas de vie sociale», a indiqué Mme Dalphond. «Il semblait heureux avec ça, je n'ai pas voulu le décourager», a-t-elle poursuivi.
La veille des attaques, la mère de l'accusé affirme que ce dernier ne semblait pas bien. Une affirmation qui entre en contradiction avec sa déclaration donnée aux policiers, a soulevé le procureur de la Couronne.
Le 1er novembre, quelques heures après l'attaque, elle aurait déclaré à la police que son fils était de bonne humeur et se portait bien. Mme Dalphond s'est défendue mercredi, disant qu'elle était «sous le choc» et avait l'esprit embrouillé au moment de sa rencontre avec la police.
Elle a soutenu par ailleurs n'avoir jamais été mise au courant des intentions de son fils avant qu'il commette ses gestes.
Rappel des faits
Carl Girouard est accusé de deux chefs de meurtre au premier degré relativement à la mort de Suzanne Clermont et de François Duchesne le 31 octobre 2020. Il est également accusé de cinq chefs de tentative de meurtre.
Le juge Richard Grenier, de la Cour supérieure, a déjà indiqué aux jurés que l'accusé admettait les meurtres et les tentatives de meurtre commis, mais qu'il soutiendra au procès qu'il n'était pas criminellement responsable au moment des crimes parce qu'il souffrait d'un trouble mental.
Voyez les explications de Laurence Royer au bulletin Noovo Le Fil Québec animé par Jean-Simon Bui :
Les procureurs de la Couronne allèguent que Girouard a quitté sa résidence de Sainte-Thérèse, au nord de Montréal, dans sa voiture, emportant avec lui un sabre japonais, appelé «katana», qui avait une lame de 76,9 centimètres. Ils affirment que l'accusé portait un pantalon de jogging noir, des bottes en cuir noir, un kimono à manches courtes et un masque noir.
Après son arrivée à Québec, il aurait circulé un peu en voiture avant de se garer devant le Château Frontenac, dans le Vieux-Québec, et de commencer, à pied, à agresser des passants avec son sabre.
Les procureurs allèguent que Girouard avait dit dès 2014 à des travailleurs de la santé qu'il avait l'intention d'utiliser un sabre pour assassiner des gens.
Avec des informations de Laurence Royer et de la Presse canadienne

