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Des téléavertisseurs utilisés par le groupe militant Hezbollah ont explosé presque simultanément, tuant au moins douze personnes, dont deux enfants, et en blessant près de 3000.
La société taïwanaise Gold Apollo a mentionné mercredi qu'elle avait autorisé l'apposition de sa marque sur les téléavertisseurs qui ont explosé au Liban et en Syrie dans le cadre d'une apparente opération israélienne visant le réseau de communication du Hezbollah, mais qu'une autre société basée à Budapest les avait fabriqués.
Des téléavertisseurs utilisés par le groupe militant Hezbollah ont explosé presque simultanément mardi au Liban et en Syrie, tuant au moins douze personnes, dont deux enfants, et en blessant près de 3000.
Le Hezbollah et le gouvernement libanais ont accusé Israël d'être à l'origine de ce qui semble être une attaque sophistiquée à distance.
Un responsable américain a mentionné qu'Israël avait informé les États-Unis mardi après la conclusion de l'opération, au cours de laquelle de petites quantités d'explosifs dissimulées dans les téléavertisseurs ont été déclenchées. Cette personne a parlé sous le couvert de l'anonymat, car elle n'était pas autorisée à discuter publiquement de ces informations.
Les téléavertisseurs AR-924 ont été fabriqués par BAC Consulting KFT, basée dans la capitale hongroise, selon un communiqué publié mercredi par Gold Apollo.
«Conformément à l'accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans les régions désignées, mais la conception et la fabrication des produits relèvent exclusivement de la responsabilité de BAC», peut-on lire dans le communiqué.
Le président de Gold Apollo, Hsu Ching-kuang, a dit mercredi aux journalistes que sa société avait conclu un accord de licence avec BAC au cours des trois dernières années, mais il n'a pas fourni de preuve de ce contrat.
Vers 15h30 mardi, alors que les gens faisaient leurs courses, s'asseyaient dans des cafés ou conduisaient des voitures ou des motos, les téléavertisseurs qu'ils tenaient dans leurs mains ou dans leurs poches ont commencé à chauffer puis à exploser, laissant des traces de sang et des passants paniqués.
Il semble que de nombreuses personnes touchées étaient membres du Hezbollah, mais il n'a pas été possible de déterminer immédiatement si des personnes n'appartenant pas au Hezbollah portaient elles aussi un des téléavertisseurs qui ont explosé.
Les explosions ont eu lieu principalement dans des zones où le groupe est fortement implanté, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth et dans la région de la Beqaa, dans l'est du Liban, ainsi qu'à Damas, selon des responsables des services de sécurité libanais et un responsable du Hezbollah. Le responsable du Hezbollah s'est exprimé sous couvert d'anonymat, car il n'était pas autorisé à parler aux médias.
Le Hezbollah, qui a rejeté la responsabilité sur Israël, a précisé dans un communiqué mercredi matin qu'il poursuivrait ses frappes habituelles contre Israël «comme tous les jours précédents», dans le cadre de ce qu'il décrit comme un front de soutien à son allié, le Hamas, et aux Palestiniens de Gaza.
«Cette voie est continue et distincte du difficile bilan que l'ennemi criminel doit attendre pour le massacre qu'il a commis mardi contre notre peuple, nos familles et nos combattants au Liban», a-t-il dit. «Il s'agit d'un autre jugement qui viendra, si Dieu le veut.»
Le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur Israël depuis la frontière le 8 octobre, au lendemain d'une attaque meurtrière menée par le Hamas dans le sud d'Israël, qui a déclenché une contre-offensive israélienne massive et la guerre en cours à Gaza. Depuis lors, le Hezbollah et les forces israéliennes ont échangé des frappes presque quotidiennement, faisant des centaines de morts au Liban et des dizaines en Israël, et déplaçant des dizaines de milliers de personnes de part et d'autre de la frontière.
Dans les hôpitaux de Beyrouth, mercredi, le chaos de la veille s'était largement apaisé, mais les proches des blessés continuaient d'attendre.
Le ministre libanais de la Santé, Firas Abiad, a souligné aux journalistes lors d'une visite des hôpitaux mercredi matin que de nombreux blessés souffraient de graves blessures aux yeux et que d'autres avaient été amputés d'un membre. Les journalistes n'ont pas été autorisés à entrer dans les chambres d'hôpital ou à filmer les patients.
Le ministre de la Santé a affirmé que les blessés avaient été répartis entre tous les hôpitaux de la région afin d'éviter qu'un seul établissement ne soit surchargé. Il a ajouté que la Turquie, l'Irak, l'Iran, la Syrie et l'Égypte avaient proposé leur aide pour le traitement des patients.
Plus tôt dans la journée de mercredi, un avion militaire irakien a atterri à Beyrouth avec du matériel médical à son bord, ont indiqué des responsables de l'aéroport. M. Abiad a précisé que l'avion transportait 15 tonnes de médicaments et de matériel médical.
Les experts pensent que des matières explosives ont été introduites dans les téléavertisseurs avant leur livraison et leur utilisation dans le cadre d'une infiltration sophistiquée de la chaîne d'approvisionnement.
Le téléavertisseur AR-924, présenté comme «robuste», contient une batterie au lithium rechargeable, selon les spécifications annoncées sur le site web de Gold Apollo avant qu'il ne soit apparemment supprimé mardi après l'attaque de sabotage. Il pouvait recevoir des textes de 100 caractères maximum.
Il prétendait également avoir une autonomie de 85 jours. Cette autonomie serait cruciale au Liban, où les coupures d'électricité sont fréquentes après des années d'effondrement économique. Les téléavertisseurs fonctionnent également sur un réseau sans fil différent de celui des téléphones mobiles, ce qui les rend plus résistants en cas d'urgence - l'une des raisons pour lesquelles de nombreux hôpitaux dans le monde entier continuent à les utiliser.
Le ministère taïwanais des affaires économiques a déclaré qu'entre le début de l'année 2022 et août 2024, Gold Apollo avait exporté 260 000 pagers, dont plus de 40 000 entre janvier et août de cette année. Le ministère a indiqué que les téléavertisseurs étaient exportés principalement vers des pays européens et américains et qu'il ne disposait d'aucune trace d'exportations directes de téléavertisseurs Gold Apollo vers le Liban.
Pour le Hezbollah, les militants ont également considéré les téléavertisseur comme un moyen de contourner ce que l'on estime être une surveillance électronique israélienne intensive des réseaux de téléphonie mobile au Liban.
«Le téléphone que nous avons en main - je n'ai pas de téléphone en main - est un appareil d'écoute», a averti le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours prononcé en février.
Il a ensuite ajouté : «je vous dis que le téléphone que vous avez entre les mains, entre les mains de votre femme et entre les mains de vos enfants est un agent. C'est un agent mortel, pas un simple agent. C'est un agent mortel qui fournit des informations spécifiques et précises. Il faut donc faire preuve d'un grand sérieux lorsqu'on y est confronté».