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Le Canada s'engage à verser 30 millions $ à Gaza en aide humanitaire

«La question palestinienne est au cœur de tout espoir de stabilité à long terme au Moyen-Orient, a déclaré la ministre des Affaires étrangères Anita Anand.

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Les Palestiniens se bousculent pour obtenir de la nourriture donnée dans une cuisine communautaire dans la ville de Gaza, dans le nord de la bande de Gaza, le samedi 26 juillet 2025. (Abdel Kareem Hana | Associated Press)

Bien que le Canada ne se joigne pas à la France pour reconnaître un État palestinien, il finance les préparatifs de l'Autorité palestinienne en vue de diriger un État reconnu mondialement, incluant Gaza et la Cisjordanie. 

Ottawa ajoute également 30 millions $ à son financement humanitaire pour les Palestiniens désespérés de la bande de Gaza.

«La question palestinienne est au cœur de tout espoir de stabilité à long terme au Moyen-Orient, a déclaré la ministre des Affaires étrangères Anita Anand lors d'une importante conférence des Nations Unies, lundi à New York. Un État palestinien viable a besoin d'une gouvernance légitime et démocratique au service de tous les Palestiniens.»

La conférence a été convoquée par la France et l'Arabie saoudite afin de trouver des moyens de préserver la solution à deux États. Le Canada est depuis des décennies parmi ceux qui réclament la création éventuelle d'un État palestinien qui coexisterait en paix avec Israël.

Ottawa et d'autres pays expriment de plus en plus leur inquiétude quant aux tentatives du gouvernement israélien de rendre impossible la création d'un État palestinien. Certains ministres israéliens ont appelé à la concentration de la population de Gaza dans une zone restreinte ou à sa réinstallation dans d'autres pays.

La ministre Anand a exprimé ses inquiétudes concernant la gouvernance palestinienne lors de son allocution devant des dizaines de ses homologues réunis à New York.

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L'Autorité palestinienne contrôle actuellement de vastes pans de la Cisjordanie par l'intermédiaire du Fatah. Le Hamas contrôle entièrement Gaza. Aucun des deux territoires n'a organisé d'élections depuis 2006, et les sondages du groupe de réflexion anticorruption Aman Coalition ont révélé de vives inquiétudes quant à la corruption au sein des deux gouvernements.

Mme Anand a ajouté que le Hamas ne peut jouer un rôle dans la gouvernance d'un État palestinien, tandis que l'Autorité palestinienne doit entreprendre «les réformes globales nécessaires pour gouverner Gaza et la Cisjordanie».

Elle a annoncé que le Canada dépenserait 10 millions $ cette année «pour accélérer la réforme et le renforcement des capacités de l'Autorité palestinienne».

Elle a également annoncé une aide financière aux Palestiniens de Gaza.

«Pour que cette aide essentielle parvienne à ceux qui en ont besoin, les partenaires humanitaires doivent bénéficier d'un accès sûr et sans entrave aux civils de Gaza», a ajouté Mme Anand.

Israël dément toute situation de famine 

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré dimanche que seule une quantité «minimale» d'aide était autorisée à entrer sur le territoire et a rejeté les affirmations de plusieurs organisations internationales selon lesquelles Gaza connaît une famine.

Plus tôt dans la journée, Mme Anand a déclaré que le conflit qui dure depuis des décennies est alimenté par les discours contradictoires à travers lesquels Israéliens et Palestiniens perçoivent le conflit, et que la paix exige une réalité partagée.

Elle a également appelé le Hamas à libérer ses otages et Israël à mettre fin à «l'expansion incessante des colonies» en Cisjordanie.

«La paix ne se résume pas à des frontières et des accords. C'est aussi une histoire commune et une compréhension qui humanisent toutes les parties et favorisent la confiance», a déclaré Mme Anand.

Ottawa codirige une initiative avec le Qatar et le Mexique visant à trouver des moyens de renforcer cette dynamique.

«Ce moment exige courage et détermination politiques, et nous devons nous unir et choisir une voie différente, celle qui mène à une solution durable et juste», a expliqué Mme Anand.

L'administration Trump a critiqué la conférence. La porte-parole du département d'État américain, Tammy Bruce, a qualifié cet événement d'«improductif et inopportun», qui équivaut à un «coup de pub» susceptible de compromettre les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza.

Les États-Unis ont affirmé que la conférence prolongerait la guerre et enhardirait le Hamas, la qualifiant de «gifle aux victimes du 7 octobre».

Le président américain Donald Trump a exhorté Netanyahou lundi à autoriser une aide supplémentaire à Gaza.

Plus tôt lundi, le premier ministre Mark Carney a déclaré qu'Ottawa collaborerait avec ses pairs à la reconnaissance d'un futur État palestinien «qui n'inclut le Hamas dans aucun rôle».

Lors d'une conférence de presse à l'Île-du-Prince-Édouard, il a accusé Israël et ses colons de «manque de respect» pour «l'intégrité territoriale de la Palestine, en Cisjordanie».

Le premier ministre Carney a qualifié cette région de Palestine plutôt de «territoires palestiniens», terme presque toujours utilisé par les responsables du gouvernement canadien.

Il a ajouté que les Canadiens «déplorent l'ampleur de la crise humanitaire à Gaza» et ont également «condamné les causes de cette situation. Cela commence par le Hamas et les attentats terroristes déplorables du 7 octobre 2023».

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a salué le rejet par M. Carney de tout rôle du Hamas dans la gouvernance d'un État palestinien.

«La voie à suivre commence par une pression soutenue sur le Hamas pour qu'il libère tous les otages israéliens et veille à ce qu'aucune action ne l'encourage à poursuivre sa campagne de violence», a écrit le PDG Noah Shack.

Il a ajouté que le Canada devrait «travailler avec ses partenaires internationaux pour désarmer le Hamas et, ultimement, le chasser de Gaza et de Cisjordanie».

Le gouvernement Trudeau a modifié la politique du Canada sur la création d'un État palestinien en novembre dernier, affirmant qu'Ottawa pourrait offrir une reconnaissance avant la conclusion des pourparlers de paix, au lieu d'exiger d'abord un accord de paix fructueux avec Israël.

Mark Carney a déclaré en juin qu'il devait y avoir «un État palestinien sioniste, si l'on peut dire, qui reconnaît le droit d'Israël à exister».

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste