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Alimentation Couche-Tard serait en train d'échanger des propositions en vue d'une combinaison de plusieurs milliards de dollars avec un géant du détail britannique, une transaction qui alimenterait ses ambitions de croissance.
Le «Wall Street Journal» a récemment rapporté que les pourparlers entre le propriétaire de Circle K et EB Group, une société à capital fermé. Les négociations évalueraient la britannique à environ 16 milliards $ US ou plus, en incluant la dette, soit environ 1 milliard $ US de plus que ce qui avait été suggéré en septembre, lorsque cet accord avait été évoqué pour la première fois.
L'entreprise fusionnée, dont le siège social serait situé à Laval, aurait des revenus annuels de plus de 70 milliards $ US et compterait 21 000 établissements de restauration rapide, stations-service et épiceries dans plus de 30 pays.
Le «Wall Street Journal» a précisé que des personnes proches des discussions prévenaient que les pourparlers pourraient ne pas aboutir à un accord.
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Alimentation Couche-Tard n'a pas pu être jointe dans l'immédiat pour commenter.
L'analyste Irene Nattel, de RBC Dominion valeurs mobilières, affirme que le regroupement de deux des plus grandes chaînes de dépanneurs au monde serait une «transaction potentielle convaincante» et conforme au plan quinquennal de Couche-Tard visant à doubler sa taille.
«Alimentation Couche-Tard a toujours été très disciplinée en matière d'évaluation des fusions et acquisitions, et nous nous attendons à ce que la direction applique une surveillance financière encore plus accrue dans l'environnement actuel et pour les transactions à grande échelle», a-t-elle écrit dans une note à ses clients.
M. Nattel a ajouté que Couche-Tard pourrait inclure des partenaires dans l'accord pour éviter certains enjeux de concurrence, notamment aux États-Unis.
L'analyste a écrit dans une note aux clients que Couche-Tard avait une «capacité de bilan suffisante» pour conclure une transaction de cette ampleur, mais qu'elle pourrait envisager différentes options de financement, y compris une tranche en capitaux propres qui pourrait être un catalyseur pour une entrée en Bourse aux États-Unis.
L'analyste Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, estime également qu'EG «serait un bon complément stratégique» et que Couche-Tard sera «très disciplinée».
Il a estimé qu'un accord générerait une augmentation immédiate de 1 % à 5 % du bénéfice par action sans tenir compte des synergies, ce qui pourrait atteindre 15 % à 20 % avec les économistes de coûts sur trois ans.
M. Li a souligné que les synergies varieraient selon la géographie. Ils seraient importants aux États-Unis, où Couche-Tard compte environ 7150 établissements et EG, environ 1700. Mais les économies seraient limitées en Europe en raison d'un manque de chevauchement entre les deux sociétés. Couche-Tard a une présence plus forte en Europe du Nord et dans certains autres pays, tandis qu'EG se concentre sur le Royaume-Uni et l'Europe occidentale, ainsi que sur l'Australie.
«Nous pensons que Couche-Tard pourrait réaliser des synergies significatives en tirant parti de son envergure accrue et en appliquant ses initiatives existantes d'amélioration de la marge sur le carburant (changement de marque du carburant, optimisation des prix, optimisation du réseau et des produits, et approvisionnement et logistique)», a-t-il écrit dans une note.
M. Li a ajouté que les actifs d'EG pourraient bénéficier d'une augmentation des ventes de produits alimentaires, ce qui a été une priorité pour Couche-Tard.
Même si une éventuelle transaction faisait l'objet d'un examen minutieux de la part des autorités réglementaires américaines, il ne s'attend pas à ce que l'aspect antitrust soit un problème, car les 762 dépanneurs Kroger d'EG sont répartis dans 19 États, dont la plupart sont en dehors des principaux États où se trouve Couche-Tard.
Les groupes réglementaires pourraient être plus sévères en France et en Italie. Cependant, M. Li croit que Couche-Tard pourrait considérer ces défis comme gérables dans la foulée de sa tentative d'acquisition de Carrefour.
Par ailleurs, Couche-Tard pourrait être en un acheteur intéressé si jamais un investisseur activiste de Suncor réussit à forcer le géant pétrolier canadien à vendre son portefeuille de stations-service Petro-Canada, a écrit Mme Nattel dans un rapport distinct.
Elle a précisé qu'Elliot Management fixait la valeur des actifs de détail de Suncor entre 8,5 milliards $ et 12 milliards $, alors qu'elle l'évalue à environ 9,5 milliards $.
«Avec un peu moins de 300 magasins existants dans l'ouest du pays, Alimentation Couche-Tard serait bien placée pour soumissionner pour le réseau de l'Ouest canadien, mais elle se heurterait probablement aux contraintes du Bureau de la concurrence, notamment au Québec et sur certains marchés en Ontario, ce qui suggère qu'un partenaire pourrait être nécessaire.»