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Selon le député libéral Monsef Derraji, qui fait une croisade sur ce dossier, le gouvernement caquiste n'a plus aucune excuse pour résister à ce changement dans le Code de la sécurité routière.
Les preuves s'accumulent pour abaisser le taux d'alcoolémie de 0,08 à 0,05: l'opposition libérale a exhibé jeudi les recommandations de trois coroners allant en ce sens dans les dernières années.
Selon le porte-parole du Parti libéral (PLQ) en matière de transports, Monsef Derraji, qui fait une croisade sur ce dossier, le gouvernement caquiste n'a plus aucune excuse pour résister à ce changement dans le Code de la sécurité routière.
«C'est de l'entêtement», a dénoncé le député libéral de Nelligan.
Un rapport du coroner Yvon Garneau avait déjà recommandé en 2021 d'étudier la faisabilité de cette mesure, mais trois autres rapports de coroner concernant la mort de trois autres usagers de la route vont encore plus loin. Ils recommandent clairement d'abaisser la limite à 0,05.
Pratiquement toutes les provinces imposent des sanctions administratives aux conducteurs dont le taux d'alcoolémie se situe entre 50 mg d’alcool/100 ml de sang et 80 mg d’alcool/100 ml de sang, sauf le Québec.
«L'effet d'un programme de sanctions administratives diminue le nombre de décès et améliore la sécurité routière», a écrit la coroner Julie A. Blondin dans un rapport de 2023 sur la mort de Guillaume Borgia, en citant une étude du Centre canadien sur les dépendances et l'usage de substances.
«Au Manitoba, on note une diminution de 27 % de conducteurs décédés avec un taux d'alcool dépassant la limite légale permise (80 mg/100 ml) et une diminution de 44 % des récidives», écrit-elle, en évoquant aussi d'autres statistiques allant dans le même sens en Ontario et en Colombie-Britannique.
«Clairement, aujourd'hui, s'il y a quelqu'un qui bloque le changement de la recommandation des trois coroners, il a un seul nom et il s'appelle Geneviève Guilbault», conclut M. Derraji.
Il n'arrive pas à s'expliquer pourquoi le gouvernement a toujours refusé la modification demandée, malgré un avis de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ), malgré les rapports du coroner et malgré des amendements déposés par le PLQ lors de l'étude d'un projet de loi sur la sécurité routière.
Qui s'oppose à ce changement? Les restaurateurs, les régions? a-t-on demandé à M. Derraji.
«S'il y a des lobbies, je vous le dis, je veux les voir sur la place publique. Qu'ils sortent. Qu'ils parlent. Je les invite à parler aux caméras. Qu'ils vous appellent. Qu'ils disent que le député de Nelligan ne doit pas continuer ce combat. Qu'ils parlent aux coroners.»
Le député libéral a ajouté que même «quelques» élus caquistes à qui il a parlé sont en faveur de ce qu'il prône.
Il a même mis la CAQ au défi de tenir un vote libre sur une motion réclamant l'abaissement de la limite d'alcool au volant, donc sans imposer de ligne de parti à ses députés.
Le coroner Yvon Garneau avait demandé en octobre 2021 au ministère des Transports et à la Société d'assurance automobile (SAAQ) de réaliser une analyse de faisabilité sur ce resserrement potentiel, réclamé par des groupes et des proches de victimes de chauffards ivres.
Dans un avis, la SAAQ considérait que des sanctions administratives pour les taux d'alcoolémie entre 0,05 et 0,08 étaient une «mesure porteuse». La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait alors admis ne pas avoir lu cet avis.
Le Parti québécois (PQ) avait réclamé une commission parlementaire pour discuter du resserrement de la norme, du resserrement des barrages routiers et d'autres mesures préventives.
Sous le gouvernement libéral de Philippe Couillard, le ministre des Transports de l'époque, André Fortin, avait envisagé d'imposer des sanctions à partir de 0,05, mais avait finalement renoncé.
Il avait récemment expliqué que l'opinion publique avait évolué sur cet enjeu entre 2018 et 2024 et que d'autres provinces, telles que l'Ontario et la Colombie-Britannique, avaient également resserré leurs contrôles.
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