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Les multiples agressions sexuelles commises par des Frères de Saint-Gabriel, certains de leurs employés laïcs et des bénévoles à leur service, coûteront entre 9,4 millions $ et 26,9 millions $ à la congrégation.
Les multiples agressions sexuelles commises par des Frères de Saint-Gabriel, certains de leurs employés laïcs et des bénévoles à leur service, coûteront entre 9,4 millions $ et 26,9 millions $ à la congrégation.
Le juge Sylvain Lussier, de la Cour supérieure, a entériné jeudi l’entente de règlement intervenue en mai dernier dans l’action collective déposée en décembre 2019 contre l’ordre religieux.
En vertu de cette entente, l’indemnisation moyenne de chaque membre se situera entre 150 000 $ et 175 000 $. Le nombre de demandeurs s’élevait à 76 au début des procédures, mais trois d’entre eux sont décédés depuis.
Le juge Lussier souligne que cette entente est «non seulement juste et dans le meilleur intérêt des membres du groupe, mais qu’elle confère des avantages importants aux membres du groupe». L’un des avantages parmi les plus importants est que cette entente leur évite d’avoir à faire la preuve des agressions sexuelles subies et des séquelles dans le cadre d’un procès où ils pourraient être contre-interrogés, «un processus lourd, pénible et potentiellement coûteux constituant un obstacle à l’accès à la justice de plusieurs membres du groupe», fait valoir le magistrat.
Les victimes de ces agressions, des dossiers qui remontent jusqu’à 1940 dans certains cas, sont âgées de 60 à 80 ans. Plusieurs d’entre elles ont témoigné de leur soulagement dans des courriels anonymisés auxquels le juge Lussier fait une large place dans sa décision dont nous reprenons ci-dessous des extraits:
«Cette action en justice est, à mes yeux, un véritable cadeau du ciel. J'étais convaincu de décéder avec mon secret et la honte inhérente réprimés à fort prix depuis plus de 50 ans. (…) J'ai le soulagement d'avoir été entendu et obtenu une forme de justice en dépit d'une vie brisée.»
«Je sais qu'une indemnisation financière ne m'apportera jamais la guérison complète pour ces dommages psychologiques profonds que je garde depuis mon enfance, mais j'aurai cependant le sentiment d'avoir obtenu une certaine réparation.»
«La récente nouvelle de ce recours collectif contre cette congrégation est venue raviver la vieille blessure que je porte depuis l'enfance. Mais elle m'a également permis d'espérer un certain soulagement devant la perspective que cet acte injuste et odieux fait à mon endroit, et resté jusque-là impuni, soit enfin reconnu et dédommagé.»
«Je n'étais qu'un enfant. Un enfant de 10 ans à peine, inscrit comme pensionnaire au Collège Saint-Gabriel, sur les flancs du mont Saint-Bruno. Un enfant qui ne connaissait rien de la sexualité, des déviances et du tort que cela pouvait causer.»
«J'ai toujours été habité par l'agression du frère x. Celle-ci a teinté des pans entiers de ma vie. Mes relations avec autrui, amicales autant qu'amoureuses et professionnelles en ont été irrémédiablement altérées. Je crains la compagnie de jeunes enfants et n'ai jamais envisagé de fonder une famille.»
«Mes parents aujourd'hui décédés, ma sœur, mes amis, mes proches ignoraient tout de ce que j'ai enduré en silence soit par gêne, soit par crainte d'être transformé en coupable. Car il est bien là le dilemme de la victime; on en arrive à croire que c'était de notre faute.»
Le montant total du règlement sera fonction du nombre de réclamations acceptées par l'adjudicateur et les Frères de Saint-Gabriel doivent constituer un fonds capable d'absorber la totalité des demandes approuvées.
Les membres ont maintenant trois moispour présenter une réclamation et d'autres personnes ayant subi des agressions sexuelles aux mains des Frères de Saint-Gabriel, leurs employés ou leurs bénévoles pourraient s'ajouter aux demandeurs déjà inscrits.
Les victimes qui veulent s'inscrire à cette action collective sont invitées à contacter le cabinet d'avocats Arsenault Dufresne Wee.