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La mort d’un homme de 21 ans dans une prison de Montréal n’a pas été rapportée par les médias de la province en décembre dernier, puisque la famille du défunt a jugé que cela était inutile.
La mort d’un homme de 21 ans dans une prison de Montréal n’a pas été rapportée par les médias de la province en décembre dernier, puisque la famille du défunt a jugé que cela était inutile.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Mais les Québécois méritent finalement d’être au courant des conditions de détention troublantes, qui pourraient avoir mené à son décès, estime la famille.
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Damien Théroux est décédé le 17 décembre à l’Établissement de détention de Montréal, plus connu sous le nom de prison de Bordeaux. Une overdose de drogue était la cause initiale du décès, ont expliqué son père et sa conjointe. Malgré le fait qu’il consommait régulièrement du cannabis en prison, Théroux n’était pourtant pas réputé pour consommer fréquemment des drogues dures.
Un texte de Selena Ross et de Joe Lofaro pour CTV News.
Quelques jours avant sa mort, Damien aurait raconté à son père qu’il avait développé une infection à une oreille. Alors que la situation aurait empiré et que l’infection devenait plus douloureuse, il n’aurait pas visité l’infirmerie de Bordeaux, disant à son père qu’il n’aurait pas reçu l’autorisation pour recevoir des soins en raison de problèmes liés à la COVID-19 (manque de personnel ou mesures sanitaires). .
«Il avait cette infection à l’oreille depuis trois ou quatre jours lorsqu’il a été déclaré mort», a confié son père, Daniel Théroux, à CTV News.
«Puisqu’il n'avait pas accès à des soins, il a essayé de se soigner lui-même pour soulager la douleur de son otite. Je pense que c'est ce qui a causé sa mort.»
La mort de Damien Théroux survient après une série d'évènements complexes, mais elle semble démontrer la situation de crise au sein des prisons du Québec, particulièrement à Bordeaux, où le coronavirus a mené à une pénurie de main-d’œuvre.
Amis et familles des détenus qualifient la situation de chaos total, provoqué par des infestations de rongeurs, une violence constante et des drones apportant drogues et armes dans la cour de la prison.
Le ministère de la Sécurité publique a pourtant affirmé que la situation était sous contrôle, et ce, malgré la pandémie.
Le syndicat des gardiens prisons a toutefois répliqué que le personnel a été réduit de moitié dans certaines prisons lors des deux derniers mois.
De son côté, Daniel Théroux avoue qu’il est encore difficile de parler du de la mort choquante de Damien.
«Ça me met les larmes aux yeux», a-t-il déclaré.
D’un autre côté, les proches du jeune homme veulent se questionnent: Comment a-t-il eu accès aussi facilement à des drogues illicites, potentiellement mortelles, et peu de traitements dans les murs de la prison?
«Je suis en colère contre la prison. Ils ne lui sont même pas venus en aide», déplore le père.
Il y a moins d’un an, Damien travaillait comme herboriste et vivait à Mont-Saint-Hilaire, en Montérégie.
L’homme a toutefois abouti en prison à la suite du suicide de sa mère, qui a entrainé une période de forte consommation de drogue. Théroux a par la suite été impliqué dans une invasion à domicile, a expliqué son père.
Son fils était toutefois en train de se remettre de cette période difficile derrière les barreaux, lui qui a écopé d’une peine de quatre ans d’emprisonnement.
«Il avait la tête pleine de projets et il voulait changer sa vie en sortant de prison, a lancé Daniel Théroux. Il parlait de terminer ses études et d'apprendre la mécanique.»
La conjointe du défunt, Noémie Tremblay, raconte que les deux souhaitaient acheter une propriété avec l’héritage de la mère et d’avoir un enfant.
«Il voulait s'en sortir, témoigne-t-elle. Il n'avait pas un passé facile, c'était vraiment un bon garçon, mais extrêmement pauvre.»
La famille mentionne que Damien Théroux avait conclu un accord avec les procureurs. En plaidant coupable, il aurait pu être transféré d’ici quelques mois dans une prison fédérale, où il aurait pu avoir de meilleures conditions, dont la possibilité de faire ses devoirs et, surtout, d'avoir des visites.
«Il voulait simplement de l’amour et de l’aide. Et à cause de la COVID, il ne pouvait pas recevoir de visites, lance Mme Tremblay. Il voulait plaider coupable pour recommencer à vivre.»
Damien est passé premièrement par la prison de Rivière-des-Prairies avant d’être transféré à Bordeaux dans les alentours du mois d’août, là où les conditions étaient bien pires à ses yeux. Aucune climatisation pendant l’été, des vitres brisées, de la nourriture de piètre qualité et beaucoup de violence, se souvient Daniel Théroux.
Damien aurait affirmé à son père que des prisonniers se font tabasser, d’autres s’amusent à verser du café bouillant sur des personnes et que les gens mettaient des canettes dans des chaussettes afin d’infliger de sérieuses blessures.
Il a également rapporté que des prisonniers vendaient et achetaient des pilules ainsi que d’autres drogues.
Le coroner enquête présentement sur l’origine du décès, et le ministère de la Sécurité publique a également ouvert une enquête indépendante.
Un rapport de toxicologie n'a pas encore été fourni à la famille, a déclaré Daniel Théroux. Les membres ne savent donc pas exactement quel type de substance Damien a pris ni la quantité exacte.
-Un texte de Selena Ross et de Joe Lofaro pour CTV News