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Une économie plus productive est mieux outillée pour gérer ce choc, et la concurrence est un moyen d'accroître la productivité.
Une haute responsable de la Banque du Canada appelle à une concurrence accrue dans le secteur bancaire afin de mieux servir les Canadiens et l'économie.
La première sous-gouverneure, Carolyn Rogers, a présenté ses arguments pour un environnement plus propice à la concurrence au Canada au Canadian Club de Toronto jeudi matin.
L'an dernier, Mme Rogers avait tiré la sonnette d'alarme sur la crise de productivité au Canada, affirmant qu'avec la baisse des investissements des entreprises, la résilience de l'économie et la qualité de vie des Canadiens étaient menacées.
Jeudi, elle a déclaré que cette question était devenue plus urgente lorsque les États-Unis ont lancé leur guerre commerciale plus tôt cette année.
Une économie plus productive est mieux outillée pour gérer ce choc, et la concurrence est un moyen d'accroître la productivité, a soutenu Mme Rogers.
Elle a fait valoir qu'une productivité accrue ne mettrait pas le Canada à l'abri de la politique commerciale américaine, mais qu'elle contribuerait à atténuer l'effet des droits de douane.
La productivité du travail – la quantité produite par l'industrie canadienne par heure travaillée – a chuté de 1 % au deuxième trimestre, l'incertitude commerciale ayant alimenté un ralentissement de la production manufacturière. La productivité a diminué au cours de six des huit derniers trimestres au Canada.
Lors d'une conversation sur scène après son discours, Mme Rogers a lancé l'hypothèse que des années de dépendance à la proximité des États-Unis pourraient avoir contribué à la crise de productivité au Canada.
Le pays s'était habitué à ce que la croissance économique soit alimentée par la demande américaine pour les ressources canadiennes et le libre-échange entre les alliés nord-américains, laissant la faible productivité s'envenimer sous la surface.
«Nous avons peut-être fait preuve d'un peu de complaisance et trop misé sur cette relation. Mais la réalité nous a rattrapés récemment de façon importante», a-t-elle déclaré.
La suppression des barrières commerciales interprovinciales est un premier pas vers la stimulation de la concurrence, mais Mme Rogers a déclaré que le Canada doit «voir plus grand que cela».
Mme Rogers a axé son discours sur le secteur bancaire, qui est qualifié à juste titre d'oligopole, selon elle – une industrie dominée par quelques acteurs principaux.
La suprématie des six grandes banques canadiennes a apporté de la stabilité au secteur financier, a-t-elle reconnu, et la rentabilité de leurs activités a rendu ces institutions moins susceptibles de prendre des risques majeurs avec l'argent des Canadiens.
Mais Mme Rogers a noté qu'il y a des compromis qui s’imposent lorsqu’on cherche à accroître la concurrence.
Plus les entreprises se font concurrence, plus elles s'efforceront d'innover, ce qui, selon Mme Rogers, fera baisser les prix pour les Canadiens tout en stimulant l'économie.
«Si nous facilitons la contestabilité, l’entrée de nouveaux acteurs et l’innovation dans notre secteur financier, il en découlera une concurrence bénéfique pour les consommateurs, la productivité et notre économie, a-t-elle déclaré. Nous devrions profiter de cet élan.»
Mme Rogers a souligné l'élaboration d'un système bancaire ouvert – un concept approuvé par Ottawa qui permet aux consommateurs de mieux contrôler leurs données financières, facilitant ainsi le changement de banque – comme une voie vers une concurrence accrue dans le secteur.
Un prochain plan visant à adopter un système de paiement en temps réel au Canada, qui permettrait aux petites entreprises d'éliminer les grandes banques comme intermédiaires dans leurs services, contribuerait également à stimuler la concurrence, a-t-elle ajouté.
Mme Rogers a déclaré que les décideurs politiques doivent trouver le juste équilibre entre une législation rigoureuse sur la concurrence, une réglementation adéquate et des mesures incitatives tant attendues pour stimuler la productivité. Elle a également soutenu, lors de la séance de questions et de réponses de jeudi, que la numérisation des actifs constituait le prochain horizon du secteur bancaire.
Mme Rogers a déclaré que le Canada devrait suivre l'exemple de l'Europe et des États-Unis en déposant un projet de loi visant à réglementer les cryptomonnaies stables – une forme de cryptomonnaie indexée sur la valeur d'un actif traditionnel, comme une monnaie fiduciaire, afin de lui conférer un certain degré de stabilité et de faciliter son utilisation dans les systèmes de paiement.
«Nous devons avoir notre propre cadre», a-t-elle affirmé.
La ministre de l'Industrie, Mélanie Joly, a déclaré, lors d'un discours prononcé la semaine dernière au Sommet canadien de la concurrence, que le gouvernement fédéral encouragerait vigoureusement la concurrence entre les entreprises afin de réduire le coût de la vie.
«Soyons clairs: ce gouvernement adoptera une position ferme en matière de concurrence», a-t-elle indiqué.