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Québec a perdu la moitié de la valeur de son investissement dans l’A220 d’Airbus, l’ancienne CSeries de Bombardier. Critiqué par le Parti québécois et Québec solidaire, le gouvernement défend son intervention.
Le gouvernement a réduit de 400 millions $ la valeur des quelque 800 millions $ qu’il a investis dans l’entreprise qui exploite une usine à Mirabel, a rapporté Radio-Canada plus tôt mercredi.
Malgré cette dépréciation, la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, a défendu l’investissement piloté par son prédécesseur, Pierre Fitzgibbon, en mêlée de presse à l’Assemblée nationale à Québec. «Il faut rappeler qu’il y a 3900 emplois qui sont liés à Airbus dans des créneaux d'avenir, bien rémunérés, a dit la ministre. C'est important que l'on garde notre positionnement dans ce domaine-là.»
Le gouvernement Legault estime que les contribuables en sortiront gagnants, malgré la perte de la valeur du programme. Il estime que les retombées de son intervention lui permettront de récolter 3,4 milliards $ en revenus fiscaux de 2023 à 2028, a précisé le cabinet de la ministre après la mêlée de presse.
Québec détient 25 % de la société en commandite d’Airbus qui produit les avions A220 à Mirabel. La multinationale française détient les 75 % restant. Le gouvernement devrait rester actionnaire jusqu’en 2035.
Contrairement aux autres industries qui se sont remis des perturbations de la chaîne d’approvisionnement à la suite de la pandémie, les problèmes se sont succédé dans l’industrie aéronautique.
Airbus peine à accélérer la cadence de production de ses appareils A220, construits à Mirabel dans les Laurentides. Elle connaît les mêmes difficultés avec d’autres programmes à l’étranger.
«Des problèmes spécifiques de la chaîne d’approvisionnement, notamment avec (le fournisseur) AeroSystems, exercent une pression sur l’accélération de la cadence», a expliqué le grand patron de la multinationale française, Guillaume Faury, à la fin du mois de juillet lors du dévoilement des plus récents résultats trimestriels.
Chez Airbus, on maintient, dans une déclaration écrite, que le programme de l’A220 devrait atteindre la rentabilité en 2026, alors que la société s’attend à une cadence de production de 14 appareils par mois.
Le fabricant devra doubler sa cadence d’ici là afin d’atteindre cette cible. À 54 appareils livrés depuis le mois d’août, Airbus a produit un peu plus de 6 appareils par mois, en moyenne, depuis le début de l’année. La société doit dévoiler ses chiffres pour septembre plus tard ce mercredi.
Malgré les vents contraires, l’entreprise a accru le rythme de production en 2024, avec 68 appareils en 2023 et 75 appareils en 2024. «La montée en cadence de production de l’A220 est visiblement en cours», a commenté une porte-parole de l’entreprise.
La perte estimée avoisine le 1,7 milliard $, en tenant compte de l’investissement de 1,3 milliard $ fait par le gouvernement Couillard dans la CSeries de Bombardier, devenue l’A220.
Le gouvernement Legault a, par la suite, réinjecté près de 800 millions $ dans Airbus Canada pour soutenir le développement de l’A220.
Une fois au gouvernement, le premier ministre François Legault a accusé à plusieurs reprises le gouvernement précédent d’avoir mal ficelé l’entente avec Bombardier.
Chez Québec solidaire, l’aide au programme de la CSeries et de l’A220 est une «catastrophe». «Des libéraux à la CAQ, ça fait dix ans que cette saga est en train de nous faire perdre de l'argent public», a déploré la porte-parole en matière d’économie, Alejandra Zaga Mendez, en conférence de presse à l’Assemblée nationale.
«Ça suffit de donner de l’argent comme ça aux multinationales, sans garantie, sans condition, mais surtout sans transparence», a-t-elle enchaîné.
Au Parti québécois, le député Pascal Bérubé a critiqué le bilan économique du gouvernement Legault. «Collectivement, on va payer beaucoup d'argent, a-t-il dénoncé. J'invite les citoyens à porter attention à ça lorsqu'ils (la CAQ) vont s'autoproclamer comme le parti de l'économie.»
Le chef du Parti libéral, Pablo Rodriguez, s’est gardé de critiquer l’investissement du gouvernement Legault dans Airbus.
«C’est beaucoup de sous, a-t-il reconnu. En même temps, le secteur de l'aérospatiale, c’est un secteur névralgique au Québec.
«Il y a une différence, par exemple, (entre) des investissements comme Airbus ou Northvolt, a-t-il nuancé. Il y a eu une entreprise qui existe vraiment (Airbus), qui a fait ses preuves (contrairement à Northvolt qui a fait faillite avant que l’usine ne sorte de terre).»