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Un jury a conclu que la police avait utilisé une force excessive à l'endroit de manifestants, violant leurs droits constitutionnels, lors de manifestations à Denver contre le meurtre de George Floyd il y a deux ans.
La Ville devra verser un total de 14 millions de dollars en dommages et intérêts aux 12 plaignants d'une poursuite judiciaire.
Le jury, composé de deux hommes et six femmes, en grande partie blancs et originaires du Colorado, a rendu son verdict après environ quatre heures de délibérations. La décision est survenue à la suite de trois semaines de témoignages et de preuves comprenant des vidéos d'incidents impliquant des policiers et des manifestants.
Les avocats dans ce dossier croient qu'il s'agissait du premier procès d'un recours contestant les tactiques d'agents lors des manifestations de 2020 qui ont éclaté partout aux États-Unis à la suite du meurtre de GeorgeFloyd et d'autres Noirs par la police.
Les manifestants ayant intenté la poursuite ont notamment été atteints par du gaz poivré ou un sac en kevlar rempli de grenaille de plomb tirée d'une arme.
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Zach Packard obtiendra le plus gros montant en dommages, soit trois millions de dollars. Il avait été touché à la tête par un projectile et s'était retrouvé aux soins intensifs.
L'un des avocats des manifestants, Timothy Macdonald, avait exhorté les jurés à envoyer un message à la police de Denver et en déclarant la Ville responsable lors des plaidoiries finales.
«Espérons que ce que les services de police en retireront, c'est qu'un jury de citoyens ordinaires prend ces droits très au sérieux», a-t-il commenté après le verdict.
Les manifestants ont soutenu que les gestes de la police violaient leurs droits à la liberté d'expression et d'être protégés contre une force déraisonnable. Les jurés ont constaté des violations de ces droits pour 11 des manifestants et uniquement des violations de la liberté d'expression pour l'autre.
Les manifestants ont affirmé que Denver était responsable des actions de la police par le biais de ses politiques, notamment en donnant aux agents un large pouvoir discrétionnaire dans l'utilisation de ce que la police appelle des moyens « moins fatals », en ne prenant pas en charge la formation et en ne les obligeant pas à utiliser leurs caméras portatives pendant les manifestations pour dissuader l'usage au hasard de la force.
Au cours du procès, Denver a admis que des erreurs avaient été commises lors des manifestations, qui, selon elle, étaient sans précédent par leur ampleur, leur durée et leur degré de violence et de destruction.
Plus de 80 policiers ont été blessés alors que les manifestants leur lançaient des pierres, des bouteilles d'eau et de la nourriture en conserve. Le Capitole de l'État, le centre des manifestations, a subi des dommages de 1,1 million de dollars, selon la Ville. Les avocats des poursuivants ont souligné qu'ils n'étaient pas eux-mêmes accusés d'être violents.
L'une des avocates de Denver, Lindsay Jordan, a déclaré aux jurés que la Ville avait prévu une importante formation au contrôle des foules au printemps 2020 en raison de la prochaine élection présidentielle, mais qu'elle a été annulée à cause de la pandémie.
Elle a souligné que les erreurs commises par les agents lors des manifestations ne sont pas automatiquement assimilées à des violations constitutionnelles, notant que des milliers de personnes sont revenues pour exercer leur droit à la liberté d'expression, malgré la force utilisée par la police au cours des cinq jours de mobilisation.
«La violence et la destruction qui se sont produites autour de la communauté ont nécessité une intervention», a-t-elle fait valoir.
Cinq policiers de Denver ont été sanctionnés pour leurs gestes lors des manifestations, selon le département. Un autre agent, qui était nouveau et toujours en probation, a été congédié pendant les manifestations après avoir publié une photo de lui-même et d'autres vêtus d'un équipement tactique sur les réseaux sociaux avec le commentaire «Commençons une émeute».
Les réactions agressives des policiers face aux manifestants contre la brutalité policière à l'échelle nationale ont conduit à des règlements financiers, au départ de chefs de police et à des accusations criminelles.
À Austin, au Texas, les autorités ont accepté de verser plus de 13 millions de dollars aux personnes blessées lors des manifestations en mai 2020. De plus, 19 policiers ont été inculpés pour leurs actions contre les manifestants. Le mois dernier, deux policiers de Dallas accusés d'avoir blessé des manifestants après avoir tiré des munitions moins létales ont été inculpés.
Cependant, en 2021, un juge fédéral a rejeté la plupart des plaintes déposées par des militants et des groupes de défense des libertés civiles concernant l'expulsion forcée de manifestants par la police avant que le président de l'époque, Donald Trump, ne se rende dans une église près de la Maison-Blanche pour une séance photo.