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Les prévisions météorologiques favorables redonnent espoir aux stations de ski

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Des skieurs à la station de ski Lake Louise, en Alberta, le samedi 24 novembre 2018. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh Des skieurs à la station de ski Lake Louise, en Alberta, le samedi 24 novembre 2018. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh (Jeff McIntosh)

MONTRÉAL — Kendra Scurfield voit tout blanc, de la base au sommet.

«C’est un véritable paradis hivernal ici», affirme la vice-présidente de Banff Sunshine Village, s’exprimant depuis le pavillon principal de la station de ski à la fin du mois dernier.

«En me rendant à la montagne, j’ai croisé quelques jeunes de 20 ans qui descendaient la rue à ski pour se rendre à l’arrêt de bus.»

Grâce à des chutes de neige hâtives, la station des Rocheuses a connu son ouverture saisonnière la plus précoce depuis plus de 40 ans, mettant en service ses remontées mécaniques et ses dameuses le 2 novembre. Whistler Blackcomb en Colombie-Britannique, Lake Louise en Alberta, Mont-Tremblant et Saint-Sauveur au Québec ont également ouvert leurs portes.

Les exploitants de stations de ski se préparent à une année enneigée sur les pistes, avec des prévisions météorologiques favorables et une demande des consommateurs au rendez-vous malgré le réchauffement climatique et les préoccupations liées au coût de la vie.

Selon Doug Gillham, météorologue chez MétéoMédia, qui a publié ses prévisions saisonnières la semaine dernière, des vagues d’air arctique glacial pourraient faire chuter le mercure en décembre et annoncer l’arrivée d’un «hiver canadien plus traditionnel».

La plupart des régions du Canada devraient connaître des températures proches ou inférieures à la normale ainsi que des précipitations et des chutes de neige proches ou supérieures à la normale, selon les prévisions du réseau pour décembre, janvier et février.

Dans les Cantons-de-l’Est, au Québec, le mont Sutton a déjà accumulé plus de 60 centimètres de neige. «C’est vraiment exceptionnel», souligne la porte-parole Lydia Lyonnais.

Les ventes d’abonnements saisonniers ont augmenté de 10 % par rapport à la même période l’année dernière, tandis que les locations d’équipement ont grimpé de 39 %, ajoute-t-elle.

Dans toutes les régions, la demande semble aussi solide qu’une planche à neige.

«L’engouement est toujours aussi fort, constate Paul Pinchbeck, président et chef de la direction du Conseil canadien du ski. Nous sommes donc très optimistes.»

Le marché intérieur croît de 1 à 2 % par an, «ce qui n’est pas énorme», mais reste satisfaisant par rapport à de nombreux autres marchés, précise-t-il.

Une partie de la forte augmentation des réservations cette année s’explique par le fait que les Canadiens continuent de bouder les États-Unis en raison de la guerre tarifaire et du taux de change élevé (le dollar canadien vaut environ 71 cents américains).

«Nous avons vu des gens qui auraient normalement choisi d’aller aux États-Unis opter pour le Canada ou rester au Canada», témoigne Mme Scurfield, dont la famille est propriétaire de Sunshine Village depuis 1981.

Par ailleurs, le nombre de skieurs venus du sud n’a pas diminué, tandis que ceux venus d’outre-mer, notamment d’Australie, d’Allemagne et du Royaume-Uni, sont plus nombreux, selon le Conseil canadien du ski. La même reprise s’est produite après l’élection du président américain Donald Trump lors de son premier mandat en 2016, rappelle M. Pinchbeck.

«Un sport coûteux»

Cependant, l’augmentation du coût de la vie signifie que les hausses de prix au cours des cinq dernières années pourraient dissuader certains skieurs et en exclure d’autres complètement.

Un forfait de ski d’une journée à Whistler Blackcomb peut coûter jusqu’à 300 $. Il coûte environ 200 $ lorsqu’il est acheté sur place à Panorama Mountain Resort en haute saison. Dans la région de Charlevoix, au Québec, le Massif facture jusqu’à 170 $. Un forfait saisonnier peut facilement dépasser les 1000 $.

«C’est certainement un sport coûteux», affirme Catherine Lacasse, porte-parole de Mont-Tremblant dans les Laurentides, au Québec.

Des tarifs plus avantageux sur les billets, les forfaits saisonniers et l’hébergement sont disponibles à l’automne, ou parfois en payant la veille.

Il y a ensuite la perception plus large du ski comme étant l’apanage de certaines catégories de population.

«Dans le passé, nous avons été décrits à juste titre comme un sport principalement masculin et principalement blanc», explique M. Pinchbeck.

«Je suis heureux de dire que cela est en train de changer», en particulier dans les stations situées à proximité des grandes villes. Environ un quart des skieurs de l’Ontario sont issus d’«origines diverses», précise-t-il.

En général, les générations plus âgées ont tendance à compter davantage de skieurs assidus, tandis que les jeunes skieurs fréquentent moins souvent les pistes chaque année, ajoute-t-il.

«Les gens ont plus de choses à faire, comprend M. Pinchbeck. Les goûts des générations changent. (…) Nous avons besoin de quelques millénariaux supplémentaires pour chaque baby-boomer ou membre de la génération X qui part.»

Cela s’explique également par le fait que les baby-boomers et la génération X dépensent plus par visite que leurs enfants moins aisés, indique Mme Scurfield.

Multistations, multisaisons

Pour fidéliser leur clientèle et s’assurer des revenus prévisibles, les stations de ski se tournent de plus en plus vers les forfaits saisonniers et multistations. Certaines stations tirent environ la moitié de leurs revenus des forfaits saisonniers, selon M. Pinchbeck. Mais il existe une autre voie vers la rentabilité, hors des pistes et hors saison.

«Les stratégies les plus importantes que j’ai vues mises en œuvre au cours des 15 à 20 dernières années ont été l’essor des domaines skiables multisaisonniers», souligne-t-il.

À Collingwood, en Ontario, la station Blue Mountain Resort a transformé son offre, qui était principalement axée sur le ski et le golf, en un vaste éventail de restaurants, de bars, de magasins de vêtements, une patinoire au sommet de la montagne, un parcours dans les arbres et une luge sur rail, le tout ancré dans un village commercial de style suisse.

«Tout le monde ne veut pas skier huit heures par jour», explique Tara Lovell, directrice à Blue Mountain.

«Si vous essayez pour la première fois, vous n’allez probablement pas passer toute la journée dehors et vous voudrez vivre une expérience qui vous donnera envie de revenir, en profitant de l’après-ski ou en vous détendant dans une baignoire à remous après avoir sollicité des muscles que vous n’avez peut-être jamais utilisés auparavant.»

Tout n’est pas que plaisir et flocons de neige. Les montagnes équipées de canons à neige — Blue Mountain en compte près de 1000 — restent à la merci de Dame Nature.

Revelstoke a indiqué dans un courriel la semaine dernière qu’elle «mettait en pause» son ouverture prévue le 29 novembre en raison des faibles chutes de neige en début de saison.

«C’est ce qui est délicat avec le ski. On dépend tellement de la météo. On ne sait jamais vraiment quand et comment la neige va tomber», explique Mme Lyonnais.

«On ne peut qu’espérer que tout se passe bien.»

Christopher Reynolds, La Presse Canadienne