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Les débats des chefs fédéraux ont connu des «déficiences», admet son organisateur

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Michel Cormier, directeur général de la Commission des débats des chefs, annonce l'annulation des questions aux candidats après le débat des chefs en anglais, à Montréal, le jeudi 17 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Peter McCabe Michel Cormier, directeur général de la Commission des débats des chefs, annonce l'annulation des questions aux candidats après le débat des chefs en anglais, à Montréal, le jeudi 17 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Peter McCabe (Peter McCabe/Peter McCabe | La Presse canadienne)

La commission des débats des chefs fédéraux recommande d’être déchargée de la responsabilité d’organiser les points de presse d’après-débat et de revoir certains critères de participation des chefs afin d’éviter les problèmes rencontrés en avril dernier. 

Le directeur général et commissaire aux débats intérimaire de la Commission des débats des chefs, Michel Cormier, a admis jeudi que les exercices qui ont eu lieu en français et en anglais lors des dernières élections fédérales ont connu des «déficiences». 

Il était de passage devant un comité parlementaire à Ottawa, où il a été question de son rapport portant sur les joutes oratoires tenues les 16 et 17 avril et contenant des recommandations pour son éventuel successeur. 

La députée bloquiste, Christine Normandin, lui a souligné que ces deux événements ont connu des changements de dernière minute: exclusion du chef des verts, le débat en français devancé de deux heures en raison d’un match en séries du Canadien de Montréal ainsi qu’un «cafouillage» et l’annulation des mêlées de presse après le débat en anglais. 

Elle a également soulevé des «communications déficientes» avec les partis politiques et des enjeux de sécurité. 

«J’admets volontiers qu’il y a eu des déficiences, a répondu M. Cormier. Et maintenant, notre désir, c’est de vraiment remédier à ces problèmes. C’est sûr qu’il y a eu une tempête parfaite sur les trois éléments que vous avez évoqués.»

Dans son rapport, il estime que la commission «ne devrait pas être responsable de l’organisation des conférences de presse avec les chefs tenues après les débats ni fournir les lieux à cette fin». 

La commission pourrait toutefois «continuer à assurer l’accréditation sur place» et «leur fournir des espaces de travail et des installations pour les diffusions en direct», lit-on dans le rapport.

D’après ce dernier, «les partis peuvent organiser leurs propres conférences de presse dans un autre lieu, s’ils le souhaitent».

Interpellé sur les conséquences d’une telle décision pour l’intérêt public, M. Cormier a soutenu qu’après discussions avec des experts et des associations de journalistes, il s’agissait de «la meilleure façon» pour éviter les «dérapages». 

«On n’est pas certain qu’on puisse garantir un climat suffisamment serein, si on veut, pour les chefs de parti», a-t-il affirmé. 

Le commissaire par intérim n’y voit pas un risque de «déficit démocratique». «Les journalistes ont l’occasion de parler aux chefs de parti tous les jours en conférence de presse, ceux qui suivent les chefs. On se dit que c’est simplement ce modus-là qui prend le dessus, une fois que les débats sont terminés», a dit M. Cormier.  

Des tensions avaient éclaté dans la salle de presse en lien avec la présence de représentants de médias alternatifs de droite à l’occasion du débat en anglais, ce qui avait mené M. Cormier a annoncé à la dernière minute l’annulation des mêlées de presse. 

«La dernière chose que je voulais faire, c’était d’annuler les points de presse. Mais l’environnement était devenu beaucoup trop perturbé pour permettre à ces points de presse d’avoir lieu», a témoigné M. Cormier, jeudi. 

Revoir des critères de participation

L’exclusion au dernier moment de l’ex-cochef du Parti vert du Canada, Jonathan Pedneault, des deux débats avait aussi fait grand bruit durant la campagne électorale fédérale. 

Après avoir accepté sa présence deux semaines auparavant, la commission s’était ravisée. Elle soutenait que le parti ne respectait finalement pas deux des trois critères établis pour obtenir l’invitation.

Le problème se situait dans le nombre de candidatures, qui étaient inférieures au seuil nécessaire. Les verts avaient fourni une liste montrant que la formation politique avait des candidats endossés dans 90 % des circonscriptions. Or, ce critère n’était plus respecté au moment où Élections Canada a publié sa liste finale de candidats confirmés. 

La Commission des débats des chefs propose que la date de détermination du critère passe de 28 à 19 jours avant le jour du scrutin. Cet échéancier concorderait donc avec la date à laquelle Élections Canada publie sa liste finale. 

La commission suggère une modification similaire pour le critère exigeant que le parti récolte un soutien national d’au moins 4 %, dans les intentions de vote, selon la moyenne des derniers résultats publiés par les firmes de sondage. 

Bien qu’une telle échéance pourrait se rapprocher de la date des débats, M. Cormier a dit devant les députés qu’«une semaine était quand même suffisante» en vue de la préparation de ces événements télévisés. 

M. Cormier estime que, malgré les difficultés, «ce que les gens ont vu à la télévision» constitue un «très grand succès». Selon la commission, les deux débats ont été plus suivis que ceux de 2021 et 2019, avec plus de 19 millions de Canadiens au rendez-vous. 

M. Cormier demeure en poste par intérim jusqu’à la nomination d’un prochain commissaire. 

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste