Le cessez-le-feu à Gaza a atteint un «moment critique» alors que sa première phase touche à sa fin, a déclaré samedi le premier ministre du Qatar.
Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani a indiqué, lors d’une conférence dans la capitale qatarienne, que les médiateurs internationaux s’efforçaient de «forcer la voie» vers la deuxième phase afin de consolider l’accord.
«Ce que nous venons de faire n’est qu’une pause, a-t-il dit. Nous ne pouvons pas encore considérer cela comme un cessez-le-feu.»
Il a ajouté qu’un cessez-le-feu ne pouvait pas considéré comme étant un succès si les forces israéliennes ne se retiraient pas complètement de Gaza, si la stabilité n’était pas établie et si les gens ne pouvaient pas entrer et sortir librement de la région. Ce n’est pas encore le cas, a-t-il déploré.
Si le cessez-le-feu a mis fin aux combats intenses de cette guerre qui dure depuis deux ans, les responsables sanitaires de Gaza affirment que plus de 360 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis son entrée en vigueur, le 10 octobre.
Dans le cadre de nouvelles violences, deux Palestiniens ont été tués lors d’une frappe aérienne israélienne au nord-ouest de la ville de Gaza, a déclaré l’hôpital Shifa.
L’armée israélienne a déclaré ne pas avoir connaissance d’une frappe aérienne à cet endroit. Elle a toutefois indiqué que samedi, des soldats israéliens avaient tué trois Palestiniens qui avaient franchi la «ligne jaune» pour pénétrer dans la partie nord de Gaza contrôlée par Israël et qui « représentaient une menace immédiate ».
L’armée israélienne a déclaré avoir mené plusieurs attaques contre des Palestiniens qui avaient franchi la ligne de cessez-le-feu.
La deuxième phase
Dans le cadre de la première phase du plan de paix en 20 points du président américain Donald Trump, les combats ont cessé et des dizaines d’otages détenus à Gaza ont été échangés contre des centaines de Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. Israël a envoyé une délégation en Égypte la semaine dernière pour discuter du retour de la dépouille du dernier otage.
La phase suivante n’a pas encore commencé. Elle prévoit le déploiement d’une force de sécurité internationale à Gaza, la formation d’un nouveau gouvernement technocratique pour le territoire, le désarmement du Hamas et le retrait éventuel des forces israéliennes.
Des responsables arabes et occidentaux ont déclaré vendredi à l’Associated Press qu’un organisme international chargé de superviser le cessez-le-feu, qui sera dirigé par Donald Trump lui-même, devrait être créé d’ici la fin de l’année. À long terme, le plan prévoit également une éventuelle «voie» vers l’indépendance palestinienne.
Le premier ministre du Qatar a déclaré que même la prochaine phase devrait être «temporaire». La paix dans la région ne pourrait être rétablie qu’avec la création éventuelle d’un État palestinien, ce à quoi s’oppose le gouvernement israélien, partisan de la ligne dure.
«Si nous nous contentons de résoudre ce qui s’est passé à Gaza, la catastrophe qui s’est produite au cours des deux dernières années, cela ne suffit pas, a-t-il maintenu. Il y a une cause profonde à ce conflit. Et ce conflit ne concerne pas seulement Gaza. Il s’agit de Gaza. Il s’agit de la Cisjordanie. Il s’agit des droits des Palestiniens à leur propre État. Nous espérons pouvoir travailler avec l’administration américaine pour concrétiser cette vision à terme.»
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a dit que des questions demeuraient sans réponse au sujet de la force de sécurité internationale pour Gaza. S’exprimant lors de la conférence, il a déclaré qu’il n’était pas clair quels pays y participeraient, quelle serait la structure de commandement et quelle serait sa «mission première».
La Turquie est l’un des garants du cessez-le-feu, mais Israël, qui entretient des relations difficiles avec le gouvernement d’Ankara, a rejeté toute participation turque à cette force.
«Des milliers de détails et de questions restent en suspens, a souligné M. Fidan. Une fois que nous aurons déployé la force internationale de sécurité, le reste suivra.»
Samy Magdy et Josef Federman, The Associated Press
