Début du contenu principal.
Soirée d’élection partielle dans Marie-Victorin. Cette circonscription, château-fort du Parti Québécois depuis sa création en 1985, a changé de camp et sera maintenant représenté par Shirley Dorismond, 76e députée caquiste à l’Assemblée nationale.
Cette élection, tenue à 6 mois d’une élection générale, fut sans contredit une répétition générale qui nous donne des indicateurs intéressants sur l’humeur de l’électorat actuellement. C’est aussi une occasion pour tous les partis de confirmer leurs positions ou de se questionner en vue du scrutin du mois d’octobre.
Malgré l’historique péquiste du comté, on a senti que toutes les illusions étaient possibles pour la Coalition avenir Québec dans ce comté de la Rive-Sud, et ce depuis l’annonce de l’élection partielle
La popularité du parti dans l’électorat francophone donnait des indications claires sur les fortes chances pour le parti au pouvoir de conquérir ce bastion souverainiste. Pour ce faire, une candidate du milieu syndical, qui avait ouvertement critiqué le gouvernement pendant la pandémie, mais qui a choisi de se rallier dans le but de représenter au gouvernement le comté dans lequel elle est née.
À lire également :
La victoire de la coalition est un grand soulagement pour les organisateurs du parti puisqu’ils ont clairement réussi à transformer l’appui populaire des dernières années en votes dans une circonscription principalement francophone, et ce dans un contexte difficile.
En effet, plusieurs analystes surveillaient avec attention l’effet sur l’électorat de la fatigue pandémique et des récentes révélations sur la gestion catastrophique de la pandémie au CHSLD Herron. Il n’en a rien été.
Une victoire qui permet à la CAQ de respirer et d’envisager avec beaucoup d’optimisme l’élection générale. La CAQ peut littéralement espérer l’emporter dans tous les comtés francophones au Québec et viser une majorité écrasante lors du scrutin de l’automne.
Malgré la défaite, le discours du chef du Parti Québécois était très digne et positif. En effet, les chiffres peuvent donner l’impression d’une belle bataille de la part du PQ qui a conservé approximativement le même pourcentage de votes qu’à l’élection de 2018 avec 30 %.
Cependant, si l’on regarde les résultats des scrutins depuis 2012, le PQ est passé de 47 % des votes à 30 % en 10 ans. L’hémorragie est peut-être stoppée, mais si le PQ ne peut conserver un bastion aussi fort que Marie-Victorin, dans une partielle durant laquelle ils ont pu concentrer leurs énergies et leurs moyens sur un seul comté, que peut-il espérer dans les autres comtés ?
Le Parti Québécois a maintenant 7 député(e)s et ne peut compter que sur la popularité personnelle de ses élus pour les conserver. Le chef devra renouveler son discours pour tenter de mobiliser le vote.
On n’espérait pas vraiment une victoire dans les rangs de Québec solidaire ce soir. Cependant, dans les rangs solidaires, on ne peut ignorer le fait que l’on a perdu environ 7 points de pourcentage en comparaison au score de 22 % obtenu par le parti en 2018.
Maintenant, les questions seront nombreuses dans les bureaux solidaires. Est-ce qu’il y’a des solidaires qui ont quitté vers la Coalition ou vers le Parti conservateur du Québec ? Est-ce qu’ils sont restés chez eux ? Les analystes le diront, mais QS a besoin d’affaiblir le PQ s’ils veulent aspirer à l’opposition officielle. Il existe une base de vote souverainiste dont QS a besoin de faire le plein de votes et dépasser les libéraux.
15 % était le pourcentage de votes des libéraux à l’élection de 2018. 6 % à celle-ci. La défaite des libéraux est, selon moi, celle qui s'avère la plus dure et la plus inquiétante de cette élection. Quelques mois après un virage à gauche qui provoque de nombreuses interrogations à l’interne, le PLQ ne semble plus trouver la façon d’intéresser les Québécoises et les Québécois à leur parti. Les francophones ont abandonné le parti et ne se reconnaissent pas dans le discours de leur cheffe.
Dominique Anglade ne bougera pas de son poste, car il est quasiment impossible de changer de chef à 6 mois d’une élection, mais elle doit trouver une zone de confiance avec les Québécois. Le discours doit être revu et ajusté rapidement, car tout porte à croire que le PLQ vivra sa pire élection à vie.
La seule vraie victoire « morale » est celle des conservateurs du Québec. Après être passés de 0,7 % en 2018 à plus de 10 % et une quatrième place en 2022, les conservateurs peuvent envisager l’élection générale avec le sourire et beaucoup d’espoir.
Rien n’est joué, car le P.C.Q. devra réunir une équipe et un programme adéquat, mais si les chiffres se confirment, la P.C.Q. peut remplacer le PLQ dans le cœur des francophones et aspirer à une véritable représentation à l’Assemblée nationale.
En conclusion, le tour de chauffe maintenant complété, les partis retourneront au puits faire les derniers ajustements. Une conclusion est certaine. La CAQ à un boulevard devant lui pour être réélu et la composition des oppositions à toutes les chances d’être très différente de celle que l’on est habitué à connaître.