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Justin Trudeau ne pourra pas tolérer qu’un député libéral vote contre son parti.
Depuis plusieurs semaines, nous sommes témoins d’une chicane entre plusieurs députés libéraux sur le projet de loi C-13 qui vient moderniser la loi sur les langues officielles. L’intégration de la Charte de la langue française dans le projet de loi et l’application de celle-ci aux entreprises de compétence fédérale sont les principaux éléments de discorde.
Trois députés se sont démarqués dans leur opposition au projet de loi, soit la députée fédérale de Saint-Laurent, Emmanuella Lambropoulos, le député de Mont-Royal, Anthony Housefather et le député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Marc Garneau.
Mme Lambropoulos semble minimiser depuis longtemps le recul du français au Québec, et ce, malgré le consensus de l’Assemblée nationale et de nombreux politiciens fédéraux à ce sujet. Pendant l’étude du projet de loi fédéral, elle en a ajouté une couche en soutenant la théorie complètement fausse que la loi 96 empêchait les anglophones d’avoir des services dans leur langue à l’hôpital. Pourtant, elle sait très bien que c’est faux et que la loi actuelle assure que les services de santé puissent être prodigués dans la langue officielle choisie par le patient.
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De son côté, Marc Garneau écrivait sur son site web mercredi qu’en cas de conflit entre la loi fédérale et la loi provinciale, cette dernière l’emporterait. Encore une fois, une information tout à fait fausse puisque cette proposition du bloc a été jugée irrecevable et a été rejetée par les députés.
Finalement, Anthony Housefather indique que le fait de reconnaître la Charte de la langue française dans la loi fédérale en la mentionnant pourrait diminuer les droits des anglophones au Québec. Il accuse les oppositions de dénaturer le projet de loi en le modifiant. Pourtant, plusieurs mentions faisaient partie de la version initiale déposée par la ministre des Langues officielles.
La plupart des spécialistes sur la question ont répété à plusieurs reprises que les affirmations des députés sont fausses.
Ils ont le droit d’avoir des positions, mais leur fâcheuse tendance à déformer la vérité et à donner une information erronée au public quand on parle de langue française est inacceptable et indigne d’un élu dans n’importe quel parlement.
La plupart des spécialistes sur la question ont répété à plusieurs reprises que les affirmations des députés sont fausses. Ils ont le droit d’avoir des positions, mais leur fâcheuse tendance à déformer la vérité et à donner une information erronée au public quand on parle de langue française est inacceptable et indigne d’un élu dans n’importe quel parlement.
Hier, coup de théâtre supplémentaire. Le ministre Marc Miller, député de Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs a réitéré les inquiétudes (injustifiées) de ses collègues sur le projet de loi et a indiqué qu’il se réservait le droit de s’opposer à celui-ci. Le problème c’est qu’un ministre doit absolument voter selon la ligne du parti et doit être solidaire de sa collègue qui porte le projet de loi. Même s’il accuse l’opposition d’être fautive, son opposition serait une véritable claque au visage de ses collègues qui appuient le projet de loi, qui sont d’ailleurs majoritaires au caucus libéral, et risque de créer des remous au sein même du Conseil des ministres. On a vu des ministres démissionner ou être invités à démissionner pour moins que ça.
Que ce soit pour un ministre qui doit être solidaire de ses collègues ou pour les députés qui ont pourtant l’obligation de suivre la ligne de parti quand un vote concerne un sujet qui est une promesse électorale, le premier ministre ne pourra pas tolérer qu’un député libéral vote contre son parti selon moi. Cette réforme de la loi sur les langues officielles est promise depuis deux élections par les libéraux et il ne pourra y avoir de troisième fois. Il a donc l’obligation de la faire adopter et de respecter le statut minoritaire de son gouvernement en acceptant les amendements de l’opposition. Ceux qui ne seront pas capables d’accepter devront soit attraper une grippe pour ne pas être en chambre lors du vote ou penser à leur prochain défi professionnel.
Comme le député ontarien Francis Drouin l’a dit, le show de boucane devra cesser. Cependant, quel que soit le résultat final, les libéraux se seraient bien passés d’une chicane de famille à quelques mois d’une élection. La division est souvent symbole de fin de règne, mais là-dessus, ce sera aux citoyens d’en juger.