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Hier soir, à la fin d’un marathon de 36 jours, les chefs de parti ont reçu leur bulletin final. J’avais donc envie de partager avec vous quelques observations sur les résultats et sur les prochaines étapes à venir pour les différents partis.
Le résultat est sans équivoque pour le premier ministre. Malgré les embûches, les déclarations maladroites et une campagne qui n’était pas la meilleure, il a tout de même réussi à obtenir plus de 40 % du vote populaire, la plus grande députation depuis Robert Bourassa de 89 à 94 et une représentations dans toutes les régions du Québec même s’il peut être légèrement déçu du résultat à Montréal.
Le premier ministre peut remercier ses organisateurs et sa machine électorale pour avoir certainement joué un rôle important dans la sortie du vote. Il y a une « machine » caquiste au Québec qui, sous la gouverne de l’organisatrice en chef de la Coalition avenir Québec, Brigitte Legault, a démontré sa capacité à mobiliser lors de toutes les élections depuis 2017.
Mais il doit surtout dire merci aux Québécoises et Québécois qui n’ont jamais eu de volonté de changement et qui lui ont redonné un mandat clair notamment pour sa gestion de la pandémie et sa vision.
D’ailleurs, quelle différence entre le ton du chef en campagne et celui du premier ministre élu ! Lors du discours d’hier soir, nous avons retrouvé un ton beaucoup plus posé, ouvert et « premier ministériel ». Une bonne nouvelle pour le fonctionnement de l’Assemblée nationale.
Pour les trois chefs de l’opposition, les discours qu’ils ont prononcés avaient tous des airs de victoire, mais les prochains jours seront probablement plus difficiles alors que la réalité risque de frapper de plein fouet.
On ne peut passer sous silence le fait que GND se retrouve avec presque le même nombre de députés qu’au début de la campagne. En plus, sa candidate a perdu dans Rouyn-Noranda et on n’a jamais eu l’impression qu’il était dans des courses serrées dans les comtés hors Montréal. Il a fait une excellente campagne, mais il devra trouver une façon de convaincre les électeurs plus au centre dans les 4 prochaines années et ceux à l’extérieur de la métropole. Sinon, il est condamné à l’opposition.
Mme Anglade a certainement sauvé les meubles quand on regarde son début de campagne catastrophique, le manque d’organisation et les inquiétudes qu’il y avait dans des comtés historiquement libéraux. Elle aura sauvé les meubles grâce à une authenticité et à une énergie qui l’honore.
Cependant, elle ne pourra pas repousser longtemps la principale question, à savoir est-ce qu’elle pourra reconquérir le coeur des francophones et est-ce que son virage plus progressiste peut tenir à long terme dans un parti qui s’est toujours fait élire à droite, dans un Québec dont la gauche et le centre sont déjà très congestionnés ? Je vous rappelle qu’elle aura à subir un vote de confiance en 2023.
Avec trois députés, la soirée d’hier aurait pu avoir l’air d’une grande défaite pour PSPP. Cependant, sa victoire surprise dans Camille-Laurin a donné une grande dose d’optimisme au Parti Québécois. Au-delà de la victoire morale d’avoir été celui qui a eu la « meilleure campagne », le point marquant pour moi c’est qu’il incarne l’opposition dont le vote est le mieux réparti à travers le Québec. Ça donne un résultat difficile à avaler en termes de vote, mais une belle légitimité pour ses futures interventions à l’Assemblée nationale.
Maintenant, son défi sera de convaincre plus d’électeurs de la pertinence de l’option référendaire, car ses adversaires se feront un devoir de ressortir l’épouvantail du troisième référendum si sa popularité continue à monter.
Je ne me souviens pas d’avoir vu un parti passer de 1,5 % à 13 % du vote en 4 ans ou même en 1 an et demi si on regarde les sondages. C’est la grande réalisation d’Éric Duhaime et il pouvait donc hier prononcer un discours victorieux, quel que soit le nombre de députés qu’il faisait élire.
Maintenant, il reste un goût amer à cette soirée, car son parti ne sera pas représenté à l’Assemblée nationale et, ainsi, il n’aura pas les mêmes occasions de faire valoir ses positions. Avec une subvention publique de près de 1 million de dollars par année, il pourra se professionnaliser. C’est-à-dire de développer une structure organisationnelle, améliorer ses communications et développer des façons innovantes de participer au débat politique à l’extérieur de l’Assemblée.
D’ailleurs, si j’étais lui, je demanderais un changement des règles en place pour lui permettre de faire des points de presse à l’Assemblée. Ça donnerait une première décision difficile à ses adversaires.
Êtes-vous prêts pour les 4 prochaines années ? Une chose est sûre, ce sera tout sauf plate.